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Dépose minute

Le paradoxe français

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Gil Roy

Rien n’arrête la voltige française. Pas plus un coronavirus que les russes. La saison 2020 vient d’en apporter la preuve. Certes, la France fait partie des nations qui ont relevé le défi d’organiser leur championnat national. On n’attendait pas moins d’elle. Mais, surtout, le championnat de France n’avait encore jamais réuni autant de pilotes. Des pilotes affamés de compétition qui ne se sont pas fait de cadeau. Les retrouvailles post-confinement ont été musclées.

En l’absence de compétitions internationales, la Fédération française aéronautique voulait garder ses champions sous pression. C’est gagné ! Les autres disciplines aéronautiques s’en sortent bien également malgré un début de saison tout aussi cauchemardesque. Les structures sont solides. Notamment parce que l’Etat leur en donne les moyens.

Oser une telle affirmation, la semaine où ce même Etat décide de taxer l’aviation de loisir, et donc en premier lieu les aéro-clubs, c’est risqué. Pourtant c’est la réalité.

Sans le soutien financier et matériel du ministère des Sports, l’équipe de France de voltige serait comme ses adversaires, un regroupement hétérogène d’individualités. Des pilotes qui ont les moyens de s’offrir un avion de voltige et de financer leur entrainement. Pas forcément les meilleurs, mais assurément, les plus aisés financièrement. La France serait passée à côté de Louis Vanel : champion de France 2020, champion du monde 2019. A peine 30 ans et pas de fortune personnelle.

Avant lui, il y en eu d’autres. Le plus grand de tous peut-être : Renaud Ecalle. Et même s’il s’est révélé au sein de l’Equipe de voltige de l’armée de l’air, Renaud, comme Louis, était un pur produit de la filière aéro-club. Comme Alice Gavet Junker dont la joie a illuminé le podium de la catégorie Excellence, l’antichambre de l’Unlimited. Alice sacrée championne de France 2020 devant huit hommes. 30 ans, elle aussi. Commandant de bord sur PC-12 chez Jetfly. Alice sur les traces d’Aude. Aude Lemordant, triple championne du monde. Pilote de 777 à Air France. « Made in Aéro-Club »

L’état est capable de subventionner des fédérations aéronautiques. Il met à leur disposition des cadres techniques de qualité. Avec pour mission de donner leurs chances aux jeunes talents et d’encourager la féminisation de la pratique sportive. Un travail sur le long terme. Les résultats sont tangibles. Et dans le même temps, ce même Etat sacrifie sans état d’âme ces mêmes aéro-clubs en taxant leur carburant. D’un côté, un projet ambitieux. De l’autre côté des bricolages mesquins. Et au final, des idées généreuses malmenées par de pitoyables calculs politiciens.

Ils et elles ont 20 ans, 30 ans. Ils et elles volent sur les avions de plusieurs centaines de milliers d’euros mis à leur disposition par la communauté. Ils et elles sont formés par des instructeurs professionnels bénévoles (ou presque). Ils et elles seront plus tard pilotes de ligne, pilotes de chasse, ingénieurs aéronautiques, hauts fonctionnaires européens, championnes du monde. Il y a peut-être même parmi eux, le ou la future secrétaire d’état aux Transports. Seule certitude, pour vivre leur rêve, il leur en coutera un peu plus cher à partir du 1er janvier 2021. A moins que d’ici là, les députés refusent de voter l’amendement qui vise à aligner le prix de l’AvGas sur le Super. Ils ont la possibilité de préserver une des rares formes d’ascenseur social qui fonctionnent encore en France.

Gil Roy

 

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

View Comments

  • toutes ces TESLA qui consomment ZERO litres du carburant, comment participent t'il à la ré-remplissage des caisses de l'état.

    Voici le temps d'introduire une taxe basée sur le kilomètre au lieu de litre...

    • Pas d'inquiétude, c'est surement dèjà prévu sous une autre forme: Quand le parc des voitures électriques sera jugé suffisant et l'installation des compteurs électriques intelligents suffisamment avancée, vous verrez vite apparaitre une ligne de taxes supplémentaire sur votre facture d'électricité sur chaque kwh utilisé pour charger votre voiture. Ca compensera la TIPP que vous ne payerez plus, qui peut imaginer que l'Etat ferait cadeau de cette énorme manne financière ? Surtout vu les dépenses actuelles... .

