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Il est revenu le temps des supersoniques

© Vincent / Aerobuzz.fr

Ceux qui avaient fini par se convaincre que l’aviation du futur serait verte ou ne serait pas, en sont pour leurs frais. Les USA ouvrent une piste d’envol aux supersoniques civils. Républicains et Démocrates se sont rejoints sur un projet de loi destiné à autoriser le survol du territoire des USA à des vitesses supersoniques. Le Congrès donne un an à la Federal Aviation Administration (FAA) pour définir le cadre réglementaire relatif aux opérations. C’est encore trop pour la Maison Blanche. Donald Trump a signé cette semaine un décret autorisant les survols supersoniques des Etats-Unis.

De ce côté-ci de l’Atlantique, à force de communiquer sur les carburants d’aviation durables (SAF), sur l’hydrogène et de tenter de convaincre que la quatrième révolution de l’aéronautique était en marche, l’Europe, et plus encore la France, a fait une croix sur la vitesse. Les industriels, les agences et les laboratoires n’ont été pris de court pour autant…

La détermination des Américains n’était un secret pour personne. Nous en avons d’ailleurs disserté, ici même, en 2019. A l’époque, nous avions été alertés sur la détermination de l’industrie aéronautique américaine, par des représentants de la France au sein de l’OACI. Les travaux sur la définition d’une norme relative à l’exploitation des avions supersoniques faisaient alors l’objet d’un bras de fer entre les Américains et les Européens.

Les seconds, intransigeants, refusaient toute exception : la réduction de l’empreinte environnementale du transport aérien n’était pas négociable. Concernant le bruit, il n’était pas question pour le vieux continent de faire machine arrière. L’Europe, derrière Airbus, s’est mobilisée autour du projet RUMBLE (Regulation and norm for low sonic Boom Level) destiné à mettre des bâtons normatifs dans les roues des Américains.

Face à cette force tranquille, à défaut de pouvoir supprimer le bang supersonique, les Américains poussaient l’idée d’un bang « acceptable ». Six ans plus tard, sans attendre plus longtemps un hypothétique compromis, ils ont décidé de passer à la vitesse supérieure. Et pour avoir les coudées franches, ils en font une affaire intérieure. Puisqu’il n’a pas été possible de s’entendre sur une norme mondiale au cours d’années de travaux au sein de l’OACI, ils vont mettre en place leur propre cadre réglementaire qui permettra aux avions supersoniques de voler au-dessus du territoire étasunien. Il sera toujours temps ensuite d’élargir le sujet. Boom Supersonic qui n’a pas ménagé son lobbying depuis sa création en 2014 est arrivé à ses fins.

La start up peut poursuivre sereinement son programme de développement maintenant qu’elle a convaincu les pouvoirs publics américains que le boom supersonique allait se réfléchir vers le haut, sur les couches d’air, jusqu’à Mach 1,3. C’est l’effet Mach Cutoff que Boom annonce avoir mis en lumière avec son démonstrateur XB-1 aurait mis en lumière, au-dessus du désert de Mojave, en janvier 2025. Quelques semaines plus tard, le premier Concorde de série, exposé au musée Aéroscopia de Toulouse, a été classé «  Monument historique ».

Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

5 commentaires

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  • Je sursaute lorsque je lis que l’effet Mach Cutoff réfléchirait les ondes de choc vers le haut. Et que Boom l’aurait mis en lumière en janvier 2025.
    En fait la notion de Mach de coupure est connue depuis les années 60 et était utilisée à chaque vol en Concorde. Le Mach de coupure est le Mach en dessous duquel l’onde de choc n’atteint pas le sol. Sa valeur dépend de l’altitude et de la pente de l’appareil. En palier, à 30 mille pieds, il est de Mach 1.15, qu’on soit un Concorde, un Mirage III ou un démonstrateur Boom.
    En janvier Boom a volé à Mach 1.12 et a pu annoncer que le bang produit par son démonstrateur n’avait pas été perçu au sol. C’est la loi !
    C’est exactement ce que nous pratiquions en Concorde. Au départ vers New York, nous lancions l’accélération à cinquante kilomètres du port d’Antifer, à la verticale duquel nous passions Mach 1.15 en accélération. Qq minutes avant nous avions laissé Le Havre légèrement à bâbord à Mach 1.10 et les Havrais ne percevaient pas notre bang.
    Ce qu’il est important de comprendre c’est qu’il s’agit là d’une loi aérodynamique (facilement démontrable) et que les lois de l’aérodynamique sont têtues …

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    • Merci Monsieur Grange, très intéressant et qui mériterait plus de commentaires, récits, vécus, sur le vol supersonique … et les lois aérodynamiques !

      Il ne faut pas perdre de vue que les générations actuelles n’ont aucune idée de ce qu’est le bang ! du mur du son, les vols supersoniques étant interdits sur terre depuis belle lurette. (2009 sous conditions)

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  • Très bon. 🫡🚀

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  • Entre les survols supersoniques sur l’Atlantique vers l’Europe, l’Afrique et le Moyen Orient, sur le Pacifique vers l’Asie, et les routes polaires, le supersonique parait avoir un bon marché.
    Airbus y viendra …

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