Et pourtant si une start up inspirait confiance, c’était bien Universal Hydrogen. Son projet n’était pas du genre à avoir jailli dans l’esprit brillant de jeunes diplômés d’une prestigieuse université. Il était porté par des pointures de l’aéronautique qui en imposaient. Tout aussi talentueux et diplômés, mais moins jeunes donc plus rassurant. Ces profils LinkedIn XXL avaient réuni des bienfaiteurs de poids qui avaient tout pour rassurer les banques. Son conseil stratégique consultatif en imposait tout autant. Universal Hydrogen avait même ouvert une tête de pont à Toulouse, la nouvelle capitale mondiale de l’aéronautique civile. La californienne cochait toutes les cases et pourtant…
Il y a quelques jours, le Seattle Times, le quotidien bien informé de l’autre capitale mondiale de l’aéronautique, a révélé qu’Universal Hydrogen était en faillite. Faute d’être parvenu à lever de nouveaux fonds, elle a décidé d’arrêter là, l’aventure. Il y a peu encore, elle affirmait que son kit de transformation des avions régionaux de type ATR 42/72 ou Dash-8 entrerait en service en 2025.
Investisseurs comme repreneurs potentiels ne se contentent, apparemment, plus de promesses. Universal Hydrogen est le premier à jeter l’éponge de manière fracassante. Les autres ont tout aussi besoin que lui de fonds et comme lui, ils rencontrent les mêmes difficultés. L’Europe n’a pas les moyens et les USA sont en train de changer d’objectifs. Si Trump est élu en novembre prochain, la lutte contre le dérèglement climatique ne sera plus une priorité. Les fonds d’investissements préfèrent, semble-t-il, temporiser en attendant de savoir sur quoi miser à l’avenir. Il va falloir tenir…
Toutes les start up n’ont pas la chance de pouvoir compter sur le soutien inconditionnel d’une collectivité territoriale pour prolonger indéfiniment leur décollage. Certaines organisent une surenchère entre investisseurs publics sans, à ce jour, avoir validé leur stratégie. Qu’il s’agisse de solutions hydrogène, de piles à combustible, d’hybride électrique ou de 100% électrique, de kit de transformation, d’avion complet, de dirigeable électrique ou d’eVTOL, on peut parier sans trop prendre de risque sur un glissement des calendriers et sur un écrémage…
Et pendant ce temps, ZeroAvia continue de faire voler son Dornier 228 équipé d’un moteur à hydrogène. Hasard du calendrier, quelques heures seulement après l’annonce de la faillite d’Universal Hydrogen, American Airlines annonçait son intention de commander à son poulain ZeroAvia, 100 moteurs électriques à hydrogène destinés à propulser des avions à réaction régionaux de type Bombardier CRJ700. Au passage, la compagnie américaine remet au pot. Elle a toutefois posé ses conditions. Il faut évidemment que la solution proposée par ZeroAvia fonctionne. Mais elle y croit et elle affiche sa volonté de réduire ses émissions de CO2 afin de pouvoir continuer à répondre librement à la demande de voyages qui se confirme, mois après mois.
La fin d’Universal Hydrogen ne sonne pas le glas de la transition énergétique de l’aviation. Mais c’est un avertissement autant qu’un encouragement à plus d’humilité. Les déboires du champion déchu de l’hydrogène devraient calmer les promesses intempestives des porteurs de projets et les ramener à plus de réalisme. Admettre que le défi à relever n’est pas facile, c’est déjà faire un pas vers la solution.
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