Textron n’a fait qu’une bouchée de Pipistrel. On ne saura sans doute jamais combien, le groupe industriel américain a mis de dollars sur la table. Suffisamment en tout cas pour que Ivo Boscarol, le fondateur et PDG de Pipistrel, ne puisse pas refuser son offre de rachat. Les estimations vont de 80 à 150 millions de dollars. L’important est ailleurs…
L’annonce a surpris tout le monde, à commencer par les plus proches partenaires de Pipistrel, prévenus dix minutes avant la diffusion mondiale du communiqué de presse par Textron. La finance n’aime pas la publicité…
La sidération passée, il y a deux manières de réagir à cette nouvelle. La première est de se réjouir pour Pipistrel qui va voir pleuvoir les dollars pour accélérer tous les développements en cours et ceux à venir. La seconde est de craindre le pire.
Une chose est sûre, Textron n’a pas viré sa cuti et il n’y a pas de raison que les ULM et autres aéronefs légers l’intéressent plus aujourd’hui que du temps du Cessna 162 Skycatcher. Certains objecteront que c’est Textron qui a relancé les monomoteurs à pistons de Cessna que General Dynamics avait arrêtés. Et si on parlait du Corvalis, le monomoteur destiné à concurrencer le Cirrus SR22… La gamme d’avions légers de Cessna, comme celle de Beechcraft, l’autre filiale aviation générale de Textron, fleure bon les années 50. Et que dire des moteurs Lycoming qui font aussi partie du même groupe ?
Que vont peser les Virus, Sinus et autres Taurus dans le bilan du groupe ? Tout au plus, quelques centaines de milliers d’euros face aux 12 milliards de dollars de chiffre d’affaires de Textron.
Le groupe n’a pas fait mystère de ce qui l’intéressait chez Pipistrel. Il a annoncé qu’il allait créer « Textron eAviation », présenté comme « un nouveau secteur d’activité axé sur le développement d’avions durables, qui comprendra Pipistrel. »
Pipistrel est le seul constructeur aéronautique à avoir réussi à certifier un avion électrique. Il a aussi accumulé une grande expérience en matière de motorisation hybride électrique avec son quadriplace Panthera. Une expérience qu’il a entreprise de mettre à profit dans le domaine des drones et eVTOL avec le Nuuva 300. En mettant la main sur Pipistrel, Textron espère sans doute faire son retard dans la voie de la transition énergétique du transport aérien. Et pourquoi pas prendre une longueur d’avance…
Mais pour cela, il faudra que le directeur financier de Textron commence par foutre la paix à Pipistrel.
Du haut de ses trente années d’existence, le constructeur slovène fonctionne en mode start up, avec toujours la même agilité et toujours un circuit de prise de décision aussi court. C’est de cette manière qu’il a remporté le Green Flight Challenge de la NASA, en 2011, et que la même année, il a été nominé au Collier Trophy, le prix Nobel des aviateurs. En 2016, il a fait voler pour la première fois un avion équipé d’une pile à combustible à hydrogène. L’année dernière, il a livré une petite cinquantaine d’avions électriques.
Dans les mois à venir, nous allons découvrir si la haute finance est, corrosive ou pas, pour le génie. Souhaitons que non pour toute la sympathique et talentueuse équipe d’Ivo Boscarol.
Gil Roy
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Bonsoir Gil et bravo pour la pertinence du commentaire !
Je suis d'autant plus en phase avec la conclusion que je viens de lire "Le dilemme de l'innovateur", version Française du livre de Clayton M. Christensen. L'auteur analyse après interviews des managers aux commandes à l'époque, la façon dont de nouvelles technologies ont été à l'origine de l'échec de grandes entreprises pourtant bien gérées. Il compare le développement de technologies incrémentales qui améliorent les performances des produits selon l'attente des clients, où Textron est très certainement bien placé pour réussir, et le développement de technologies disruptives, moins chères, plus petites, plus simples et souvent plus pratiques à utiliser, qui sont très certainement inscrites dans l'ADN de Pipistrel.
J'espère que le directeur financier et le DG de Textron ont bien lu ce livre et qu'ils ont été convaincus de "foutre la paix à Pipistrel", comme tu le dis si bien !
Les cas contraires sont légion. Ce livre en est l'illustration concrète. Rendez-vous dans deux à trois ans. Nous saurons alors s'ils avaient pris le temps en 2022, de lire Clayton M. Christensen...