Des opportunités pour les femmes dans l’aéronautique

Malgré tous ses efforts, l’industrie aéronautique peine à atteindre ses objectifs de recrutement féminin. Les idées reçues ont la vie dure et les mentalités évoluent peut-être moins vite qu’on le souhaiterait…

Cette année, Airbus a prévu de recruter 4.000 nouveaux salariés, comme en 2011. Le constructeur s’est fixé comme objectif d’intégrer au moins 25% de femmes au niveau technicien et ingénieur. Et comme en 2011, l’objectif sera difficile, voire impossible à atteindre. Actuellement, Airbus compte 18% de femmes dans ses effectifs, ce qui place l’entreprise parmi les bons élèves en matière de parité. Toutefois la majorité de ces femmes occupent des emplois administratifs. Les métiers techniques qui n’ont plus la côte chez les jeunes, repoussent les jeunes filles. L’industrie souffre d’un déficit d’image…

Dans sa communication destinée aux jeunes, Airbus s’emploie, non seulement à tordre le coup aux idées reçues, mais, depuis peu, à féminiser les métiers en mettant systématiquement en scène des jeunes filles dans ses photos de bureaux d’études ou d’ateliers. « Le meilleur moyen de convaincre les lycéennes est de les mettre en face de jeunes filles qui travaillent chez Airbus pour leur permettre de s’identifier », explique Séverine Kaci, responsable marketing emploi, au sein des ressources humaines d’Airbus.

La pente est raide, comme le confirme Marie-Anne Grellier, ingénieure chez (groupe Safran) et membre de l’association Elles bougent, «Les lycéennes ont une image caricaturale et très négative de l’ingénieure. Quant à leurs parents, l’industrie est pour eux synonyme de cambouis».

Chez Safran, les femmes représentent moins de 10% des emplois techniques. La crainte de se retrouver seule femme dans une équipe est aussi un frein. C’est une réalité qu’a vécue Laure Mothes, technicienne supérieure, lors de son arrivée chez Latécoère. Elle admet que les premiers mois n’ont pas été faciles à vivre : « Il faut prouver que nous sommes aussi compétentes qu’un homme », reconnaît-elle.

Laure est mère de famille, tout comme Bérangère Vignal, ingénieure d’essais chez Eurocopter. Bérengère a deux enfants qui ont aujourd’hui 11 ans et 6 ans et demi et qui l’ont suivie quand elle est partie en Chine, pendant un an, pour lancer le bureau d’études du programme EC175. « Mon mari a pris un congé parental de 6 mois », explique-t-elle.
La crainte de ne pas réussir à concilier sa vie de famille et sa carrière professionnelle est aussi une des raisons qui détournent les jeunes filles de l’industrie.

Les mentalités évoluent lentement et même au sein des jeunes couples, les hommes se mettent rarement en retrait professionnellement pour favoriser la carrière de leurs conjointes. Les taches ménagères et l’éducation des enfants restent majoritairement à la charge des mères de famille. Quand les deux conjoints ne veulent pas faire de concessions à leur carrière personnelle, ils doivent alors mettre en place une organisation adéquate.

La gestion de la maternité est d’autant plus facile, que la femme travaille dans un grand groupe. Chez Airbus, Safran ou Eurocopter qui sont engagés dans une politique de développement de la place des femmes, il est évidemment plus facile de retrouver sa place au terme d’un congé maternité et surtout de ne pas être pénalisée dans son évolution de carrière. Il n’en demeure pas moins que la maternité constitue un défi supplémentaire à relever pour une femme. Ce n’est pas pour autant un obstacle insurmontable. L’investissement personnel en vaut la peine.
L’industrie, et l’industrie aéronautique en particulier, offre des carrières passionnantes, quelque soit l’échelon. « Nous participons à des projets gigantesques », déclare avec un enthousiasme communicatif Marie-Anne Grellier. L’industrie aéronautique a décidé d’ouvrir en grand ses portes aux femmes et à leur offrir des postes de responsabilités. Il y a des opportunités à saisir pour des lycéennes de 2012.

Gil Roy