L’année aéronautique 2024 a commencé avec l’embrasement d’un Airbus A350 sur une piste de l’aéroport d’Haneda. Avant même que l’avion n’ait achevé sa course enflammée, les réseaux sociaux avaient pris le relai. C’est devenu la norme. Le plus extraordinaire reste le bilan de ce qui peut-être considéré comme le premier accident d’avion de la nouvelle année.
Bien sûr, il y a la perte de la quasi-totalité de l’équipage du Dash-8 des gardes côtes japonais impliqué dans cet accident, mais aucune victime n’est à déplorer parmi les occupants de l’A350. Les 367 passagers et 12 membres d’équipage ont tous réussi à évacuer l’appareil en feu. Ils doivent sans doute une fière chandelle au professionnalisme et au sang-froid des hôtesses de la JAL. L’enquête ne manquera pas de le confirmer ou non.
Elle devrait aussi classer cet accident dans la catégorie des incursions de piste. En plagiant le général de Gaulle, je serais tenté de vous rassurer sur nos intentions… Ce n’est pas, alors qu’Aerobuzz.fr entre dans sa quinzième année, que je vais me prendre pour un enquêteur du BEA, ni du JTSB. Je ne l’ai jamais fait avant. Je ne vais pas commencer aujourd’hui.
L’Organisation mondiale de l’aviation civile définit les incursions sur piste comme « toute situation se produisant sur un aérodrome, qui correspond à la présence inopportune d’un aéronef, d’un véhicule ou d’une personne dans l’aire protégée d’une surface destinée à l’atterrissage et au décollage d’aéronefs. » De toute évidence, il y avait un avion de trop sur la piste 34R de l’aéroport d’Haneda, le 2 janvier 2024, à 17h47. Ce sera aux enquêteurs de déterminer lequel et surtout d’expliquer pourquoi.
Pour ma part, j’en resterai à l’incursion sur piste qui est un problème récurrent pour l’aéronautique au sens large. Depuis de nombreuses années, l’OACI en a fait une de ses priorités en matière de sécurité. Toutes les agences nationales et internationales ont mis en place des programmes pour limiter ce risque majeur. Aux USA, la Federal Aviation Administration a recensé 1.760 incursions sur piste en 2023. Presque 5 par jour !
A ce jour, l’incursion sur piste la plus lourde de conséquence demeure la collision des deux Boeing 747, en 1977, sur l’aéroport de Tenerife (583 morts). Parmi les plus récentes, l’une des plus stupéfiantes est sans doute celle du camion de pompiers sur l’aéroport de Lima (novembre 2022) qui a percuté un Airbus A320neo en pleine accélération.
Fort heureusement, la plupart de ces nombreuses incursions sur piste n’entrainent pas de conséquences aussi dramatiques. Mais aucune n’échappe à une analyse approfondie. Toutes font l’objet de recommandations. C’est au prix de cette remise en question permanente que la sécurité du transport aérien se maintient au plus haut niveau. C’est aussi grâce au professionnalisme de tous les acteurs de la chaine. A Haneda, le 2 décembre 2024, les 12 membres d’équipage de l’A350 de JAL ont bien rattrapé le coup !
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Je pense que si l'on veut être littéral l'accident de Ténériffe n'était pas une incursion de piste. En effet l'avion de la Pan Am n'aurait plus dû se trouver sur la piste puisqu'il lui avait été notifié de la dégager par une bretelle de dégagement qu'il a ratée à cause de la visibilité réduite. Mais comme à juste titre il n'avait pas notifié au contrôle le fait qu'il avait dégagé la piste, sa présence sur celle-ci aurait dû en théorie connue de tous. Il s'est avéré que le seul à qui ça a échappé était l'équipage du 747 de la KLM. Qui plus est ce dernier était commandé par le chef de secteur, qui "écrasait" les autres membres de l'équipage (ce terrifiant accident a d'ailleurs conduit aux études qui ont mené à la naissance du concept de CRM). La fatigue aidant, plus la saturation du trafic radio, plus l'emploi d'une phraséo inadaptée par le copilote KLM ("we are now at take-off"), plus l' "écrasement" subis par ce dernier et par l'OMN, tout ceci a conduit au résultat que l'on sait. Mais je ne pense pas qu'il s'agisse d'une incursion de piste au sens littéral.
Excellente nouvelle année à tous.
Dominique de Champeaux