A la fin de la seconde guerre mondiale, les états ont eu la lucidité de penser que pour permettre le développement du transport aérien, il faudrait mettre en œuvre une organisation supranationale avec des règles applicables à tous, sans exception, ni aménagement pour convenance nationale. Le transport aérien était une activité à haut risque qu’il fallait encadrer par des normes et des procédures pour favoriser son essor.
C’est réussi au-delà de ce qui avait été imaginé. On a juste oublié d’interdire aux virus de prendre l’avion…
Le premier objectif de l’OACI fut évidemment la sécurité, régie depuis 1947 par la célèbre Convention de Chicago (signée en 1944). Puis, les nuisances sonores ont été prises en compte avec la création des emblématiques Chapitres qui classent les avions en fonction de leurs émissions sonores. Un chapitre chassant l’autre dans le but de nettoyer le ciel des avions de la génération précédente. Depuis ont été prises en compte les émissions dans leur ensemble avec l’objectif ambitieux d’arriver à un ciel propre et silencieux d’ici à 2050.
Il ne faudrait pas croire pour autant que l’OACI est un club de gentlemen idéalistes qui n’ont que l’intérêt suprême du transport aérien pour seule motivation. Chaque membre est d’abord le porte-parole de son clan et les négociateurs ne se font pas de cadeaux. En ce moment par exemple, alors que les européens font de la protection de l’environnement leur priorité, les américains tentent un passage en force pour relancer le supersonique.
Quoi qu’il en soit, malgré leurs compagnies porte-drapeaux qu’ils s’efforcent de protéger et leurs industriels aéronautiques nationaux qu’ils soutiennent, les états parviennent au final à s’entendre. Ce n’est jamais facile, et encore moins rapide. L’OACI est d’abord une grosse mécanique internationale dont le mode de fonctionnement est lourd. Mais les compromis dont elle accouche ne sont jamais entachés d’impasses sur la sécurité. Et c’est là son grand mérite.
Le transport aérien n’a jamais été aussi sûr et pourtant lui aussi est régulièrement l’objet d’attaque virale du genre MAX ou Michael O’. Le transport aérien dans ses structures, ne transige pas pour autant avec la sécurité. Alors peut-être faudra-t-il qu’un jour, le monde entier, à l’image du transport aérien, se dote, non pas d’un « machin » type ONU, mais d’une vraie OACI de la santé ou mieux encore, une ONU des pouvoirs publics.
L’OACI de la Santé existe déjà. C’est l’OMS : Organisation Mondiale de la Santé. Elle est confinée à Genève, sur les bords du lac Léman. Elle émet des recommandations dans l’indifférence générale. Elle a des airs de la Société des Nations qui n’a pas survécue à la deuxième guerre mondiale. La troisième, celle que l’Humanité toute entière livre en ce moment contre un virus, sera peut-être le déclencheur n’une nécessaire réforme.
D’après les épidémiologistes, les coronavirus sont le nouveau fléau pour l’humanité. Une menace qui pourrait prendre l’habitude de faire un tour de la Terre en une année ou deux, à saute-mouton au-dessus des lignes Maginot construites par des gouvernements débordés de toutes parts. Un ou deux ans, voire dix : juste le temps de se refaire une santé avant d’affronter l’épidémie suivante. Sauf que l’économie ne tiendra pas longtemps à ce rythme.
Combien de covid faudra-t-il avant que les dirigeants politiques soient capables de tirer les enseignements de la débandade actuelle devant cet ennemi invisible ? A défaut d’un BEA ou d’un NTSB pour faire un rapport d’enquête indépendant après la catastrophe, il est vital de faire confiance aux scientifiques et de leur donner les moyens de trouver rapidement un vaccin, urgent aussi de confier aux logisticiens la gestion des stocks de masques, avant la prochaine attaque. Une réflexion à mener à l’échelle de la planète, par dessus les frontières nationales, dès que le covid-19 nous le permettra. Ca vaut mieux que d’inaugurer les chrysanthèmes, chacun chez soi.
