Rase campagne

Ukraine, Chine, F-35 et B-21… Autant de sujets importants pour les Etats-Unis, mais qui ne sauraient faire oublier l’essentiel : la question de la pilosité faciale. Attention : sujet sensible dont l’US Air Force vient de s’emparer à bras le corps. Il était temps, la chienlit n’était pas loin ; on ne plaisante pas avec les poils au pays qui a inventé le porno et le chewing gum…

Le 29 février dernier, la plus grande force aérienne du monde a donc publié l’instruction DAFI 36-2903 qui détaille au quart de pouce près ce qu’il est possible de faire ou pas. Des instructions précises accompagnées de photos pour lever toutes les ambiguïtés.

On apprend ainsi qu’il est possible de se raser les tempes, mais pas sur plus de 4 pouces de long et un quart de pouce de large. Les moustaches sont tolérées, mais doivent toutefois respecter des règles strictes : elles ne peuvent dépasser en largeur la ligne verticale partant de la commissure des lèvres sur plus d’un quart de pouce. Ce qui suit est très important : elles ne doivent pas descendre plus bas que la lèvre supérieure. Je connais un ancien leader de la PAF qui aurait été bien malheureux avec cette règle…

N’allez pas croire que les choses sont plus simples pour les femmes et apparentés : la couleur du maquillage, la taille des faux cils, les teintures, la taille des cheveux, tout est également codifié.

Reste le terrible problème de la barbe, toujours interdite pour les hommes comme pour les femmes. Elle n’est autorisée, sur dérogation, que dans certains cas particuliers pour raison médicale ou religieuse. Les Américains adorant les statistiques, ils ont toutefois compté une augmentation de 50% du nombre des exemptions ces dernières années. Mais celles-ci ne règlent pas tout, car une étude a montré que les barbus souffraient de discrimination et accédaient difficilement aux postes à responsabilité dans le recrutement ou l’instruction. Pire, la célèbre patrouille des Thunderbirds leur est carrément inaccessible.

Face à ce problème existentiel, il s’est trouvé des élus de la commission défense de la chambre des Représentants pour lancer un programme d’étude . Objectif, mesurer l’impact de la barbe sur la sécurité, la discipline, le moral et l’inclusion. Un rapport d’étape sera rendu dans un an et le rapport final le sera dans trois ans. Aerobuzz.fr vous tiendra au courant et, d’ici là, les barbus continueront de raser les murs.

Et en France me direz-vous ?

Il faut avoir le courage de le dire, la situation est catastrophique. Mettez le nez dans n’importe quel escadron et vous serez sidéré par le nombre de barbus. Il se trouve même des officiers généraux pour cultiver artistiquement leur pilosité.

« C’est arrivé progressivement, avec le temps et l’évolution des moeurs » explique un pilote de Rafale. L’armée est le reflet de la société, les chauves ne font plus peur et les barbes de trois jours sont de sortie. « Dans une société normalisée à l’excès, la barbe, c’est spirit ! » résume notre chasseur.

Et puis les temps sont durs pour le recrutement et personne n’a envie de se priver d’un bon élément pour une histoire de poils. C’est donc la bonne nouvelle du jour : les armées font preuve de bon sens et préfèrent se préparer au combat plutôt que de couper les cheveux en quatre.