  • Je suis perplexe quand je lis que les aéroclubs ont formé beaucoup de jeunes qui sont devenus "pilotes de ligne, d'essais, de chasse" ....
    J'ai été tout ce qui précède, et je ne suis pas passé par les aéroclubs - mes parents n'étaient pas assez riches, point. Et j'ai souvenir de maintes et maintes candidats pilotes sur Fouga Magister ou Alpha-Jet qui se la jouaient un peu au début - au tout début, juste avant de se faire éliminer. Car nos instructeurs le disaient bien : "ceux parmi vous qui ont déjà volé en aéroclub, il va falloir qu'on vous fasse oublier tout ça, perdre ces mauvaises habitudes" - et de toutes façons, après les 20 premières heures de vol il n'y avait plus de différence. Ensuite pendant toute ma carrière dans l'Armée de l'air, combien de fois n'ai-je pas entendu (ou dit!) "ce n'est pas l'aéroclub ici !" ... mais pour aller dans l'aviation de ligne ensuite, pourquoi pas, surtout si vous êtes PNC dans un aéroclub AF, c'est connu.
    Que vaut vraiment la formation de ces aéroclubs ? je me souviens des Cessna Pilot Center d'il y a 40 ans, où on vous apprenait à virer avec le pied d'abord, puis ensuite avec le gauchissement - au secours !
    Je suis repassé plusieurs fois par les aéroclubs (j'ai dû en fréquenter une dizaine, au fil de mes domiciles) sans grande conviction, et en fait voilà, je n'ai pas trop aimé. De vieux avions, des locaux tristounets et en désordre, un mélange de vieux pilotes qui friment et de fils à papa, des rancœurs et souvent des ambiances un peu foireuses, voilà. Et dans l'aviation civile, de l'argent, toujours de l'argent à chaque étape.... Interrogez-vous pourquoi justement, beaucoup abandonnent après trois ou quatre ans...
    Quand j'ai besoin d'un avion, je vais dans une école ou une société et j'en loue un, terminé. Peut-être ai-je tort.
    Maintenant pour rester dans le fil de cet article, je suis bien d'accord pour m'indigner du scandale que représenterait une taxation supplémentaire de leur essence - alors laissez-les tranquilles, que diable ! et que tous ces jaloux se consacrent à autre chose - mais voilà, c'est une cible facile. Dans la ville méditerranéenne de ma jeunesse, l'aéroclub ne tenait pas la comparaison côté frime avec les motos et les cabriolets...

    • Je rajouterais, qu'un pilote militaire,s'il n'a pas son réacteur gonflé à la Testostérone au cul, il est franchement en détresse sauf s'il a fait de l'aéroclub ou du planeur, pour autant qu'un Rafale ça plane, mais ça concerne aussi les avions de ligne.

      • Je vous rassure : avant de piloter des avions de chasse, on avait été formés sur D140E Mousquetaire (à l'époque) puis sur CAP 10 et on avait même été lâchés planeur.

    • La description de votre cursus fait pitié pour vous.
      Moi je peux vous donner des contre-exemples comme il y a très longtemps ce cdt de bord sur 747 qui était le président et la cheville ouvrière du vol en montagne avec atterrissage sur glacier. J'ai eu comme président de mon aéro-club le sélectionneur de l'équipe de France de voltige et dans ce même club un instructeur pour le vol de nuit qui était copilote sur Concorde et qui avait même convoyé un monomoteur des USA en Europe. Et que dire des pilotes qui ont sauvé les passagers de leur avion de ligne car ils volaient régulièrement sur planeur.
      Je ne sais pas si aujourd'hui il y a autant de pilotes professionnels à voler régulièrement sur avions de tourisme mais autrefois c'était fréquent au point que je me suis fait souvent la remarque que c'est la seule profession où on a des gens qui ont pour loisir une activité quasiment la même que celle qui les fait vivre. Il est clair que c'est plus excitant de préparer une nav sur DR400 que de faire la Navette entre Orly et Toulouse combien de fois par jour ? Et les deux ou trois pilotes du CEV qui venaient ESSAYER (gracieusement bien sûr) nos avions en CNRA !!!!! C'est avant tout une question de personnalité. Il y a de tout.

