Guillaume Faury nous avait prévenus. L’Europe a le sentiment d’être très en avance, mais la course risque d’être remportée par les Américains. Cette semaine, United Airlines s’est vanté d’avoir transporté une centaine de passagers à bord d’un Boeing 737 MAX dont un des moteurs était alimenté avec 100% de carburant durable. Même si nous sommes enclins à douter de ce « 100% » – 50% serait plus crédible – , les événements semblent donner raison au PDG d’Airbus. La semaine précédente, il avait sonné le branle-bas de combat à l’occasion du congrès annuel de l’Union des aéroports français.
Les avions de nouvelle génération livrés actuellement sont certifiés pour voler avec 50% de SAF dans les réservoirs. Ils représentent déjà 13% de la flotte mondiale, mais la consommation de SAF demeure inférieure à 0,1%. En d’autres termes, le transport aérien a la solution pour entamer sa décarbonation, mais il ne l’utilise pas. Il n’en profite pas non plus pour redorer son blason.
On tourne en rond. Les compagnies attendent de disposer d’un carburant à un prix compétitif par rapport au JetA1. Les pétroliers et les énergéticiens attendent un signal pour réaliser les importants investissements nécessaires à la mise en place de la filière. Bientôt, ils n’auront plus le choix. Étrangère à ces atermoiements, United Airlines a pris l’initiative. Elle a fait une commande groupée de 26,5 millions de litres de SAF en 2021. Déjà autant l’année prochaine…
Pendant que les compagnies aériennes américaines amorcent la pompe, les européennes se contentent de vols expérimentaux.
En France, les deux premiers aéroports à proposer des carburants durables l’ont fait sous la pression de l’aviation d’affaires. Les compagnies aériennes qui se battent sur les prix pour tenter de faire remonter leurs coefficients de remplissage peinent à se résoudre à payer trois ou quatre fois plus cher le carburant. Le SAF à 30% du vol Air France Paris-Montréal, au printemps dernier, représenterait un surcout de 5 euros par passagers. Combien de fois plus, les compagnies sont-elles prêtes à investir dans la communication pour convaincre le public de leurs bonnes intentions ?
Pour le patron d’Airbus, les biocarburants constituent le seul moyen à court terme pour engager la transition énergétique. Ce n’est pas une solution d’avenir, mais un passage obligé et une occasion d’envoyer un message qu’il ne faut surtout pas louper.
Si on règle le problème du carbone on est au début de l’aéronautique, affirme-t-il, au tout début du transport aérien. Si on ne le règle pas on va être sous une pression de plus en plus forte du régulateur, du public, mais aussi des employés de la filière aéronautique.
Guillaume Faury n’a pas caché son inquiétude pour l’avenir. Il est convaincu qu’Airbus et ses partenaires sauront faire voler un avion à hydrogène au début des années 2030. Il maintient que la certification aux alentours de 2035 est jouable. Ce qui le préoccupe, c’est la disponibilité de l’hydrogène vert en quantité suffisante à des prix acceptable au moment où les avions entreront en service.
La transition énergétique n’est plus une affaire de concurrence entre deux avionneurs.
Gil Roy
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Le grand danger c'est que nos agriculteurs (désireux de s'enrichir plus et plus vite) ne se ruent vers les cultures que réclame la production de ces carburants et que ce faisant les cours des cultures vivrières ne subissent une augmentation des prix du fait de leur rareté.
Il faut que ces carburants soient produits avec tous les déchets végétaux que je vois s'accumuler rapidement sur les aires de dépose des déchetteries.
Je vois que vous méconnaissez gravement le monde agricole !
Je pense que Stanloc a raison (sauf à condamner implicitement les agriculteurs à chercher à produire ce qui est le plus rentable, c'est ce que cherche à faire tout entrepreneur responsable, quel que soit le domaine d'activité).
J'ai récemment vu un reportage qui expliquait que la France, sur décision de nos brillants Eurocrates, allait drastiquement inciter les agriculteurs, en particulier les céréaliers, à réduire leur production destinée à l'alimentation (humaine comme animale).
De là à dire que ça contraint mécaniquement les producteurs à s'orienter vers autre chose....
Cette décision est doublement stupide (mais qu'attendre d'autre de ces rentiers Bruxellois désoeuvrés, comme de leurs homologues crânes d'oeuf Français ?).
-1) La France est (était ?) un des plus gros producteurs de céréales du monde (juste derrière la Russie, je crois) et était de ce fait autosuffisante et pouvait exporter.
-2) Laisser la Russie avoir ainsi le monopole de la production d'un composant alimentaire incontournable et se mettre ainsi délibérément sous sa dépendance est non seulement irresponsable de la part des dirigeants Français (pour les autres pays de l'UE c'est moins critique, ils achèteront Russe au lieu d'acheter Français...) mais aussi totalement incohérent dans une période où les mêmes dirigeants s'aplatissent tous les jours devant les décisions Américaines qui, entre autres, nous contraignent à des relations délicates avec nos voisins et partenaires continentaux naturels, les Russes.
S'il s'avère que cette décision est juste motivée par de l'affichage écolo populiste, c'est juste suicidaire !
En plus de payer le courant électrique trop cher (pour payer les parcs éoliens) les Français vont avoir le plaisir, pour prouver leur parfait esprit Européen, de payer également plus cher leur pain et leurs pâtes de tous les jours....
Pour info les USA, qui ne sont certainement pas pour rien dans cette nouvelle politique agricole qu'on nous impose, n'ont, eux, pas besoin des Russes pour leurs hamburgers au ketchup !
Pourquoi, alors, ont-ils commencé à le faire dans ma région qui m'a t'on appris à l'école était un des greniers à blé de l'Europe ?