Clémentine : beaucoup de pulpe et pas de pépins

Au lycée J. Dupérier (St Médard en Jalles), le Piper Cub de Clément François prend forme. Le projet collaboratif « Clémentine » devrait déboucher avant fin mai 2013 sur un premier vol à Andernos.

Le projet tire son nom de Clément François, un des premiers adhérents du Piper Club et propriétaire, jusqu’à son décès en 2010, d’un atelier aéronautique spécialisé dans le Cub. En 2011 les cérémonies du Centenaire de l’aviation en région Aquitaine avaient donné le coup d’envoi du projet et apporté un début de financement pour reconstruire un Cub.

Le Piper Club avait fourni le fuselage, les ailes et les gouvernes d’un appareil ayant appartenu à un de ses membres. L’avion en question devait être taillé pour la montagne avec un 160 cv et des cadres renforcés. Le projet a été ramené à une dimension plus usuelle, avec un Continental de 90cv révisé à Belves chez TAF. Différents lycées techniques de la région ont ensuite été enrôlés dans le projet suivant un schéma bien connu : un peu de main d’œuvre et d’outillages en échange de taxe d’apprentissage…

C’est dans le lycée Jean Dupérier de St Médard en Jalles, à quelques kilomètres de Bordeaux, que l’on retrouve l’avion. La mise en croix a été faite en début d’année et il est à présent sur ses roues. Le Cub est bien à l’aise dans un atelier de 600m2 qui restera libre jusqu’à l’année prochaine. Pas de risque d’expulsion donc, malgré la fin de la trève hivernale. Le local est clair, chauffé, calme et propre. Que demander de plus ?

Ceci dit, il ne faut pas se leurrer : si le projet avance bien aujourd’hui, c’est parce que quelqu’un s’y est collé pratiquement à plein temps depuis six mois… Ce quelqu’un, c’est Frédéric Lamouroux, ancien créateur du Piper Club et esthète bordelais qui parfume/enfume (barrer la mention inutile) de temps à autre les rues de Bordeaux au volant de sa Rosengart 1930. « Le projet était en rade après le Centenaire explique-t-il aujourd’hui. Je m’y consacre totalement depuis la rentrée de septembre, avec le soutien bienveillant de la proviseur du lycée Dupérier ».

Le lycée dispose d’une section chaudronnerie qui réalise les petites pièces de l’avion. Les tubes des jambes de train y ont également été fabriqués. Le lycée Sud Gironde à Langon a construit les sièges, le lycée Charles Peguy d’Eysines a tourné les pièces d’articulation et va réaliser la sellerie en cuir. Le lycée de la mer à Gujan Mestras, qui dispose d’un atelier de plasturgie, fournit les carénages de roues et les capots moteurs et enfin le lycée Taris, à Peyrehorade, a accueilli le travail d’entoilage.

L’ambition de Frédéric Lamouroux est que l’aéroclub d’Andernos puisse accueillir l’avion pour sa première année d’utilisation. « C’est un des dix premiers aéroclubs de France et il gère 60 BIA par an » rappelle notre interlocuteur. « Si ça fonctionne bien, l’avion pourrait ensuite être prêté à Biscarosse où il y a déjà cinq Cub, puis à Nogaro où un travail dynamique est en train de se faire ».

Dans ses rêves les plus optimistes, Frédéric Lamouroux voit également l’avion arriver en vol au Salon du Bourget, où une place lui est déjà réservé dans l’espace consacré à la formation. « Ca sera très juste regrette-t-il : si tout va bien, je ne prévois le premier vol que pour la fin mai… Mais j’attends encore le bâti moteur et quelques autres pièces qui doivent m’être envoyées des Etats-Unis. Il reste également à faire l’électricité, la plomberie, le raccordement du moteur, l’installation des instruments… Beaucoup de petites choses qui ne sont pas compliquées mais prennent du temps ». Comme le dit l’adage, l’avion est terminé à 90% et il ne reste que 90% du travail à faire…

Frédéric Lert