L’annonce de la décision a eu l’effet d’une grenade assourdissante. KO debout ! L’incrédulité d’abord. La sidération ensuite. Ce n’est pas possible. L’anti-spam n’a pas fonctionné. A la deuxième lecture du communiqué de presse, d’une froideur cadavérique, il n’y a pas de doute. Ce n’est pas un spam, mais un faire-part d’enterrement.
« Sonaca Aircraft arrête la production des avions S200 ».
Les actionnaires du groupe belge n’ont pas voulu remettre au pot. Ce n’est pas ce qui est écrit, mais c’est la réalité. Deux millions d’euros auraient été nécessaire pour passer la bosse. Le Covid a bon dos.
« L’arrêt des activités de Sonaca Aircraft constitue une décision nécessaire. »
Le groupe jette l’éponge au moment où la demande en avion-école a rarement été aussi forte. Il aurait dû éplucher les résultats trimestriels de la branche, avant de rédiger son communiqué. Au premier trimestre 2022, les livraisons d’avions à pistons ont fait un bond de 14%, après une hausse de 5,5% en 2021. C’est la GAMA, la fédération des constructeurs d’aviation générale qui le dit. Sonaca Aircraft est membre de cette association. Plus pour longtemps…
« La pandémie du Covid-19 (…) a fortement affecté l’aviation générale, en particulier les activités liées à la formation et l’écolage des pilotes. »
Les écoles ont peut-être connu un point bas au début de la crise, mais aujourd’hui elles tournent à plein régime. Les compagnies aériennes recommencent à embaucher. Il faut former des pilotes. Rapidement et au moindre coût. Les écoles ont besoin d’avions économiques, adaptés aux nouveaux standards pédagogiques et qui consomment peu. En attendant mieux, les biplaces à moteur Rotax sont la solution. Le Sonaca 200 n’est pas un avion révolutionnaire, mais c’est un outil solide qui répond à un besoin.
« Le Sonaca 200, spécialement conçu pour les vols d’entraînement et de loisirs, aura été livré à 57 exemplaires depuis sa création. »
Désormais, le groupe Sonaca va pouvoir concentrer toutes ses ressources sur la sous-traitance aéronautique et spatiale. Un métier difficile. Les donneurs d’ordres en demandent toujours plus. Sonaca a perdu son statut d’avionneur. Il redevint un sous-traitants parmi d’autres.
Courage Pierre !
Gil Roy
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@ GR
Que le marché de la petite aviation soit aventureux n'est pas une nouveauté. Néanmoins, il est effectivement heureux que certains s'y risquent malgré tout. Par contre, les féliciter d'y avoir fait un aller-retour rapide, pour explicable qu'il puisse être, revient à considérer les premiers clients dont les machines deviennent quasi-orphelines soit comme des co-investisseurs trahis (j'ai failli écrire cocus), soit comme des aventuriers... Ça se discute.
Haro sur les actionnaires qui rechignent à continuer à sponsoriser notre marché !
Au motif que les ventes des biplaces Rotax ne peuvent que croitre et que ces actionnaires manquent de courage pour continuer à attendre ...
Si nous avons accès aux perspectives de vente, il nous manque un terme de l'équation : le cout de production et ses perspectives d'évolution.
Car si un investisseur peut tolérer (un certain temps) une faible perte par unité sur un petit nombre de ventes; c'est une autre histoire si les pertes unitaires sont élevées et les perspectives de vente tout aussi élevées.
Le problème est que le marché de l'aviation générale de l'entrée de gamme a du mal à trouver son équilibre : même en croissance, la taille du marché est insuffisante pour amortir la R&D et industrialiser la production.
Alors de mon côté, je préférerais féliciter ces investisseurs qui ont tenté l'aventure.
Car ils connaissaient l'adage : "Comment faire une petite fortune dans l'aviation générale ? ...Partir d'une grande !".
Je pense que vous avez tout parfaitement résumé