On ne le dira jamais assez : les souffleries Onera de Modane, dans la haute vallée de la Maurienne, l’ont échappé belle. Et, avec elles, un pan entier du savoir-faire français en matière aéronautique et spatiale.
Cet ensemble majeur d’installations d’essais était menacé par l’affaissement de son sous-sol. Les techniciens voyaient bien qu’ils avaient de plus en plus de mal à faire rouler leurs chariots géants vers la veine d’essai. Jusqu’au jour où un seuil de 5 cm les en a empêché. Dans les années 2010, l’Etat français s’est fait prier mais a fini par financer les travaux – 20 M€.
Ce modeste montant a été difficile à obtenir. A l’époque, l’Onera souffrait encore – de l’aveu même de ses dirigeants – d’une image poussiéreuse. La simulation numérique pourrait remplacer les maquettes au 1/5e et l’air brassé par des ventilateurs de 15 m de diamètre, se figurait-on dans les hautes sphères de l’Etat.
C’est une vue de l’esprit. Comme le montre le récent contrat-cadre signé par l’Onera et Safran, les constructeurs comptent sur les souffleries. Il s’agit ici de « soutenir la montée en maturité de l’aérodynamique et de l’acoustique » du moteur de demain à soufflante non carénée. Car la cathédrale des vents – la grande soufflerie S1MA – sait se rendre toujours plus indispensable. Elle peut désormais accueillir des mesures de bruit.
Les ingénieurs vont toujours plus loin dans la compréhension de phénomènes complexes. D’où la nécessité de calibrer leurs outils de simulation avec des résultats d’essais bien réels. Les autorités de certification acceptent alors des modèles hybrides. On ne peut pas tester tous les cas imaginables. Mais on doit avoir une base solide pour les simuler.
« La physique est la physique, on apprend toujours quelque chose », rappelle Marie-José Martinez, directrice des souffleries à l’Onera. « On ne pourra pas se passer des essais, même avec l’intelligence artificielle. »
Ces moyens d’essais coûtent-ils cher au contribuable ? Le budget annuel de l’ONERA est comparable à l’aide promise par le gouvernement français pour le seul projet RISE sur la période 2024-2027. Et les souffleries ne captent qu’une modeste part du budget global de l’ONERA. Ainsi, des infrastructures cruciales pour le secteur aérospatial et qui peuvent faire la différence représentent un investissement très raisonnable pour l’Etat.
Au-delà, davantage d’intégration européenne serait peut-être la bienvenue. La réputation de l’Onera et de ses homologues allemands du DLR et néerlandais du NLR – par exemple – n’est plus à faire… mais, individuellement, ils sont loin d’avoir les moyens de la NASA, notamment en matière d’essais en vol. Après tout, l’Europe a bien réussi à créer un constructeur et une agence de la sécurité aérienne. Des références mondiales, dans les deux cas.
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Pourtant il existe toujours ce prix de un million de dollars (offert par le Clay Mathematics Institute) à qui démontrera qu'une solution des équations de Navier Stokes existe ( sans parler de la résolution elle-même). Ca aurait du suffire à convaincre nos grands décideurs que la vérification par l'expérience est indispensable en aérodynamique. Ce que tout praticien du domaine sait intuitivement en observant le déclenchement d'un tourbillon.