Trepalium, instrument de torture. L’origine du mot « travel », en anglais, était devenue une information obsolète. Elle est cruellement redevenue d’actualité quand le 11-Septembre a bouleversé nos habitudes de voyage.
A la fin du vingtième siècle, les moyens de transport étaient devenus confortables. Seule l’étymologie évoquant un supplice rappelait un passé où voyager à cheval vous laissait le cul dolent, comme l’écrivait le regretté Robert Merle. Après les attentats, les sièges sont restés agréables. Mais la charge mentale du passager a dépassé le poids de son bagage en soute. Voyager est en partie redevenu pénible.
Les inspections et filtrages ont évolué vers des contrôles lourds. Y compris dans un registre familier : lourdingue. Au mieux, les passagers acceptent de montrer patte (avec chausson jetable) blanche « pour la bonne cause », disent-ils. Au pire, ils trouvent ces vérifications infantilisantes… mais ils font avec.
Certes, ces contrôles sont efficaces, si l’on en juge par l’absence d’attentat terroriste dans le transport aérien depuis 2001. Mais qui n’a jamais trouvé au fond de son bagage cabine un objet coupant oublié et passé entre les mailles du filet ? Qui sait précisément pourquoi le passager doit exhiber le contenu de sa trousse de toilette ? Des moments exaspérants.
Alors, oui, si on doit impérativement se déplacer, on peut se conformer à de telles directives. « On peut demander au passager de voyager en slip » : sous forme de boutade, le responsable de la sûreté d’ADP au début des années 2000 se félicitait de la docilité de ses clients.
Au-delà des raisons professionnelles ou familiales, notre envie d’ailleurs est toujours la plus forte. Homo sapiens est sorti d’Afrique parce qu’il est curieux de voir ce qui se trouve derrière la colline, explique l’ethnobiologiste Evelyne Heyer. Certes, il en est sorti progressivement mais nous parlons d’un même ressort. Nous continuerons à voyager, même en passant par l’étape agaçante de l’aéroport.
Les contraintes qui ont suivi le 11-Septembre et l’incident de « shoe bomber » – le tristement célèbre Richard Reid, qu’un service de sécurité naïf avaient laissé embarquer – peuvent être considérées sous un autre angle. Le transport aérien a digéré une contrainte majeure. Ce n’est pas la première fois.
La sécurité des vols, qui prévient les accidents (par opposition à la sûreté, qui vise les actes de malveillance), a fait l’objet d’un effort considérable. Avant-guerre, prendre l’avion était une aventure. Le transport aérien s’est employé à améliorer ses statistiques d’accident. Un changement culturel, avec le succès que l’on sait.
Côté sûreté, les postes d’inspection-filtrage avaient été initialement installés dans des halls conçus sans eux et engendraient des retards. Ils font désormais partie intégrante de l’aéroport et tout y est routine.
La pandémie de COVID-19 est le nouveau 11-Septembre de l’aviation civile. Les réponses de la profession sont encore provisoires. Nul doute qu’elle saura inventer des mesures structurelles et adéquates, propres à prévenir le risque de contagion. Sans éteindre notre envie d’ailleurs.
Thierry Dubois
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Bien d'accord... Ajoutons une touche "ambiance" à CDG. Nos terminaux de Roissy et leurs connexions alambiquées, mal signalées, sont déjà assez pénibles en temps ordinaire. Cet été, ils étaient évidemment encore plus tristes, avec la réduction du trafic. Aussi, quand, recherchant votre hôtel du côté de Roissypôle, vous êtes injuriés très, très vulgairement (t'es sourd, enc...) par un "taxi" entouré d'une cour de collègues patibulaires pensant que vous étiez un potentiel client, CDG devient carrément glauque. Notons que le fait a été signalé deux fois au service Presse d'ADP. Silence radio.
En même temps les taxis, ils sont loin d'avoir lu le manuel de savoir vivre de Nadine de Rothschild 🤣😂🤣😂🤣😂
On leur demande seulement de ne pas faire honte à la France...
Vous écrivez "La sécurité des vols, qui prévient les accidents (par opposition à la sûreté, qui vise les actes de malveillance), a fait l'objet d'un effort considérable." !
La science des défaillances s'appelle la sûreté de fonctionnement...
De Wikipedia : "La sûreté de fonctionnement est l'aptitude d'un système à remplir une ou plusieurs fonctions requises dans des conditions données ; elle englobe principalement quatre composantes : la fiabilité, la maintenabilité, la disponibilité et la sécurité."
De cette définition vient celle de sécurité : "La sécurité est l'aptitude d'une entité à ne pas conduire à des accidents inacceptables.
Plus précisément, la sécurité est l'aptitude d'un produit à respecter, pendant toutes les phases de vie, un niveau acceptable de risques d'accident susceptible de causer une agression du personnel ou une dégradation majeure du produit ou de son environnement."
Plus organisationnellement parlant : les dispositions pour traiter les défaillances s'appellent les forces de sécurité comme la sécurité civile, la sécurité intérieure (DGSI), la sécurité extérieure (DGSE), etc.
Pourquoi vouloir chercher du poil aux œufs...?!
Sûreté en France veut dire dispositions humaines et technologiques pour lutter contre la malveillance.
Sécurité renvoie aux normes de fonctionnement de dispositifs destinés à éviter des accidents (une barrière de sécurité).
La confusion sémantique est induite par la dénomination anglo-saxonne (safety-security) différente de la nôtre...CQFD !
trepalium a bien donné travel en anglais mais aussi ...travail en français!
l'instrument de torture à trois pieds sur lequel on empalait les "condamnés" est-il devenu au figuré le lot commun de ceux qui voyagent pour leur travail?
Tout çà est ben vrai ! c'est pour çà que je prends mon vélo !