      • "préparer une NAV sur DR 400" ?? j'ai plusieurs fois traversé le France en avion léger (CE 43, TB 20, Cessna 172, HR 100) j'ai volé en Corse, au Sénégal aux Antilles, sur ces mêmes avions, et je n'ai jamais ressenti le besoin de "préparer une NAV" Je regarde la météo, je fais le plein, je ne reste jamais en l'air à moins du quart des réservoirs, et ensuite je décolle et je vais là où je veux aller en pointant correctement le nez de l'avion. Et pour votre info, ça marche même à 500 ft et 450 kts en Mirage III dépourvu de système de navigation.
        Ensuite je ne comprends votre phrase sur les pilotes du CEV (vous voulez dire les pilotes d'essais ?) vous pouvez préciser les raisons de votre amertume ?

  • Arrêtez de geindre les gars, de toute façon vous continuerez à voler car vous en avez la volonté et les moyens. Mais, à mon sens, ça ne vaut pas(plus) ce que ça coûte ! (160 à 180 €/h en 2020) ...
    Le problème c'est que nous n'investissons plus dans des « navs » après l’obtention du brevet. Nous ne faisons pour la plupart que des « ronds dans l’air » car une navigation c'est 500 à 1000 € minimum. Ca devient Ridicule !
    Beaucoup d'argent dépensé pour voler et très peu de liberté dans le pilotage avion contrairement à ce que l'on veut nous faire croire. Des contraintes continuelles et une formation quasi professionnelle pour ne piloter souvent que de (très) vieux coucous d'aéroclub (parfois sans freins... je sais de quoi je parle).
    Les aéro-clubs perdent 8.000 pilotes par an (compensés plus ou moins par de nouveaux arrivants pour l'instant) et ce n’est pas étonnant. 5 ans de pilotage par pilote en moyenne. 2 500 brevets par an, soit un pour 3 élèves.
    Un pilote moyen met 2 à 3 ans à être breveté, puis vole encore deux ans durant lesquels il ne fait que de petits vols, histoire de dire qu'il sait piloter un avion (ça fait bien), puis s'arrête. Les jeunes qui veulent devenir pilotes pro ont l'argent de Papa et Maman derrière et finissent en école privée à 110000 €, s'ils ne veulent pas passer par Mathsup et Mathspé, l'Armée ou par un prêt bancaire. Arrêtons de faire semblant et assumons, enfin, le fait que l'aviation de loisir, ben oui, c'est très cher ! Cessons également de faire croire que notre activité est physiquement et intellectuellement élitiste, alors que les pilotes de 75 ans sont légion chez nous et qu'ils ne tiendraient pas en ligne une moto de 250 kg ! En somme, arrêtons d'essayer de nous faire passer pour ce que nous ne sommes pas (ou plus) et les gens reviendrons sereinement vers nos aéroclubs.
    On incite les « CSP+ » à s'inscrire en aéro-clubs, et on voit leur phase motivée... suivi souvent par une phase de désillusion face à une réalité faite de contraintes nombreuses et au fait que leur Livret "A" fond comme neige au soleil. C’est un mirage qu’entretient l’aviation de loisir, sauf pour les réellement riches, ceux qui font vraiment vivre les Aéroclubs. Ils permettent aux autres, aux plus "accros" d’entre nous (dont je fais partie), de continuer à voler jusqu'à ce qu'un Médecin dise "stop".
    Pour beaucoup le PPL semble être devenu « une charge » à maintenir, parfois même à confirmer. D’un lieu convivial, l’aéroclub est passé à une "école privée sans valeur ajoutée» ou un coup de balai à donner dans les locaux semble insurmontable pour certains. Ajoutée à la sécurité de plus en plus contraignante, ça peut dégoûter les plus courageux d'envisager le voyage aérien qui seul permet réellement de renflouer les caisses des clubs. Les "Baptêmes de l'Air" et autres joyeusetés du genre servent surtout à faire des heures "gratos", mais n'ont financièrement que peu d'impact sur les comptes d'un club (là aussi, je sais de quoi je parle).
    Une formation de 20h serait peut-être une solution envisageable, en supprimant le superflu voire l'inutile ! Libre à nous de nous former ensuite en fonction de nos buts personnels, et surtout, en fonction de nos moyens. Ceci, pour faire ce que la plupart des "pilotes du dimanche" souhaitent faire : Se poser sur les pistes du coin et partager un verre avec des amis.
    Le manque d'argent est le principal frein, avec la météo, empêchant nos avions de voler. Assumons le et arrêtons d'essayer de donner de notre activité un vernis "populaire". Ca ne marchera pas car personne ne sera dupe.
    Arrêtons aussi avec cette histoire d'augmentation du prix de l'Avgaz : Nous avons tous les moyens d'encaisser cette hausse et même au-delà, c'est ce qui fait la force de l'aviation générale et lui permet de perdurer. Non ? ... Menteur !
    Bref : Vive la moto !!!

