Qui a dit que le F-35 n’était pas un bon chasseur ? La vente récente à l’Allemagne démontre que l’avion de Lockheed Martin est aujourd’hui sans équivalent en combat air-air puisqu’il est parvenu, en un seul mouvement, à abattre en plein ciel de gloire deux adversaires redoutables : le Super Hornet et le programme SCAF. Si on était au bowling, on parlerait de strike…
Boeing, qui commercialise le Super Hornet et le Growler, sa déclinaison spécialisée dans la guerre électronique, comptait beaucoup sur un achat allemand pour garder en vie la chaîne d’assemblage de son avion. C’est donc raté et quand les derniers Block III commandés par l’US Navy seront livrés à l’horizon 2024, la chaine de St Louis (Missouri) pourra fermer. C’est le point d’orgue qui était craint après les échecs cuisants du bimoteur en Suisse, en Finlande et au Canada, trois pays utilisateurs du F/A-18 Hornet « legacy ».
L’usine mythique de St Louis, qui avait produit les Phantom II et autres F-15, se rattrapera pendant quelques années avec le F-15EX Eagle II, mais jusqu’à quand ? Boeing sera-t-il alors éjecté de la fabrication des avions de combat, laissant la place libre à Lockheed Martin et dans une moindre mesure Northrop Grumman et son bombardier B-21 ? A moins que le futur NGAD (chasseur de nouvelle génération) américain, qui verra s’affronter les trois grands, ne vienne rebattre les cartes ?
L’achat allemand est également lourd de conséquences en Europe.
En choisissant cet avion, Berlin s’offre une capacité air-sol pour les trente ou quarante ans à venir. Dès lors, pourquoi les Allemands auraient-ils besoin d’un SCAF polyvalent ? En vérité, si le SCAF se fait, il ne sera pour l’Allemagne qu’un avion de supériorité aérienne, une sorte de F-22 européen totalement inexportable.
Pour succéder au Rafale, et suivant l’exemple de cet avion, la France restera quant à elle avec son besoin d’un avion polyvalent et pouvant être embarqué sur porte-avions. La divergence ira grandissante entre les deux pays, avec un air de déjà vu.
Après avoir perdu une bonne dizaine d’années à poursuivre les chimères d’une coopération avec les Britanniques puis les Allemands, il reste aujourd’hui à Eric Trappier à abattre son jeu et montrer son fameux plan B, s’il existe. Il reste également au bureau d’études de Dassault Aviation à mettre en vol très rapidement un démonstrateur technologique, comme Marcel Dassault avait su le faire il y a quarante ans avec le Rafale A.
Un fuselage, une voilure et des surfaces mobiles ingénieuses, des commandes de vol aux petits oignons et une belle gueuse de béton dans le nez pour remplacer les boites noires en or massif que Thales aura toujours le temps de développer plus tard : l’affaire peut être pliée en deux ou trois ans, c’est une question de motivation. Bien entendu, Dassault utilisera son trésor de guerre accumulé avec les ventes récentes de Rafale (4,9 milliards de trésorerie au 31 décembre 2021) et développera ce démonstrateur sur fonds propres. Pour être rapide et réactif, l’avionneur ne s’abaissera pas, cela va de soi, à tendre la sébile en direction de la DGA.
Comme disent les militaires : Feu patate !
Frédéric Lert
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