Les Américains l’ont annoncé, un appareil de formule Blended Wing Body (BWB) volera en 2027. Des décennies que l’on parle de cette bestiole hybride, à mi-chemin entre l’avion classique « tube et ailes » et l’aile volante pure. Le BWB, avion à fuselage intégré en bon français, est censé prendre le meilleur des deux mondes pour offrir, tenez-vous bien, des économies de carburant de 30, 40 et pourquoi pas 50% !
C’est du moins ce qu’annonce le triumvirat JetZero, Lockheed Martin et Scaled Composite sélectionné par le Pentagone pour faire voler un démonstrateur technologique. Ces 50% seraient obtenus par le simple bénéfice d’une formule aérodynamique innovante et par un allègement de la structure. Les militaires se frottent les mains, les civils ont les yeux qui brillent.
Les communicants n’ont pas attendu pour annoncer la bonne nouvelle urbi et orbi : pensez donc, Paris-New York en ne consommant, par passager, que deux litres d’huile de friture aux cents kilomètres. Mangez des frites et dans le même temps sauvez le monde. Tout un programme…
Nous n’en voulons pas aux communicants de frapper fort sur leurs tamtams, après tout ils sont payés pour ça. Mais nous voulons rappeler qu’il existe dans le monde aéronautique une autre espèce de bipèdes, de la famille des studieux cette fois, sous-embranchement des porteurs de lunettes : les ingénieurs. L’ingénieur n’est pas un marrant. Il est même franchement doué pour casser l’ambiance partout où il passe.
Le communiquant est un être sympathique et généreux, qui aime son prochain et nourrit les médias de beaux rêves en couleurs. L’ingénieur est son antithèse : c’est une petite chose mesquine qui possède une règle à calcul à la place du coeur et qui s’est donné pour mission de compliquer l’existence des journalistes en leur révélant l’horripilante complexité du monde.
Si vous en doutez, considérez donc l’exemple du BWB : quand le communicant nous explique que le voyage du futur se fera dans une espèce d’aquarium grand comme un salle de spectacle et lumineux comme un appartement témoin, l’ingénieur nous dit « nan nan nan, c’est pas possible ! » Pourquoi ? Parce que les lois de la physique sont têtues.
Un avion de ligne, il faut le pressuriser. Et il n’y a rien de plus simple à pressuriser qu’un cylindre. Avec la forme aplatie d’un BWB, c’est la croix et la bannière, il faut mettre des renforts partout. Ça ne sera plus une cabine, mais une forêt des Landes après la tempête. Il ne s’agit pas de dire que ça ne marchera jamais, il s’agit de rappeler qu’il y a des choses possibles et d’autres qui le sont moins.
Mais alors direz-vous, écouter les ingénieurs sur les BWB, c’est basculer du côté obscur de la force, c’est ouvrir la boite de Pandore des illusions perdues ? C’est se poser des questions de bon sens sur les eVTOL, l’avion électrique et l’hydrogène ? C’est choisir, comme Neo le fait dans Matrix, la pilule rouge de préférence à la bleue ? C’est tout simplement vertigineux…
La tour de contrôle centrale de l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle est en travaux. Fin… Read More
Depuis plus de quatre décennies, le Pilatus PC-7 constitue la pièce maîtresse de la formation… Read More
On a rarement vu une compagnie aérienne aussi bien préparée à déposer le bilan que… Read More
Dans un roman, Jean Rousselot raconte à la première personne du singulier la carrière militaire… Read More
Textron Aviation a livré à l'armée de l'air péruvienne le premier de 2 Beechcraft King… Read More
Il était le candidat malheureux de Sikorsky et Boeing face au V-280 Valor de Bell… Read More
View Comments
Maintenant à 10 000+ m ces renforts ne travailleraient qu'en traction, on pourrait presque les remplacer par des cables, laissant ainsi la salle de cinéma fonctionnelle :-/
👍🙂