    • Je plussoie très fortement ! Bravo !
      Ce que vole la très grosse majorité : voler ! Pas devenir un pro des procédures et des documents de vol et d'entretien.
      Juste voler, dans les règles de l'art (que beaucoup ne connaissent plus, même des instructeurs), juste pour le loisir d'être en l'air, en respectant le code de l'air comme on respecte le code de la route. Pour faire un tour dans le coin ou aller faire la bise à un copain à 200 bornes de là.
      Pour le plaisir d'aller faire un tonneau et un peu de vol dos à 10 minutes du terrain et de revenir, sans avoir à justifier de 200 heures de Rafale pour emprunter le CAP10...

      Laissez-nous voler !

    • "C'est bin vrai, ça" ; disait la Mère Denis, mais pas qu'elle.
      Quand je pense que même les ULM ont un transpondeur comme un A380

    • salut Presto, moi aussi, ancien pilote de ligne, issu des aeroclubs, et m'eclatant en voyageant avec mon MCR ULM et à faire des splashs avec mon hydro monoplace, les deux tournant au SP98...aller faire des heures en AC sur des camions datant des années 70 pour garder mes licences? quel interet, à moins de voler toujours à quatre? même la voltige, le planeur et le vol en montagne peuvent se pratiquer en ULM!

      • Parce que vous profitez de ce que j'appelle une véritable entourloupe de la DGAC qui au lieu d'assouplir raisonnablement la licence de pilote privé avion a fermé les yeux sur la dérive scandaleuse qu'a pris le mouvement ULM. Du foutage de g............

  • Mais quel est la différence entre ce genre de vol et une croisière en bateau ?
    On part et revient au même endroit, juste pour le plaisir.
    Mais là, c est en avion. Et l'avion c'est pour les riches. Et les "ecologistes" français (d'extreme gauche, mais on dit écologiste, ça fait moins peur) n'aiment pas les riches. Donc l'avion, c est pas bien.

  • Bonjour ,
    En effet les interventions de l'Etat Français pour ce sport , c'est "peanuts" par rapport aux 1200 Milliards de déficit ...

  • Les aéroclub constituent une porte d'entrée incontestable aux développement des sports aériens. Ce serait un non sens inutile de taxer en pleine crise sanitaire et affaiblir les club.
    Que dire des autres sports comme le foot ou le rugby?
    Coupe du monde de foot 2018 en Russie: 2000 supporters à Kazan, 2000 à Leksterinbourg, 5200 à Moscou entre autre, pas à pied.
    Rugby: 10.000 supporters venus de France à Murrayfield tournoi des 6 nations 2020, pas à pied.
    Ce ne sont que quelques exemples.
    Sans dénigrer le rugby et le foot, osez calculer le nombre de jets commerciaux et l'impact carbone de ces sports.
    Osez et surtout comparez. Arrêtez de tirer sur des ambulances.

  • Le Paradoxe n'est qu'apparent.
    Tout à fait d'accord pour dire que l'état ne peut pas refuser de taxer les carburants quel que soit le domaine d'utilisation. Et si l'état ne veut pas pénaliser les aéro-club par exemple, il augmentera les subventions en conséquence. S'il ne le fait pas n'accusons pas les verts. Cela s'appelle une bonne gestion cohérente avec la politique que l'on veut mettre en place : À l'intérieur d'une catégorie, ceux qui consommerons moins seront favorisés, mais globalement la mesure peut être neutre pour une catégorie d'utilisateurs des carburants ... si l'État le veut bien !
    Mais ne nous faisons pas d'illusions, les prochaines années ne seront pas à l'augmentation des subventions, les crises de nerf des pilotes amateurs ne pèserons pas lourd face à l’endettement post-covid de l'État.

    • Des subventions ? Quelles subventions ? Ça fait belle lurette que l’état ne subventionne plus les clubs..

  • C'est drôle, pour un article parlant de la formation en aeroclub de ne pas mentionner la championne de France unlimited....
    Un problème monsieur Roy ?
    Et ce n'est pas la première fois

  • "aligner le prix de l’AvGas sur le Super":je croyais que l’AvGas était déjà plus cher que le Super ? Ca serait plutôt une bonne nouvelle, alors ? Je me trompe ?

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