Kourou, le 9 juillet 2024 à 17h06, heure locale. La première Ariane 6 a mis ses petits satellites sur l’orbite prévue. La salle Jupiter applaudit, l’émotion est palpable, les dirigeants sont tout sourire.
Rien de tout cela chez Raymond Boyce, le directeur des opérations (DDO). Il reste concentré. Il connait la différence entre un lancement et une mission. Le lancement est un succès dès que les passagers sont arrivés là où le taxi devait les déposer. La mission, dans certains cas, continue : c’est le cas ce jour, avec une phase de démonstration technologique sur le nouveau lanceur.
Raymond Boyce est un visage bien connu des lancements à Kourou. C’est lui qui, derrière la vitre qui sépare le saint des saints du reste de la salle, lance le fameux « A tous de DDO, attention pour le décompte final. Dix, neuf… » Avec son léger accent guyanais, il apporte un peu de diversité à cette communauté aérospatiale qui en manque tant.
« Trajectoire nominale, pilotage calme », répète-t-il à plusieurs reprises. Les ingénieurs ont bien travaillé, tout se passe comme prévu… Jusqu’à un certain point.
Sur les écrans, la trajectoire réelle, en jaune, s’écarte de la trajectoire programmée. Le groupe auxiliaire de propulsion (APU) s’est éteint inopinément. Or c’est un système clé. Il participe au rallumage du moteur Vinci sur le second étage. Cette possibilité de poussées multiples permet de placer des charges utiles sur plusieurs orbites. D’où une grande souplesse d’utilisation. C’est une caractéristique d’Ariane 6 et elle a contribué à remplir son carnet de commandes.
La panne de l’APU a sérieusement réduit la phase de démonstration. Le deuxième allumage de Vinci a eu lieu mais pas le troisième. La preuve que l’APU et Vinci peuvent démarrer autant de fois que souhaité (jusqu’à cinq fois pour Vinci) reste à apporter.
Se féliciter du succès, réel, est légitime. L’Europe est de retour dans l’espace, elle a retrouvé sa souveraineté en matière d’accès à l’orbite terrestre. Les grands patrons du programme Ariane 6 – Josef Aschbacher, directeur général de l’Agence spatiale européenne, Philippe Baptiste, pdg de l’agence spatiale française CNES, Martin Sion, président exécutif du constructeur ArianeGroup et Stéphane Israël, directeur général de la compagnie de lancement Arianespace – se sont réjouis à juste titre. Mais attention au port de lunettes roses : envoyer un message trop optimiste peut avoir des effets démobilisateurs. Bien sûr, les ingénieurs vont analyser, corriger, tester… Mais ils ont besoin de soutien au plus haut niveau. Les politiques doivent comprendre l’enjeu : Ariane 6 ne concurrencera peut-être pas le Falcon 9 de SpaceX en termes de prix mais elle a toute sa place sur le marché. A condition d’être fiable, ponctuelle… et de proposer la souplesse de mission attendue.
La mission n’est pas terminée. Faites comme Raymond, restez concentrés.
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Comme chantait Carla, mon Raymond il a tout bon... mais c'était pas le même...
Raymond, ça rime avec Gaston. Lui, il était un des premiers Français de Dora à approcher l'ancêtre de toutes les fusées : la V2 de Von Braun. Oui, Gaston Vedel… ou Vedel le rebelle ! Lancement demain. Sur orbite Aerobuzz bientôt !