Ils ont commencé à faire parler d’eux au milieu des années 2010. En ce temps-là, le grand rendez-vous mondial des voilures tournantes s’appelait encore Heli Expo et les choses étaient simples à comprendre : on y parlait d’hélicoptères, point final. Et puis, peu de temps avant que le COVID s’invite dans notre vie, les drones ont fait une entrée remarquée sur le salon. De grosses boites accrochées sous des petites hélices, des ambiances tamisées et minimalistes, une élégance futuriste et la promesse d’un air pur. Avec leurs grosses tuyères, leurs tableaux de bord incompréhensibles et leurs tôles vulgaires, les hélicoptères ont pris subitement un méchant coup de vieux.
En 2019, Bell affola les compteurs d’Heli Expo avec son Nexus : une grosse maquette en plastique, six rotor carénés, des LEDs dans tous les coins. Le SUV volant et boursouflé occupait tout l’espace sur le stand d’où avaient complètement disparu les hélicoptères. Un comble !
Airbus Helicopters, Leonardo, Boeing et quelques autres suivirent le mouvement avec leurs propres projets d’eVTOL. Ne voulant pas rater le coche, soignant sa réputation de tolérance et d’inclusivité, Heli Expo commença à réfléchir à un changement de nom.
Et nous voilà en 2025 : la marque « Heli Expo » est passée à la trappe, remplacé par « Verticon », alias Vertical Convention. Un grand raout ouvert à tout ce qui peut tenir le vol stationnaire, un mot nouveau pour un monde nouveau. Oui mais voilà : quand les portes de Verticon se sont ouvertes à Dallas mardi dernier, les eVTOL avaient disparu du paysage, balayés par un certain retour à la réalité. Bye bye les Nexus, Vahana, Projets Zero et autres CityAirbus… Seul Joby faisait de la résistance en déployant ses hélices face au stand de Bell où étaient revenus les hélicoptères, les vrais, les costauds, les tatoués.
Après l’assaut du COVID, après celui des trucs électriques, le monde de l’hélicoptère « traditionnel » repart donc de l’avant, avec une force renouvelée. Verticon 2025 a été un salon très dynamique, avec près de 700 exposants et 15.000 visiteurs. Une communauté soudée, passionnée, impliquée dans son ensemble dans tous les aspects de l’hélicoptère, des plus simples aux plus complexes. Et dans ce contexte électrisé à défaut d’être électrifié, soyons fiers : l’industrie française a fait mieux que tenir son rang.
Avec pas moins de 74 H140 vendus, Airbus Helicopters a mis dans le mille avec son nouveau cheval de bataille dans la catégorie des biturbines légers. A l’autre bout du salon, on se frottait les mains chez Safran Helicopter Engines avec la sélection des turbines Arrius et Arriel pour motoriser le H140 précédemment cité et le futur R88 de Robinson. Deux programmes majeurs, deux sélections en source unique, sans concurrent à l’horizon. La belle opération d’un salon sérieux dont le nom fait quand même bien rire.
2 commentaires
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Bravo, Frédéric ! Ou comment parler d’un sujet sérieux, avec humour et qualité littéraire.
Fort bien dit. Sacrifier à la mode c’est occulter la réalité. ADP a dépensé 1 million d’euros et pourri la vie des usagers de LFPT pour faire un vertiport ridicule et inutilisé. La Mairie de Paris a fait volte-face et finalement retorqué les plateformes et projets de Taxis drones pilotes du bord. Les industriels ont foncé vers un concept ridicule qui n’a existé que dans Black et Mortimer en science fiction … Il faut surtout défendre l’hélicoptère utile efficace et qui sauve. Et les Héliports (@) Un temps viendra pour le remplacer sans doute. Mais tout comme l’avion à hydrogène…. Patience et modération. 🚁🚁🚁👍🍀