Gil Roy
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Retraité d AIRBUS, alors ingénieur dans les systèmes embarqués, j'ai participé aux réunions organisées par l'ARINC pour définir les normes communes à notre monde, que dis-je, notre famille de spécialistes regroupant les avionneurs, les équipementiers et les compagnies Aériennes clientes, du monde entier.
Je me suis aussi servi de cet exemple vécu dans les discussions politiques avec les amis, pour pousser l'idée d'étendre cette démarche à plein d'autres domaines.
Il me parait évident que seule une gouvernance mondiale de la santé, mais aussi et surtout de la protection de notre environnement permettront de résoudre les immenses défis que nous avons à relever, en prenant concrètement exemple sur ce qui a été fait dans notre domaine de l'aviation civile.
Gérard Darteyre
Merci Gil. Oui il serait temps de repenser grand nombre de nos systemes encore faudrait il que tous les acteurs jouent le jeu.
Des enjeux economiques importants et ce maudit nerf de la guerre omnipresent qui semble ecarter toute sagesse.
Le coronavirus existe depuis des annees, exemple en Arabie Saoudite et il est soigne a la chloroquine. Une grande compagnie aerienne europenne, partenaire de notre compagnie nationale (force est de croire qu elle n est pas la seule dans ce cas) aujourdh ui encore et a cette heure, tourne a 10% de ses vols et continue d acheminer des ressortissants retardataires au pays du soleil levant tout en recuperant ses ressortissants restes en rade la bas. Bien evidemment sans user de mesures sanitaires drastiques que mere sagesse imposerait dans ce cas c est a dire de mettre en quarantaine pax et equipages (dont certains membres on la soixantaine ), a l aller comme au retour.
Ainsi ces compagnies mettent en danger leur pays en plus de leurs equipages qui de retour vers l Europe iront retrouver leurs familles, certains d entre eux empruntant les transports en commun....Imaginons les consequences.
Seule une cohesion totale au plan internationale changerait la donne mais a la condition que chaque etat au plan national reagisse sans attendre, ce qui d evidence n est meme pas encore le cas en Europe.
Vive l'OACI mais quand on voit les intention, publiées vendredi dernier, de l'IATA par la voix de Mr Juniac (j'ai enlevé le De, je suis républicain) on est en droit de douter du bon sens des dirigeants de compagnies aériennes. Quelle confiance pour les passagers! "prenez des billets si la compagnie fait faillite, vous en serez pour vos frais". N'aurait-il pas été plus raisonnable de réfléchir à la création d'un fonds mutuel sur le modèle des agences immobilières ou de voyages?
Merci en tous cas à vous tous pour la qualité de vos réflexions qui en ces temps de confinement nourrissent la mienne.
Cordialement à tous
Bravo Gil,
Ce que sous-entend clairement votre article c'est que la planète réclame une gouvernance mondiale: C'est la Planète qui réclame cette gouvernance universelle et non pas l'Homme emmitouflé dans ses habitudes et ses craintes. Elle viendra un jour, nous en sommes probablement aux prémices.
les poètes et penseurs du début du 19e siècle ne croyaient pas possible qu'un train puisse transporter des voyageurs sans les asphyxier.....
Ils n'étaient pas plus nombreux au début du 20e siècle à croire qu'un oiseau donnerait vie à un de ses congénères métalliques pour transporter des centaines de voyageurs.....
je sui comme vous Gil , persuadé que notre planète nous fera avancer
Zénon
Gil, merci pour cette brillante réflexion.
Les problèmes de base de notre monde sont la mondialisation motivée par l’appât du gain, la réduction du rôle de l'état et la génuflexion de nombreux pays devant la Chine.
Après les dizaines de centaines de milliards de dollars versés par Barack Obama pour sauver l'économie mondiale en 2008, les choses ont-elles changées? Les paradis fiscaux, la réduction des impôts des riches, les délocalisations, la diminution du rôle des états ont-ils été stoppés?
