Nommée tout récemment à la tête du CFA des Métiers de l’Aérien, Magali Jobert va devoir relancer une machine qui traverse une mauvaise passe. Au vu du parcours « métier » de cette professionnelle de la maintenance aéronautique, la filière ne pouvait rêver de meilleure candidate. Elle a débuté sa carrière de mécano, au plus bas d’une échelle dont elle a gravi les échelons, un à un, avec succès.
Si elle n’avait pas que 46 ans et si nous n’avions pas eu le plaisir de la rencontrer, il serait facile d’affirmer que Magali Jobert, a bouclé la boucle. Mais nous avons pu lire la passion dans ses yeux quand elle parle de son métier ; entendre les mots se bousculer quand elle raconte ses différentes expériences dans la maintenance aéronautique et mesurer sa détermination quand elle aborde le défi qu’elle doit relever, suffit à se persuader qu’elle n’a pas l’intention d’en rester là !
C’est sur le site de Vilgénis, au sein de l’Ecole technique d’Air France devenue depuis le CFA des Métiers de l’Aérien, que Magali Jobert a suivi une formation de mécanicienne avion, à partir 1994. Vingt-sept plus tard, elle y revient en tant que directrice. Entre temps, le centre de formation a pris une autre dimension pour répondre aux besoins, non plus d’une seule compagnie aérienne, mais d’une filière industrielle.
En 1997, elle décroche son premier emploi chez Air France Industries à Orly. « A 19 ans, j’étais la seule femme sur la grande visite des 747-400. Nous travaillions en 3/8 et 7 jours sur 7. Ma spécialité c’était l’électricité, les instruments de bord, la radio… », se souvient-elle. L’année suivante, elle participera à la première grande visite de maintenance sur le premier A340 d’Air France. Un début de carrière professionnelle qui la plonge directement dans le grand bain et qui donne l’envie à la jeune mécanicienne de 25 ans seulement, de gravir les échelons pour prendre de nouvelles responsabilités.
Elle active le mécanisme de formation continue pour préparer un BTS ATI (Brevet de Technicienne Supérieure. Assistant Technique d’Ingénieur). Elle intègre ensuite le bureau technique du Boeing 777 avant de passer au le support-client. Le client n’est plus Air France, mais ce sont des compagnies tiers. Cela change tout. C’est une découverte.
Quelques années plus tard, elle devient Ingénieure en maintenance aéronautique au terme d’une formation en alternance. Elle est affectée à l’industrialisation des moteurs de l’A380. Puis elle devient Responsable de l’Unité de production du département Maintenance des AWACS. Encore un nouveau client. Une nouvelle technologie aussi.
Elle dirige une équipe d’une cinquantaine de personnes. Elle prend ensuite la responsabilité des équipes techniques de maintenance en ligne à Orly pour les A320 et le 777 d’Air France.
En 2019, elle est armée pour accepter la proposition inattendue que lui fait alors Air France de prendre la présidence d’IGO Solutions, une joint-venture créée par Air France-KLM, Sabena Technics et le Groupe Dubreuil Aéro. Elle dirige une entreprise de 220 salariés. Au comité directeur ses principaux interlocuteurs sont Anne Brachet, directrice générale d’Air France Industries, et les frères Rochet, Marc qui préside Air Caraïbes, et Philippe qui préside Sabena Technics. Deux fortes personnalités. Deux professionnels de l’aéronautique d’un calibre hors catégorie.
Après deux années qu’elle qualifie d’exceptionnelles, Air France lui propose de devenir la Déléguée Générale AFMAé et la Directrice du CFA des métiers de l’aérien. Elle prend ses fonctions le 1er août 2021.
« Aventure ». Le terme n’a jamais été aussi approprié. Le CFA a été fortement ébranlé par la crise à laquelle est confrontée la filière aéronautique. Le mode survie dans lequel s’est mis l’industrie n’est pas propice aux recrutements d’apprentis. A cela vient s’ajouter le dénigrement de l’avion qui fait douter les parents quant à l’avenir professionnel que peut offrir l’aéronautique à leurs enfants. Une année scolaire en visioconférence qui a éprouvé durement l’équipe pédagogique.
Magali Jobert doit se battre sur trois fronts : convaincre les entreprises de recruter des apprentis, rassurer les parents et les jeunes, remotiver la soixantaine de salariés permanents et la cinquantaine de vacataires du CFA. Elle peut jouer sur sa connaissance de la maintenance aéronautique, son réseau professionnel et son expérience du management, mais aussi sur sa passion communicative.
La partie n’est pas gagnée d’avance, mais on peut lui faire confiance pour donner vie au nouveau campus du CFA, inauguré en pleine crise et qui a été déserté pendant la pandémie. La nouvelle directrice veut convaincre les partenaires de l’AFMAé d’investir dans les nouvelles technologies pour être en phase avec les entreprises. Son carnet d’adresses et sa connaissance du métier devraient l’aider.
Elle a de grandes ambitions pour le CFA, mais dans l’immédiat, elle doit convaincre les entreprises de recruter des apprentis.
Gil Roy
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Remarquable parcours en effet. Et l'on ne parle pas ici de quota! Bravo Madame, vous montrez l'exemple car vous réussissez par vos qualités et votre tenacité d'être humain.
Il y a de quoi rester sans voix face à un tel parcours, admirable qu'il est. Je souhaite à l'aéronautique française de trouver de tels profils pour des postes clefs. Peut-être même que Mme Jobert ira encore plus loin dans sa carrière. Je le lui souhaite, et je nous le souhaite.
Parcours remarquable. Bravo!
Bravo Madame Jobert, très beau parcours, je suis persuadé que vous allez réussir les prochains objectifs.