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Dépose minute

Voyage à Friedrichshafen

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Gil Roy
© Vincent / Aerobuzz.fr

« Je m’en veux de ne pas être venu avant ». Habituellement, c’est le genre d’aveux que l’on fait lorsque l’on arrive trop tard. Sous-entendu : en venant plutôt, on aurait pu limiter la casse. On aurait su… Et on le regrette. Mais dans le cas présent, c’est un autre sentiment qui justifie cette exclamation.

Si Damien Cazé, le Directeur général de l’aviation civile, la semaine dernière, regrettait de ne pas être venu « avant », c’est parce qu’à Friedrichshafen, il a pris un shot d’air libre qui lui a procuré un plaisir inattendu. Les habitués du salon allemand connaissent bien cette sensation. L’effet Aero se renouvelle en permanence.

Vous débarquez à Friedrichshafen englués dans les problèmes qui entravent le développement de l’aviation générale : les aérodromes menacés et les zones réglementées qui se multiplient, le prix de l’heure de vol qu’il s’envole, les taxes, les DR400 qui vieillissent, la DSNA, l’OSAC, la DGAC, les STC, les AD… N’en rajoutez plus, la tête est pleine !

Et dès les premiers pas dans le premier des douze halls du lumineux parc des expositions, vous passez en mode émerveillement. L’envie de voler reprend le dessus et le moral remonte en flèche. Le patron de la DGAC n’est pas le seul à avoir pris Aero en pleine face, la semaine dernière…

Les professionnels de l’aviation d’affaires venus en force cette année, ne cachaient pas leur surprise. Ils ne s’attendaient pas découvrir, sous un même toit, plus de 300 machines volantes aussi différentes, toutes plus séduisantes et étonnantes les unes que les autres. Sans compter les centaines de stands de fournisseurs d’équipements.

En élargissant leur offre à l’aviation d’affaires, les organisateurs du salon Aero, ont lancé des passerelles entre les silos. Ils se sont attaqués au cloisonnement qui coupe la « grande aviation » de ses racines. L’une comme l’autre, a tout à y gagner.

L’industrie aéronautique dispose de moyens techniques et financiers que ne possède évidemment pas l’aviation légère. Mais cette « petite » aviation peut offrir l’agilité que l’industrie a perdu. Elle a démontré par le passé qu’elle pouvait être un très utile laboratoire à ciel ouvert. Elle le prouve chaque jour. Les premières machines volantes construites en composites et les premières suites avioniques hier. Les motorisations électriques aujourd’hui.

La France vient de remettre 285 millions d’euros au pot pour accélérer la recherche dans l’industrie aéronautique, via le Conseil pour la Recherche Aéronautique Civile (CORAC). C’est une excellente stratégie, même si l’essentiel de ce soutien financier va aux plus gros. A eux d’associer, encore plus largement qu’ils ne l’ont fait jusqu’à présent, les plus petits, ceux qui n’ont jamais entendu parler, pas plus du CORAC que du GIFAS, et qui ne manquent ni d’enthousiasme et d’idées pour autant.

L’année prochaine sera une année sans Bourget, les industriels pourront peut-être trouver le temps d’envoyer des éclaireurs au salon Aero. S’ils ont encore des doutes, qu’ils s’en ouvrent auprès du directeur général de la DGAC qui a promis de revenir en 2026, à Friedrichshafen.

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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