L’heure est grave, le carbone nous étouffe. L’aviation civile l’a bien compris, elle qui multiplie les projets d’avions propres, de sources d’énergie vertueuses et d’eVTOL qui sont là pour nous prouver que l’avenir de l’homme passe par le vol vertical électrifié. Les militaires semblaient un peu timides sur le sujet mais c’est en passe de changer, le mérite en revenant à Vladimir Vladimirovitch.
Le président russe vient en effet d’annoncer la fin des essais du missile 9M730 Burevestnik. L’engin, annoncé il y a cinq ans lors de la précédente campagne présidentielle russe, serait à présent opérationnel et on ne peut que s’en réjouir. Mais de quoi s’agit il précisément ?
Selon les autorités russes, il s’agit d’un missile de croisière à propulsion nucléaire, susceptible de parcourir avec son armement lui aussi nucléaire plusieurs dizaines de milliers de kilomètres pour atteindre sa cible. Son fonctionnement précis est entouré de mystère, mais les spécialistes imaginent un coeur à sodium liquide (le seul offrant une puissance massique suffisante) chauffant de l’air qui est ensuite éjecté pour fournir une poussée. Pas de carburant et une autonomie quasi illimitée, le temps de faire trois ou quatre fois le tour de la Terre.
On l’aura compris, ce missile, sert essentiellement à nous foutre la trouille. Mais l’essentiel est ailleurs : le Burevestnik est écologique puisqu’il n’émet pas de CO2. Il pourra nous vaporiser d’accord, mais il nous vaporisera en pleine santé et les poumons propres.
L’honnêteté m’oblige d’ailleurs à faire la part des choses et reconnaitre que tout le mérite ne revient pas à Vladimir Vladimirovitch. Dans les années 1950, alors que l’écologie n’était pas encore tendance, les Américains avaient déjà eu avec leur projet Pluto l’idée du missile à propulsion nucléaire. A la même époque, très en forme, ils avaient également installé un réacteur nucléaire dans un B-36 pour lui donner une autonomie illimitée. C’était le projet Crusader.
Des rejets de vapeur d’eau à la place des 168 cylindres et quatre réacteurs de sa motorisation habituelle, c’était du zéro carbone de haute volée et vraiment un bel effort pour la planète. L’avion, baptisé NB-36H, avait volé à partir de 1955, avec son réacteur en fonctionnement (mais sans interagir avec la propulsion) et ses 11 tonnes de blindage au plomb pour protéger l’équipage. Un KC-97 transportant une escouade de parachutistes l’escortait systématiquement : les bonhommes auraient sauté en cas d’accident pour sécuriser la zone radioactive !
Les Etats-Unis arrêtèrent les expérimentations sur ces sujet quand les gens normaux prirent la mesure de ce qu’elles impliquaient et Kennedy siffla la fin de la récréation en 1961.
Mais qui sifflera un jour la fin de la récréation à Moscou ?
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Excellent, Frédéric ! Je rejoins l'avion plastique : Bravo ! On en reveut.
Le fond et la forme… BRAVO (et merci !)
Les Américains ont été effectivement les premiers à tester la propulsion nucléaire aéroportée. Les Soviétiques ont ensuite testé la techno avec le TU-95LAL (appelé aussi TU-119) et l'ont abandonné pour les mêmes raisons que les Américains.
Mais les Américains ont été plus créatifs malgré tout, en imaginant le Ford Nucleon en 1957, sorte de pick-up futuriste à propulsion nucléaire.
Là encore, le projet a été vite abandonné, puisqu'à l'époque, on ne savait pas faire de réacteur suffisamment compact, mais qui sait, peut-être que l'avenir automobile est dans le nucléaire lui-aussi, et la production de CO2 sera réservée à la parlure de nos politiciens (et oui, un humain produit environ 20 litres de CO2 par heure. On peut facilement imaginer que certains de nos politiques qui aiment autant parler que brasser de l'air, en produisent plus.)