Aux USA comme en Europe, les professionnels de l’aéronautique, tentent de garder le cap malgré l’ouragan Trump. La semaine dernière, à Dallas, au salon des voilures tournantes ils ont fait preuve d’un sang froid remarquable. Airbus Helicopters a raflé 118 commandes dont 63 fermes. 74 intentions d’achat pour le seul H140, le nouveau modèle léger dévoilé au salon Verticon. Leonardo a fait état de près de 30 commandes pour une valeur totale estimée à 370 millions d’euros.
Le relèvement musclé des taux de douanes annoncé par Donald Trump n’a pas refroidi les clients. Pas même les Américains. La police fédérale de New York a commandé un H160 et trois H145. Plusieurs opérateurs nord-américains spécialisés dans les vols sanitaires ont également passé commandes auprès d’Airbus Helicopters. De son côté Leonardo a placé deux AW169 au Texas, pour des missions de levage. Une première.
A croire que les acheteurs font le pari que, lorsque les hélicoptères seront prêts à être livrés, c’est-à-dire d’ici quelques mois, voire quelques années pour le H140 par exemple, le président des Etats-Unis aura retrouvé la raison, et les taux leur équilibre. C’est un pari. Des échappatoires ont sans aucun doute été négociées. Il n’en demeure pas moins, que les nouveaux taux de douanes imposés par la Maison Blanche inquiètent l’industrie aéronautique dans son ensemble. Et pas seulement les constructeurs d’hélicoptères…
A croire que Donald Trump est le seul à ne pas savoir qu’aujourd’hui, un hélicoptère comme un avion, est un mécano dont les pièces sont produites un peu partout dans le monde, pour être assemblées, au final, en un lieu unique. Si elles sont surtaxées à chaque passage de frontière, le produit final va se retrouver invendable et la belle mécanique huilée qu’est la supply chain risque de gripper.
Le président des Etats-Unis ne sait apparemment pas non plus que, ni les sous-traitants, ni les équipementiers sont interchangeables. Un donneur d’ordres ne peut pas remplacer, d’un claquement doigt, une PME d’Auvergne par une entreprise texane. Sauf à ne pas être pressé par le temps. C’est ce que les industriels américains de l’aéronautique viennent de tenter, une fois de plus, d’expliquer à leur président. « La chaîne d’approvisionnement de l’aviation implique des dizaines de milliers de fournisseurs du monde entier qui fournissent des pièces, des plates-formes et des systèmes dont l’utilisation et l’installation requièrent un agrément de sécurité et qui ne peuvent pas tous être facilement remplacés ou substitués. ». Difficile d’être plus explicite…
En d’autres termes, attention à ne pas se prendre, retour, le boomerang en pleine poire !
Pour l’heure, il s’agit de réactions à des déclarations d’intention, voire à des menaces. Les taux n’ont pas bougé. En revanche, ce qui inquiètent les constructeurs aéronautiques et plus globalement la filière dans son ensemble, ce sont les licenciements en masse. La Federal aviation administration n’est pas épargnée. Des avionneurs ont vu partir leurs interlocuteurs du jour au lendemain, sans préavis. Et même si un syndicat américain vient d’obtenir la réintégration de 132 employés de la FAA cette semaine, suite à une action en justice, il manque des compétences à l’appel. Les délais d’instruction des dossiers risquent de dangereusement s’allonger. Et celle-là personne ne l’avait vu venir. Ni Trump, ni Musk.
2 commentaires
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… » le président des Etats-Unis aura retrouvé la raison, et les taux leur équilibre. C’est un pari. »
Hmmmm, risqué, le pari, en tout cas pour la première proposition de l’hypothèse.
Trop d’anti-trumpisme nuit à l’objectivité.
Je ne crois pas qu’une paire de crétins puisse traverser tous les méandres et arcanes de la vie politique et industrielle pour arriver au sommet du plus puissant pays de la planète.
Trump est un négociateur. Il me semble que sa manière de procéder consiste à taper haut, très haut, pour ensuite négocier et obtenir un résultat probant.
Sinon, l’article est comme toujours intéressant et pédagogique.