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Dépose minute

Patrimoine

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Frédéric Marsaly
© Vincent / Aerobuzz.fr

« Ha mais les anglais, question aéro, c’est pas comme chez nous ! Au moins, des avions, ils en ont plein partout et pas question de les passer au broyeur !», me disait un quidam l’autre jour en commentant les déboires du Breguet Alizé un temps SAF (sans aérodrome fixe). Quelques heures plus tard, c’est un autre qui se plaignait d’un Musée de l’Air et de l’Espace « dans la dèche » et ses avions en train de pourrir partout.

Ça interpelle…

L’aviation de collection est très vivante outre-manche et personne ne s’en plaindra ! Mais le patrimoine aéro, ce ne sont pas que les chasseurs de la seconde guerre mondiale. Même en Grande-Bretagne, tout n’a pas pu être conservé. Et même pour les appareils préservés, rien n’est jamais gagné comme le F-105G de Croughton, le Victor de Marham et le Guppy de Bruntingthorpe l’ont récemment démontré. Avaient-ils eu le tort de ne pas être des Spitfire ? Ne leur jetons pas la pierre ; un abruti, un jour de 1986 à Orly, a fait passer la Caravelle 001 sous un bulldozer !

Car le constat est quand même bien plus nuancé. Sur un grand nombre de points, et notamment les avions de combat de la Seconde Guerre Mondiale, la France souffre effectivement de la disparition de pratiquement tous les D.520, des Bloch 152 ou des F.K. 58. On doit à la Suisse et… aux Anglais, d’admirer parfois la patrouille d’un Hawk 75 et d’un D3801 ! Les causes en sont nombreuses et si l’Angleterre n’a été envahie que par des hordes de GI’s, on peut aussi se poser la question où sont passés les Beaufighter, les Typhoon, les Halifax ou les Mosquito auxquels ils doivent aussi la victoire ? AAaarrggg, Barbara, quelle connerie la guerre !

Mais preuve que rien n’est gravé dans le marbre, cette semaine, un authentique Hawker Tempest Mk.II a revolé. Même si cette version n’a jamais participé au conflit mondial, c’est une résurrection absolument exceptionnelle.

Ils ont aussi une politique de préservation des Warbirds et des avions classiques qui se fait souvent sous l’égide du business avec quelques entreprises capables de vous reconstruire un Spit à partir d’une simple plaque constructeur ! Ça a beau couter quelques millions de Livres, c’est quand même très… très fort !

Le constat sévère n’est pas dénué de fondements. Oui, il y a plus que des trous dans la raquette du patrimoine aéro français, des gouffres même. La faute à qui ? chercher des responsables, c’est se tromper de combat. La plupart ne sont sans doute plus en mesure de répondre de leurs oublis ou de leurs erreurs. Quand bien même il y avait erreur ; peut-on blâmer Jean Frélaut d’avoir réussi à sauver un Seafire Mk.III dans un parc à ferraille près de Lorient en 1970, le jour même où les ferrailleurs démantelaient juste à côté le dernier Bloch 175T, et sans doute le dernier vrai avion Bloch survivant ? L’un était sauvable, l’autre trop incomplet. Où sont les Lioré et Olivier, où sont les Amiot, les Farman ?

Nous avons donc bien beaucoup à apprendre d’outre-manche et d’outre-Atlantique. Mais devons-nous continuer l’autoflagellation permanente ? Même si beaucoup de points sont encore perfectibles, les lignes ont bougé. Après des décennies d’abandon, les réserves du musée de l’air et de l’espace (MAE) commencent à être sérieusement abritées et une partie de la zone où les avions sont exposés en extérieur devrait être couverte. Ça ne se fait pas en un claquement de doigts, il faut de la volonté mais aussi… du budget pour réaliser ces projets. Mais il n’y a pas que le MAE. A Corbas, à Vannes, à Rochefort, à Dax, à Saint-Victoret, à Bordeaux, à Biscarrosse et ailleurs on s’agite pour préserver ce qui peut l’être. Des avions récemment retirés du service, certains volent toujours, d’autres voleront à nouveau aussi et ce mouvement de préservation s’étend désormais jusqu’au matériel de piste : Une déneigeuse Bertin a été sauvée, pour ceux qui les ont vu en service, c’est quelque chose qui ne s’oublie pas.

