Avec un étonnant pragmatisme, la région Aquitaine (devenue depuis « Nouvelle Aquitaine ») a permis le développement d’un centre de formation et d’accueil au service d’une filière aéronautique régionale qui réunit les poids-lourds français de la balance commerciale de la France. Les publics les plus divers se côtoient sur le campus de Latresne
Aerocampus Aquitaine est le seul centre de formation membre du GIFAS. Jérôme Verschave a tenu à le souligner lors de sa rétrospective, à l’occasion de la soirée anniversaire des 10 ans de l’établissement qu’il dirige depuis sa création en 2011. Cette appartenance est, selon lui, la preuve de la place qui est désormais celle d’Aerocampus au sein de la filière aéronautique, en particulier, aux côtés des avionneurs et équipementiers, sur les marchés à l’export. « Aerocampus était intégré à l’offre Suisse », affirme-t-il.
Depuis 2016, la Qatar envoie les mécaniciens appelés à intervenir sur ses Rafale. A Aerocampus, ils suivent une formation de base en anglais et en technique, avant de rejoindre l’école de spécialisation des mécaniciens aéronautiques militaires français de Rochefort. Le séjour à Latresne, dure entre 3 et 6 mois, en fonction du niveau d’entrée des futurs mécanos.
Il y a donc, depuis 2016, en permanence des Qataris sur le centre de formation. Ils peuvent être jusqu’à 70 en même temps. Aerocampus n’a pas seulement dû monter un programme pédagogique sur-mesure. Il a également dû développer une offre de séjour adaptée pour tenir compte des différences culturelles, voire cultuelles. A Latresne, le souci du client est un des axes de développement. Cela n’a évidemment pas toujours été la règle, ici.
Aerocampus Aquitaine a été créé sur le site de l’école de Latresne, qui, depuis 1941, pendant des décennies a appartenue à la Direction générale de l’armement (DGA). Des générations de mécaniciens militaires sont passées par là, jusqu’à ce que l’armée décide, en 2005, de fermer cette école. En 2009, la Région Aquitaine a eu l’idée de reprendre le site pour créer un centre de formation mixte, c’est-à-dire civil et militaire. Les négociations ont été laborieuses, mais en 2011, grâce à la volonté des parties-prenantes, elles ont débouché sur le projet Aerocampus.
Au fil des opportunités, le nouveau centre est devenu un outil de formation aux multiples visages. Autour du château, se côtoient les publics les plus divers. De l’adolescent inscrit dans un cursus d’apprentissage aux stagiaires adultes en qualification de type sur hélicoptères, en passant par les Qataris en uniforme de l’armée de l’air, les lycéens en BTS franco-allemand ou encore des salariés de groupes industriels en séminaire. « Nous avons créé Aérocampus parce qu’il existe un terreau industriel et militaire », affirme Jérôme Verschave, qui était le directeur de cabinet du président de la Région Aquitaine au moment de l’étude de la reprise. Depuis 10 ans, il est le directeur du centre, et il reconnaît aussi qu’il n’avait pas imaginé un tel développement. Le budget annule d’Aerocampus est de 8,5 M€. Il reçoit une subvention annuelle de 2,5 M€ dont le montant n’a pas évolué depuis 2011, souligne le directeur.
Outre son positionnement géographique au coeur d’un écosystème dynamique, Aerocampus a su développer une offre hôtelière de premier plan. Aux portes de Bordeaux, dans un parc de 26 hectares, il dispose de 150 chambres d’hôtel, de deux à quatre étoiles, d’un internat de 150 places, de 3 restaurants et de son propre traiteur. Cette capacité d’accueil est un atout qui a séduit plusieurs entreprises qui organisent, à l’année, des formations. C’est le cas d’Airbus Helicopters qui y a créé une tête de pont, ici en Nouvelle Aquitaine, en 2016.
Au sein d’Aerocampus, Airbus Helicopters propose des formations de base de mécaniciens hélicoptères jusqu’à la qualification de type sur les modèles les plus anciens de sa gamme tel que le Puma, le Super Puma, le Fennec, le Colibri ou encore l’EC130. La formation est dispensée par des formateurs d’Airbus Helicopters qui dispose de son propre simulateur de maintenance. Entre 300 et 350 élèves, civils et militaires, sont accueillis chaque année. Selon Jérôme Verschave, Airbus Helicopters vise 500 élèves d’ici à fin 2022.
Plus discrète, la filiale française du canadien Priority 1 Air Rescue a un volume d’activité comparable à celui d’Airbus Helicopters affirme le directeur du centre. Cette société dispose de deux simulateurs qui sont utilisés pour l’entrainement à l’hélitreuillage. Ses clients sont des opérateurs privés Part 135, des armées et des services publics. « Priority 1 Air Rescue était implantée à Nîmes. A la suite de la recomposition des armées, la société a fait le choix de venir à Latresne », explique le directeur d’Aerocampus.
La dernière école en date à s’être installée à Latresne, a pour vocation la formation des personnels de cabine de l’aviation d’affaires. Elle a été créée, il y a neuf mois. Elle a saisi l’opportunité offerte par la mise à disposition d’un triréacteur Dassault Falcon 50 acquis récemment par le centre. L’avion d’affaires est arrivé en vol à Mérignac, d’où il a été convoyé par la route.
« Nous avons créé Aerocampus Cluster qui regroupe 34 organismes de formation, implantés régionalement, pour pouvoir répondre à tout type de formation de l’industrie aéronautique », explique Jérôme Verschave. « Il est de moins en moins possible de répondre seul aux appels d’offres qui sont de plus en plus complexes ». Sur les 34 organismes de formation, 15 sont installés au sein d’Aerocampus.
Le centre aquitain intervient pour le compte d’Airbus, dans le cadre de l’agrément européen d’une école Thaïlandaise de mécaniciens aéronautiques qui vise le stand EASA. En Hongrie, il accompagne Segula Technologies dans la création d’un école Part 145. « Nous allons établir le cahier des charges et former les futurs formateurs ». Dans le sillage de Dassault, Aerocampus a écrit le Bac Pro mécanicien aéronautique indien. « Nous avons 5 formateurs là-bas ».
Le site de Latresne a été fermé pendant trois mois en 2020 pour cause de pandémie. Cet incident de parcours a retardé la construction de pole avionique. L’inauguration est prévue fin 2021. L’investissement représente 6 M€. D’ici trois à quatre ans, un nouvel hôtel doté de son propre restaurant devrait voir le jour, dans le parc du château. « Nous prévoyons également de réhabiliter les bâtiments anciens pour éviter de consommer du fonciers », précise le directeur du centre.
Le 14 septembre 2021, 300 invités étaient réunis dans le hall Rafale pour fêter les 10 ans de cette aventure. Ce Rafale est une autre fierté d’Aerocampus.
Gil Roy
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