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Dépose minute

Les faux-amis

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Gil Roy
© Vincent / Aerobuzz.fr

Ryanair qui quitte Bordeaux parce que l’aéroport lui a tenu tête. easyJet qui ferme sa base de Toulouse parce qu’elle ne rapporte plus assez. Ce n’est pas l’ouverture de la dixième base française Volotea à Rodez qui va compenser ces coups de force des deux principales compagnies low cost européennes. Les aéroports régionaux français seraient-ils devenus moins attractifs ?

Les communiqués triomphants des organisations mondiales du transport aérien, que ce soit l’IATA ou ACI, cachent la réalité à laquelle sont confrontés les aéroports régionaux français. Si le transport aérien mondial frôle la barre des 5 milliards de passagers aériens cette année, ce ne sera pas grâce à la France. La preuve à l’échelle d’un groupe comme ADP…

Sur les 8 premiers mois de 2024, le total des passagers accueillis sur les aéroports du groupe est supérieur de plus de 4 points par rapport à 2019. En revanche, au niveau des deux aéroports parisiens, il est encore en retrait de près de 2 points. Et encore, les Jeux Olympiques et Paralympiques ont boosté, en juillet et aout, le trafic à Orly et CDG. Pas sûr que l’effet Paris 2024 se prolonge sur le dernier trimestre de l’année.

Vinci Airports reflète également, à son niveau, le même contraste entre ses résultats internationaux et hexagonaux. Quand, sur les 8 premiers mois de 2024, l’ensemble des aéroports du groupe est deux pourcents au-dessus du niveau de 2019, les seuls aéroports français sont 13 pourcents en dessous. Lyon qui continue de tourner essentiellement sur un seul terminal affiche un recul de 11% sur les six premiers mois de l’année, et Nantes 3,2%. Le décrochage est encore plus spectaculaire sur les plus petits régionaux comme Rennes (-42%), Toulon (-44%) ou encore Clermont-Ferrand (-46%).

En définitive, sur les 8 premiers mois de 2024, seuls Nice (102% par rapport à 2019), Marseille (111,2%) et Orly (102,3%) ont retrouvé leur niveau d’avant-crise. Dans le Top 10, la palme revient toutefois à Beauvais qui affiche une croissance post-Covid exceptionnelle (166,2% par rapport à 2019). Ce quatuor permet à la France de globalement sauver la face (98,3% par rapport à 2019). Et en creusant ces résultats, il apparaît que le trafic intérieur est encore 20 points en dessous de ce qu’il était en 2019. Et le rétablissement promet d’être laborieux ; le train et les visioconférences pèsent lourd. La politique de rigueur que prépare le nouveau gouvernement français ne va sans doute pas arranger la situation.

Cet effondrement du marché intérieur éclaire d’un autre jour les décisions récentes de Ryanair et d’easyJet et font craindre celles à venir de Volotea. Pendant des années, le low lost a été le moteur de la croissance des aéroports régionaux français. Il ne faudrait pas qu’il en devienne le fossoyeur. A l’évidence, Beauvais ne partage pas cette inquiétude. Il va investir 190 M€ pour accompagner l’envolée de son trafic 100% low cost… et 80% Ryanair !

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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  • Le comportement démagogique et irresponsable des gouvernants de notre pays assassine à grands pas nos lignes intérieures. Et fragilise fortement les autres. Notre pavillon court vers sa perte. Mon ami patron d’Amelia qui avait fait un très gros effort d’investissement et s’était lancé dans la reprise des petites lignes de délégation de service public abandonnées par Hop/ Air France , a été contraint de lâcher prise. L’état a non seulement tué les lignes intérieures au profit de trains bondés ou inexistants, souvent sans correspondances , mais depuis cette année les aides d’Etat au titre du désenclavement ont été supprimées. Du coup le financement de ces lignes n’est plus possible à rentabiliser. Il a abandonné Clermont, Aurillac, maintenant Brive, et Rodez. Le service en Embraer 145 était impeccable. Strasbourg Bruxelles va suivre. Trop de déficits à assumer. Chalair reprend Brive en ATR de vieille génération. Volotea Rodez en A319 de 140 places. Courageux mais suicidaire. Ces lignes donc ces aéroports sont condamnés à court terme. Comme la plupart des aéroports privatisés de province. Chance que Nantes ND des Landes ait été abandonné ! Cela évitera un autre Metz Nancy Lorraine, Montluçon Guéret, Brive Souillac etc. Que c’est triste. Les entreprises isolées vont s’enfuir dans la foulée. Aménagement du territoire et désenclavement = 0.
    De même l’expulsion des opérateurs hélico d’Issy Les Moulineaux qui devient une Heli station pour brefs posers. Les pauvres entreprises préparant du coup leur faillite en s’installant ou s’éparpillant à des dizaines de kilomètres de la clientèle parisienne.
    Les démolisseurs sont à l’œuvre. Idéologues de tout genre, écolos bornés, économistes financiers sans vision à long terme. Misère. Et la Ligne du Capitole, fleuron de la sncf sur Paris Limoges Toulouse devenue un tortillard vieillot ignorant les horaires. Tandis qu’on veut imposer un TGV sur Dax Toulouse à Partir de Bordeaux qui confirmera l’ignorante de tout le tissus humain et industriel sur cette ligne autre fois des Ministres, Brive, Souillac, Cahors etc. Misère. Pauvre France. Le talent ne parvient plus à compenser la méchanceté et la Bêtise 🥶✈️🚁.

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