L’Allemagne va acheter jusqu’à 60 Boeing CH-47F Chinook auprès de Boeing. L’hélicoptère birotor était en concurrence contre le CH-53K de Sikorsky, filiale de Lockheed Martin. C’est une défaite sévère pour Sikorsky, éjecté du marché allemand après avoir fourni 80 CH-53G à Berlin au début des années 1970.
Plusieurs éléments ont fait pencher la balance en faveur de Boeing, à commencer par le prix. Le CH-47F n’est pas donné : environ 4 milliards d’Euros budgetés pour la future flotte, ce qui place l’unité à un peu plus de 60 millions… Mais le CH-53K, encore plus lourd et plus puissant, fait mieux, avec un prix unitaire supérieur à 90 millions. Plus cher qu’un Rafale…
L’utilisation du Chinook par plusieurs autres pays de l’OTAN a également pesé lourd dans le choix allemand. On trouve des hélicoptères birotors en Grèce, en Italie et en Espagne, en Hollande et en Grande-Bretagne ainsi qu’en Turquie. La France, qui a défriché l’emploi de l’hélicoptère au combat, qui a également été sans cesse engagée militairement au cours des trente dernières années, est absente de la liste. Trente ans (ou même cinquante…) que les militaires français crapahutent sans cesse en Afrique, trente ans qu’ils se plaignent de ne pas disposer d’hélicoptères lourds.
Alors depuis tout ce temps, ils font avec les moyens du bord, ils bricolent. Pendant l’opération Serval en 2013, les raids ont parfois dû se faire en camion faute d’appareils disponibles. C’est usant, ça va moins vite et c’est moins discret. Mais le soldat français est endurant, ce qui est bien pratique pour le budget des armées.
N’allez pas croire pour autant que le problème de l’hélicoptère lourd passait inaperçu. Très consciencieusement, l’Assemblée Nationale et le Sénat ont pondu différents rapports sur la question, des études ont été faites, des plans grandioses ont été évoqués. L’idée d’un achat commun de la France et de l’Allemagne a commencé à prendre corps autour de 2003. De beaux dessins d’un Heavy Transport Helicopter avaient été diffusés à l’époque par Eurocopter.
Quatre ans plus tard, une déclaration d’intérêt commune avait été signée en plein Salon du Bourget. On évoquait alors une mise en service d’un appareil commun de 30 à 40 tonnes en 2020. Grandiose. En 2007, le CEV évaluait le Mi26T : on imaginait alors une coopération avec l’hélicoptériste russe Mil. Super grandiose ! En 2013, on évoquait cette fois une coopération avec les Britanniques… Tournez manège !
Nous voilà en 2022. Cinq pays européens possèdent ou vont posséder leurs Chinook. Mais pour la France, pauvre pays de seconde zone, c’est toujours trop cher.
Achat, formation des équipages, maintenance, infrastructure… hors de portée financière pour une ALAT étranglée par le financement des Tigre, NH90 Caïman et futurs Guépard. Peut-être une solution miraculeuse aurait-elle été trouvée si Airbus Helicopters avait eu un tel appareil en catalogue, mais ce n’est pas le cas. La carte du soutien à l’industrie, qui fonctionne à plein régime par ailleurs, n’est d’aucun secours ici. Moralité de l’affaire : l’Allemagne s’équipe pour des guerres qu’elle ne fait pas et la France fait des guerres pour lesquelles elle ne s’équipe pas.
Frédéric Lert
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