Volocopter a fait voler son VoloConnect, il y a quelques jours, en Allemagne. C’est un événement qui pourrait presque être qualifié d’historique. Le VoloConnect est, en effet, le premier eVTOL quadriplace électrique à prendre l’air. Une étape qui fera date dans le développement de l’urban air mobility.
Et pourtant, la vidéo de ce premier vol était beaucoup moins glamour et futuriste que les images de synthèse que les start up produisent généreusement à chaque annonce d’un nouveau partenariat ou d’une levée de fonds.
Ni tours gigantesques en arrière-plan, ni monuments iconiques au soleil couchant. Le VoloConnect a décollé, dans une lumière crue, du parking d’un aérodrome de la région de Munich. Il s’est élevé avec précaution devant une rangée de hangars métalliques couleur rouille. Il y avait là, sur le tarmac un Cessna C172, un bimoteur Diamond DA-42, un hélicoptère léger R44. Rien que du classique sur un aérodrome d’aviation générale, en 2022.
En attendant le grand soir de la mobilité aérienne, il n’y a pas mieux qu’un aérodrome d’aviation générale, au petit matin, pour faire ses preuves. Et d’une manière plus globale, la « petite aviation » est entrain de devenir un laboratoire de choix pour l’industrie aéronautique.
Safran ne s’est pas découvert une nouvelle passion pour l’aviation légère. Même s’il est présent avec ses moteurs électriques Engineus, sur l’eFlyer de Bye Aerospace, l’eDA40 de Diamond Aircraft, le Cassio de Voltaero ou encore l’Integral E d’Aura Aero (la liste n’est pas exhaustive), le motoriste vise le transport aérien. Et ne s’en cache pas. L’aviation légère est un moyen. Si, au passage, la petite aviation peut bénéficier du fruit des recherches de Safran, tout le monde sera gagnant. Si, à cette occasion, l’industrie pouvait prendre conscience que l’aviation légère fait, elle aussi, partie du même écosytème, tout le monde serait gagnant.
Les champs d’aviation ne sont pas seulement des endroits pratique pour amorcer la décarbonation de l’aéronautique, ils sont aussi un vivier de talents. La grande industrie l’a oublié en se coupant de ses racines. Elle en paye aujourd’hui le prix.
La filière aéronautique propose 15.000 emplois en 2022 et elle a le plus grand mal à trouver des candidats. L’heure est à la surenchère. Les entreprises qui ne peuvent pas suivre se retrouvent en grande difficulté. Les chasseurs de têtes sont sans pitié. Les centre d’apprentissage se désespèrent. Les contrats d’apprentissage, la voie royale vers l’emploi industriel, ne trouvent pas preneurs.
Pour espérer réussir la décarbonation du transport aérien, les industriels ont plus intérêt à miser sur la génération Z que sur les babyboomers. Ils le savent et pourtant, ils s’y prennent mal. Pas sûr qu’ils aient conscience que les futurs ingénieurs appelés à faire entrer le transport aérien dans l’ère de l’hydrogène acquièrent leurs premières compétences aéronautiques à travers le Brevet d’initiation aéronautique, avant de les mettre en pratique dans un aéro-club ou un centre de vol à voile. Pas sûr en effet… Il faut pourtant miser sur ces formateurs qui en même temps qu’ils dispensent des connaissances, transmettent leur passion. Il faut aider la petite aviation, pas seulement s’en servir.
Cela va de pair avec la nécessité de redorer l’image de l’aviation. Surement pas avec de belles images de synthèse et des slogans, mais tout simplement en montrant l’ébullition qui anime en ce moment l’aéronautique. J’ai l’impression de me répeter…
Gil Roy
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Merci, cher Gil, pour ce vibrant plaidoyer appelant à rassembler toutes les énergies pour révéler le plein potentiel de l’Aviation Générale. A notre humble mesure et avec tous les risques incombant à l'entreprenariat, SAFETYN s'est créée il y a presque 6 ans dans cet objectif précis. SAFETYN est précisément ce laboratoire catalyseur de transformation «digitale» et «verte» à destination de cette jeune génération qui façonne l’Aviation de demain. Au service également des Grands Groupes et PMEs pour les aider dans cette transformation. SAFRAN a effectivement bien compris ces enjeux, et nous accueillons avec plaisir tous les autres acteurs de la filière qui cherchent à rejoindre cette dynamique vertueuse. Merci à toi, cher Gil, pour toutes les initiatives prises ces dernières années avec Aerobuzz entre autres et l’esprit qui t’anime dans cet appel à cette mobilisation générale - il n’est certes point de hasard s'il s'est trouvé publié ce 18+1 juin 2022!
Bulletin comme toujours bien écris, pertinent et qui met bien les choses à leur place.
Ce qui est surprenant ce sont ces filières qui ne trouvent pas preneur. Nos jeunes auraient-ils fait leur "Qu'il est doux de ne rien faire quand tout s'agite autour de nous " ...
Faut-il supprimer les aides en tous genres pour les inciter à aller apprendre un métier ? Et trouver un emploi ensuite.