Bonjour Gil
Je partage pleinement vos remarques. Comme je l’ai déjà écrit (brièvement) dans un précèdent dépose minute, auront-nous TOUS le courage d’accepter une remise en cause de nos modes de vie ? Pour ma part je considère, que si nous le voulons, il faut considérer, que nous sommes devant une page blanche à réécrire. Repartir non pas de zéro, mais repartir plus intelligemment en pensant en 1er au fonctionnement de la planète. Ne pas chercher à la contrarier, on ni arrivera pas. Tenir compte du monde animal et végétal et nous adapter à leurs modes de vie. Sans eux, les humains ne sont rien, sinon que des parasites. Ils n’ont pas la parole mais nous le montrent régulièrement dans les catastrophes. A une autre époque, les Christophe Colomb et autres aventuriers, ramenaient des épices mais aussi des maladies. Mais bon ! Les gens mourraient dans l’indifférence ou presque. La communication était feutrée. Depuis les inventions les plus folles des humains, la terre tourne toujours, mais de plus en plus cahin caha. Et pourtant nous y mettons de la bonne volonté pour la détruire. Avec le nucléaire elle a résisté. Pour les épidémies c’est plus compliqué. La dernière, la plus importante est la grippe espagnole. Les humains en ce temps, étaient limités dans leurs déplacements fautes de moyens. L’ère du surdimensionné et du tout, tout de suite est arrivée. Jusqu’alors, l’avion était réservé à une certaine couche sociale. Avec la création du Boeing Jumbo et en Europe d’Airbus le transport aérien a explosé et s’est développé de manière exponentielle. De par ce mode les compagnies Low-cost ont fleuri. Aujourd’hui on prend l’avion come on prend le train. Le gout de l’aventure aux voyages longs est partie en fumée avec les locomotives à vapeur. Nous sommes au plus haut du corona et encore pour 15 jours au moins ? Le travail suspendu sera de 4 semaines pour certains. Soit d’une manière comptable une durée égale aux congés payés. Ben non on ne veut pas mourir, mais on veut nos congés payés comme si de rien était. Qu’à cela ne tienne, l’état peut bien nous les offrir ! La dette augmentera, l’impôt aussi, pas grave. Les revendications syndicales arrivent pour remettre en cause le droit du travail modifié temporairement et exceptionnellement. Préavis de grève déposé. Le pire, certains policiers refusent d’effectuer des contrôles sur le confinement. Pas de masque, pas de contrôle donc fermer les yeux sur les incivilités sur la santé et la progression du virus. Les contrôles se font pourtant à distance réglementaire ! Devant l’ennemi cela s’appelle : « Abandon de poste ». Lors de leurs recrutements, pour être retenus et engagés ils étaient prêts à tout pour la Patrie !
Pendant ce temps le virus se marre, et dit qu’ils sont C.. ces gaulois de français. En conclusion : Et vous voulez gagner la guerre avec des gens comme çà ? Bon courage !
Cordialement
Michel BOUR
Vous avez raison.Mais dans le domaine aeronautique, vous n'avez que des professionnels qui participent aux débats et décisions.
En ce qui concerne la catastrophe que nous vivons, vous avez une multitude de personnes qui donnent leur avis,de plus vous avez des intérets économiques
énormes présents et à venir.
Pour couronner le tout ,les politiques gérent des événemnts auquels ils ne sont pas du tout préparés. C'EST UNE SITUATION EN TEMPS REELLE.
Imaginez un CAPTAIN de 380 qui gérerait ainsi un probléme au milieu du Pacifique?
HEUREUSEMENT,nous avons TOUT LE CORPS MEDICAL+++++++
Amicalement votre
JPD
Bonjour et merci pour ce billet.
C'est, en effet à méditer, et surtout à suivre.
Bonne continuation
Je serai tout à fait en accord avec Jean Baptiste, mais pas du tout avec Dan, pour que notre liberté fondamentale à bien des égards ne soit pas remise en question, et surtout ne pas la remettre entre les mains de "spécialistes" Talleyrand disait : (Le spécialiste apprend le plus possible sur le moins possible et fini par savoir presque tout sur presque rien). Mais surtout, bannir à tout jamais ce type de verbe en politique, outrepasser, obliger. Vos deux dernières phrases sont liberticides et ne peuvent en aucun cas résoudre ce type de problème.
Bravo pour cette intervention.
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