Clochemerle sur seine

Ce n’est pas un urinoir, mais un vertiport. Pas une pissotière mais une barge. A chaque époque ses rêves… ou ses cauchemars. En 1934, à Clochemerle, c’est une vespasienne a qui enflammé les esprits et amusé la France entière… et même au-delà. 90 ans plus tard, sans le succès des Jeux Olympiques et Paralympiques, c’est un eVTOL qui aurait pu faire sombrer Paris dans le ridicule.

Comme dans le petit village du Beaujolais autrefois, en Île-de-France, les rebondissements n’ont pas manqué depuis que le projet d’une desserte des sites olympiques en taxis volants électriques a été lancé fin 2019. A l’approche de Noël, il ne serait pas charitable d’en établir l’inventaire. Concentrons-nous sur la dernière péripétie qui a elle seule met en relief l’inconséquence qui aura entouré cette affaire, de bout en bout,  jusqu’à son dénouement pitoyable.

Pas plus tard que le 18 décembre 2024, le Conseil d’État a annulé un arrêté ministériel autorisant la création d’une base de décollage et d’atterrissage de taxis volants électriques sur la Seine, à Paris. Pour mémoire, c’est ce même Conseil d’État qui avait donné son feu vert provisoire, l’avant-veille de l’ouverture des JO. Entre temps, la barge du quai d’Austerlitz qui aurait dû faire fonction de vertiport olympique a été démontée, dans la plus grande discrétion. La procédure administrative étant enclenchée, il fallait la mener à son terme.

Fort heureusement, avec le sens du timing qui lui est propre, le Conseil d’Etat s’est prononcé, le 18 décembre, avant l’échéance finale de l’expérimentation fixée au 31. Tout cela s’est joué, une nouvelle fois, à quelques jours près. Dans l’indifférence générale. Les Français en ont vu d’autres… Et dire que les fabricants de taxis volants pensent que tout tourne autour d’un problème de batteries électriques.

Que vous soyez pour ou contre les taxis volants, lisez (ou relisez) « Clochemerle » de Gabriel Chevallier. Mieux vaut en rire.