Je voudrais remercier ici mon producteur, mes parents, Jean-Jacques Goldman qui m’offre le plus beau titre de ma carrière et enfin le Pentagone. Merci, merci le Pentagone. L’annulation d’un trait de plume du programme FARA (Hélicoptère de reconnaissance destiné à l’US Army) après six années de travail et deux milliards de dollars jetés par la fenêtre, offre une occasion en or de revenir une fois de plus sur ce fascinant sujet, les dépenses militaires.
Que sont deux milliards de dollars sur un budget annuel d’environ 850 milliards Outre Atlantique ? Ce budget, 17 fois celui de la France, était de 316 milliards en 2001 et il dépassera les 1000 milliards bien avant 2030. Donc ces deux milliards représentent peu de chose direz vous. J’ai l’esprit de contrariété et j’ai envie de vous dire, qu’au contraire, ils sont essentiels.
Ils sont là d’abord pour nous rappeler le peu de valeur des chiffres. Car avec un budget 3 à 4 fois inférieur, la Chine construit cinq fois plus de navires que les Américains, lance des programmes aéronautiques à tout crin et trouve même, à la fin du mois, assez d’argent pour payer le plein d’helium à ses ballons espions. Un budget massif n’est pas forcément productif… La preuve en quelques morceaux choisis :
Avant le programme FARA il y eu le RAH-66 Comanche, sabordé après avoir brûlé 10 milliards. Puis l’ARH-70 Arapaho, annulé après trois ans d’études. Et enfin l’Armed Aerial Scout, jeté par la fenêtre après seulement un an de travail. Et maintenant donc le FARA. Quatre programmes pour un même besoin, quatre annulations. Et n’allez pas croire que les tocards ne se trouvent que dans l’Army Aviation.
Les spécialistes du barbotin ont leur lot de cadavres dans les placards. Pour faire court on citera simplement le Future Combat System (20 milliards jetés par la fenêtre), le canon automoteur Crusader, les trois tentatives (et trois échecs) pour remplacer le Bradley… Les marins US n’ont pas été manchots non plus ces dernières années, la palme du ridicule revenant aux super méga destroyers de la classe Zumwalt, tout droit sortis de Star Trek : 7,5 milliards pièce, seulement trois de construits sur 32 prévus. Et un niveau d’inutilité qui donne une bonne idée de l’infini.
Pour les acteurs industriels en place, il est aujourd’hui plus rentable de se focaliser sur le conception d’équipements très chers et souvent inutiles (et tant pis ou tant mieux s’ils ne sont jamais mis en service) plutôt que de mettre en place un outil capable de produire beaucoup, utile et pas cher. La sophistication des équipements et la complexification des règles du jeu sont aussi deux bons moyens pour compliquer l’accès à un marché, décourager les nouveaux entrants et préserver un leadership.
Tout coïncide pour dégager des chiffres d’affaires stratosphériques qui masquent malheureusement une incapacité croissante à mener à terme des projets essentiels, rapidement et dans des coûts maitrisés. La course aux profits a depuis longtemps pris le pas sur l’intérêt commun et il sera compliqué de faire machine arrière.
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