D’Albert à Montélimar via Alençon en passant par les « Terre Sainte » de Montaudran et de la Ferté-Alais, ça bosse ! Ici ou là, pas à pas, les choses avancent. Le Cap 10 numéro 1 est classé mais vole encore, tout comme le tout premier Piel Emeraude car le patrimoine n’est pas que militaire. Et puis, ce 10 octobre, alors que, à Sywell, le Hawker s’apprêtait à s’envoler pour la première fois depuis 73 ans, à Nîmes, le Tracker T15 quittait enfin le sol après seulement 4 ans d’immobilisation. Qui aurait pu penser à un tel aboutissement quand on se souvient de la façon dont cette histoire s’était interrompue ? Quand on se souvient de la triste fin des CL-215 à Boussiron en 2004… La preuve que la France est bien sortie de l’immobilisme, elle est là !

Ça ne tient pas à une simple volonté politique générale, ça ne tient qu’à quelques individualités fortes, motivées et plus que volontaires et à la bonne volonté de leurs interlocuteurs. Quand tout se passe bien, le résultat est bluffant !

Il faut être honnête. La situation du patrimoine aéro est sans doute meilleure et mieux prise en compte qu’il n’y a ne serait-ce que 10 ans. En comparaison avec la Grande-Bretagne, les situations respectives ne sont pas encore totalement équivalentes mais la France partait aussi de tellement loin. Faut-il pour autant se réjouir ? Surtout pas malheureux ! Mais une chose est certaine, rougir, surtout face aux anglais, n’est pas de mise. À nous de faire mieux qu’eux désormais !

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Frédéric Marsaly

Frédéric Marsaly, passionné par l'aviation et son histoire, a collaboré à de nombreux média, presse écrite, en ligne et même télévision. Il a également publié une douzaine d'ouvrages portant autant sur l'aviation militaire que civile. Frédéric Marsaly est aussi le cofondateur et le rédacteur en chef-adjoint du site L'Aérobibliothèque.

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  • En GB, vous pouvez restaurer ou reconstruire, voire même, créer un engin motorisé à 4 roues dans votre cuisine, vous n’aurez aucun problème pour l’immatriculer. Essayez de faire la même chose ici…

    Ici on peut restaurer reconstruire, voire même créer un AVION dans son atelier et on pourra le faire immatriculer tout comme en GB

  • Ca ne concerne pas que les avions, mais aussi les automobiles, les bateaux, en fait, tout ce qui touche à l'histoire industrielle de ce pays.
    En GB, vous pouvez restaurer ou reconstruire, voire même, créer un engin motorisé à 4 roues dans votre cuisine, vous n'aurez aucun problème pour l'immatriculer. Essayez de faire la même chose ici...
    Jacobinisme, gout du centralisme administratif qui nous vaut un des plus forts taux de fonctionnaires par habitants des pays de l'UE...?
    Quant à la "célébration" des Spitfire et autres Hurricane, véritables icônes volantes de l'autre côté de la MAnche, il ne faut pas non plus oublier que ces dernier (et surtout le Hurricane) ont contribué à empêcher les allemands d'envahir la GB.
    Ici, on parle d'une période de l'histoire que beaucoup préfèrerait oublier.

  • Bah ... les anglais !
    Si je suis vivant, ce n'est pas grâce à eux :
    Après avoir garé le "Papillon" sur le parking réservé de l'aéroport de Brême, le Mécanicien Navigant qui était parti poser les sécurité de train est revenu en soute inférieure et par la trappe a hurlé :
    "Evacuez vite, ça va exploser ! Laissez tout, sortez vite !"
    Nous dégringolons par l'échelle en soute inférieure, je fonce vers la porte de sortie et en passant devant le panneau électrique constate qu'il est noyé par du kérosène qui coule et dégouline du plafond de la soute.

    Les pompiers alertés ne font que constater l'incident et l'avion étant électriquement inerte la seule chose à faire est d'attendre que le kérosène ait fini de couler, puis de laisser sécher et enfin d'aérer l'avion.
    A Manchester, les anglais avait rempli de kérosène les réservoirs de l'aile d'Airbus que nous transportions et avaient "oublié" de les vider totalement.
    L'enquête a conclu que ça n'avait pas explosé par saturation du mélange air/kérozène.

    L'incident s'est reproduit une deuxième fois, et j'étais encore sur ce vol.

    Le chef-pilote a écris que si ça se reproduisait encore les vols seraient arrêtés. Comment s'est réglé l'affaire au plus haut sommet, je n'en ai pas eu beaucoup de retour car ça n'a pas fuité ...

    Tours est-il que ce"sabotage" ne s'est plus reproduit.
    (à l'poque les anglais achetaient Boeing, dénigrant l'Airbus qui leur procurait pourtant des emplois et des retombées financières)

    Je ne suis pas étonné qu'ils ferraillent le Super Guppy, convaincu depuis belle lurette que son destin était scellé à l'instant où il atterrissait en perfide Albion.

    Ceci étant j'admire le côté spotter et passionné de l'aviation des anglais.

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Frédéric Marsaly

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