Il aura fallu près de 3 ans pour voir les embauches de pilotes redémarrer chez Air France. En 2022, la compagnie française va embaucher 400 pilotes puis 300 voire 350 en 2023. Pour palier les départs en retraite notamment, Air France relance les 180 cadets dont le processus de sélection était suspendu depuis 2019. Une nouvelle sélection de cadets pourrait avoir lieu en 2023.
Le processus de sélection et d’embauche tourne à nouveau à plein régime depuis quelques semaines chez Air France. Clarisse Menuey, chef pilote en charge de la sélection et du recrutement des pilotes chez Air France, travaille à la sélection des professionnels, des cadets, ainsi que des instructeurs. « Il y a encore 6 mois, on ne pensait pas que les recrutements redeviendraient d’actualité si rapidement » avoue-t-elle.
Entre 2022 et la fin 2023, 700 pilotes devraient ainsi être recrutés par la compagnie française, parmi les cadets et les professionnels détenteurs d’une qualification de type.
Conviée par l’APNA (Association des Professionnels Navigants de l’Aviation) à venir présenter aux jeunes membres de l’association les dispositifs de recrutements d’Air France et de ses filiales, Clarisse Menuey a redonné de l’espoir aux cadets mais aussi aux pilotes avec peu d’expérience, ceux qu’on appelle « low timers ».
En 2022, Air France devrait embaucher pas moins de 400 pilotes. Les embauches seront réparties pour 250 chez Air France et 150 chez Transavia. Les pilotes recrutés proviendront de la filiale Hop, des élèves pilotes de ligne (EPL) de l’ENAC, des pilotes professionnels avec expérience mais aussi des cadets sélectionnées en 2018 et 2019 et qui ont depuis terminé leur formation.
Les prérequis chez Air France et Transavia sont assez différentes. « Chez Transavia, la direction demande systématiquement des pilotes expérimentés, qualifiés sur Boeing 737 et avec 500 heures de vol » précise Clarisse Menuey. « Chez Air France, les recrutements sont ouverts aussi bien aux expérimentés qu’aux low timers » ajoute la chef pilote.
Toutefois, pour 2022, peu de low timers seront appelés en dehors des cadets. « Beaucoup d’embauches orienteront les pilotes sur A220 en 2022 » précise encore Clarisse Menuey qui ajoute : « ces embauches ne proviennent que de chez Hop et quelques professionnels expérimentés parce que nous demandions une expérience minimale de 1.000 heures sur réacteur. »
La pandémie de Covid-19 a lourdement impacté les embauches en 2019 et ralenti tous les processus de recrutements qui redémarrent. « Les sélections de professionnels expérimentés ont redémarré en mars 2022 avec ceux qui étaient convoqués au Psy 1 de mars 2020 et qui ont été annulés » détaille la responsable des recrutements pilotes. Ces sélections concernent également les pilotes en interne, les militaires, mais aussi les pilotes d’Aigle Azur qui étaient jusque-là en attente depuis la cessation d’activité de la compagnie en septembre 2019.
Chez les pilotes professionnels, la sélection se déroule en deux phases appelées « Psy 1 » et « Psy 2 » :
Les pilotes professionnels, qui ont réussi aux Psy 1 entre juillet et décembre 2019, vont être prochainement convoqués pour les Psy 2. Air France devrait relancer un Psy 1 en fin d’année 2022, plus tôt qu’initialement prévu, de manière à constituer un vivier dans lequel puiser pour 2023.
La pandémie a non seulement créé des retards dans les sélections, mais aussi dans les formations. La formation chez Transavia comme chez Air France est arrivée à saturation et Air France se retrouve dans une situation dans laquelle la compagnie doit externaliser les qualifications de type sur Airbus A320 pour l’hiver car elle n’arrive plus à suivre.
A l’instar des professionnels expérimentés, les cadets sont eux aussi relancés. « Nous relançons les cadets qui ont réussi les Psy 1 en 2020 et dont le concours avait été annulé. Ils sont convoqués à passer les Psy 2 à partir de fin août 2022. » 184 personnes sont concernées, parmi lesquelles 60 devraient être sélectionnées pour intégrer les écoles choisies par Air France.
Deux années se sont écoulées depuis l’annulation des dernières sélections et certains candidats aux cadets ont poursuivi leur formation par leurs propres moyens. « Les gens qui, entre temps, ont avancé dans leur formation et obtenu la MCC (Multi-Crew Cooperation, licence de pilote en équipage) ne peuvent plus se présenter aux cadets » ajoute Clarisse Menuey. Avec la MCC, les candidats sont en effet considérés comme professionnels. Toutefois, la chef pilote ne ferme pas complètement la porte à ces profils, qui pourraient peut-être être appelés plus tard.
Même si la chef pilote en charge des recrutements est optimiste quant aux recrutements, les événements des années passées l’obligent à la prudence.
Rien n’est encore décidé par la direction d’Air France, mais il est possible selon Clarisse Menuey qu’un nouveau concours cadet soit lancé à l’hiver 2022. Avec cette nouvelle session, Air France attendrait entre 3.000 et 3.500 candidats qui viendrait augmenter le vivier actuellement composé de 2.000 candidatures en attente.
« En début d’année 2023, il restera des cadets sélectionnés en 2019 à embaucher ainsi que 72 pilotes de chez Hop et des EPL pour 50 postes au total. Il restera donc environ 200 pilotes à trouver parmi les pros » détaille la chef pilote. Du côté de Transavia, 66 embauches sur Boeing 737 sont prévues pour le premier trimestre 2023.
Fabrice Morlon
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