Un campus inauguré en grande pompe, un nouveau modèle d’avion et des ambitions clairement affirmées : l’Academy d’Airbus (AFAE) veut s’imposer dans le paysage de la formation des pilotes de ligne. A Angoulême, la filiale à 100% d’Airbus possède les atouts pour rafler la mise.
L’Airbus Flight Academy Europe (AFAE) a pourtant eu des débuts modestes : en mai 2019, les six premiers cadets sont accueillis dans un coin de hangar sur l’aéroport d’Angoulême. En novembre de la même année, l’école s’installe dans des préfabriqués situés derrière ce même hangar. C’est une solution provisoire, car l’AFAE a de l’ambition : « Nous avions initialement le projet de construire un nouveau bâtiment sur l’aéroport, mais nous avons eu l’opportunité en fin 2019 de louer le bâtiment de 3.200m2 que nous occupons aujourd’hui » explique Jean Longobardi, président d’Airbus Flight Academy Europe. L’immeuble avait été déjà conçu pour accueillir des formations, il nous convenait parfaitement, nous avons sauté sur l’occasion ».
Ce nouveau campus est très bien situé, à trois kilomètres de l’aéroport, au coeur d’une emprise foncière de 4,7 hectares. Il comprend aujourd’hui 14 salles de cours, un vaste hall simulateur, un auditorium de 120 places et un restaurant d’entreprise. La place disponible a permis de regrouper les activités d’AFAE en y transférant le siège de la société auparavant installé à Cognac.
Depuis sa création en 2009, l’AFAE annonce avoir formé 34 jeunes pilotes, dont onze ont été recrutés récemment par la compagnie espagnole Volotea. Malgré le Covid, tous les autres évoluent aujourd’hui en compagnie, dans le monde de l’aviation d’affaires ou du travail aérien. La formation délivrée par AFAE s’étale sur 18 mois et elle est facturée environ 100.000 euros (hors frais d’hébergement).
La crédibilité de la marque Airbus, la bonne probabilité de trouver un emploi en sortie d’école ne sont sans doute pas pour rien dans les facilités de financement accordées par les banques en lien avec l’AFAE. « La demande mondiale sera de 550.000 pilotes dans les 20 ans à venir » souligne Jean Longobardi. « Les cadets qui entrent chez nous celle année seront qualifiés en 2023-2024 à une époque où le trafic aérien sera revenue à un niveau avant Covid, voire plus au-delà ».
L’AFAE sélectionne ses cadets avec en premier lieu des tests en ligne. Vient ensuite une journée passée au campus pour des entretiens et tests (psychotechniques, anglais, exercice de groupe etc) et une séance de simulateur. « En dehors de l’anglais et des capacités de calcul mental, nous ne nous intéressons pas dans ce premier temps aux savoirs mais au potentiel de progression » note un instructeur.
La phase suivante, dite d’évaluation, dure six semaines. Elle comprend des cours au sol et 19 heures de formation en vol qui doivent se conclure par un lâcher. Ce seuil franchit, viennent ensuite les différentes étapes de la formation qui s’étale sur 18 mois dans le cadre d’un cursus intégré, c’est à dire avec une arrivée sans expérience et une sortie avec l’ATPL en poche.
« Nous sommes délibérément au-dessus des exigences de l’EASA en termes de formation » explique Jean Logobardi. « L’EASA exige 750 heures de formation théorique au sol avec 13 UV pour obtenir l’ATPL théorique, et ensuite 180 h de pratique dont 40 heures de simulateur. Chez nous, les cadets accumulent plus de 800 heures de théorie et 200h de pratique ». Ces dernières comprennent aujourd’hui 120 heures de monomoteur Cirrus SR20, 40 heures de bimoteur Diamond DA42 et autant de simulateur. Trois missions UPRT sur Grob 120 complètent la formation. Une quatrième mission UPRT, avec de la voltige au programme, est optionnelle. L’AFAE annonce un taux de réussite de 99% aussi bien pour l’ATPL théorique que pour l’examen en vol.
Mercredi dernier (2 mars 2022), avec l’inauguration officielle est venue l’annonce de la commande de quatre Elixir qui seront utilisés pour la première partie de la formation (soit les 25 à 30 premières heures de vol). L’AFAE table sur environ 3.000 heures de vol annuelles pour ces avions, avec à la clef une consommation trois à cinq fois moindre (suivant les personnes interrogées…) que les SR22.
De quoi donner à l’Academy les moyens de ses ambitions : les promotions de 12 cadets se succèdent aujourd’hui tous les trois mois, ce qui se traduit par la présence permanente d’une soixantaine de jeunes élèves dans l’Academy. L’objectif d’Airbus est de parvenir à 150 ou même 200 élèves simultanément, ce qui équivaudrait à la formation d’une promotion toutes les six semaines
L’Academy d’Angoulême est aujourd’hui la deuxième créée par Airbus après celle installée au Mexique. Mais cette dernière est limitée aux élèves mexicains, tandis qu’Angoulême affiche une vocation clairement mondiale : un tiers environ des cadets sont aujourd’hui d’origine étrangère. On croise aussi quelques élèves militaires à Angoulème et leur nombre devrait augmenter à l’aune du succès des avions de transport militaires d’Airbus. Et si l’on reprend le chiffre de 550.000 pilotes à former dans les 20 ans à venir évoqué plus haut par Jean Longobardi, nul doute qu’Airbus devrait être amené à créer d’autres Academy dans les années à venir. « Nous avons vocation à agrandir notre réseau, nous avons des prospects » dit-on au sein d’Airbus Training, sans toutefois vouloir offrir plus de précision…
Frédéric Lert
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