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La menace d’une pénurie de pilotes de ligne à court terme

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Fabrice Morlon

Une récente étude menée par le cabinet nord-américain Oliver Wyman alerte sur la pénurie de pilotes qui devrait impacter la reprise du secteur aérien de l’après covid-19. L’aviation commerciale manquera de 12.000 pilotes en 2023 pour atteindre 50.000 pilotes en 2025. L’impact en Europe devrait être limité.

Dans le monde de l’avant Covid-19, le secteur aérien faisait face à un problème majeur avec la pénurie de pilotes qualifiés. Airbus estimait alors le besoin à 530 .000 pilotes à l’horizon 2036 et Air France estimait devoir recruter 1.600 pilotes entre 2018 et 2024. Oui mais la crise sanitaire et le Covid-19 en ont décidé autrement, stoppant nets les recrutements et favorisant davantage les départs, volontaires ou non, de manière à alléger les coûts qui pèsent sur les compagnies prises à la gorge.

Toutefois, lorsqu’en 2025 la crise de la covid-19 sera derrière nous, selon les récentes estimations, la reprise des vols au niveau de ce qu’étaient les trafics en 2019 sera impactée par un manque de pilotes compris entre 34.000 et 50.000 selon les chiffres de l’étude menée par le cabinet Oliver Wyman. Et la pénurie devrait aller grandissante, atteignant 60.000 pilotes en 2029.

« La question majeure n’est pas si le secteur connaîtra une nouvelle pénurie de pilote », alerte l’étude, « mais plutôt quand elle arrivera et quel seront les besoins à cet instant précis. »

« La cause profonde de la pénurie à venir est variable selon les régions » explique l’étude : « aux États-Unis, c’est une main d’œuvre vieillissante qui fait face à une retraite obligatoire, moins de pilotes quittent l’armée, ajouter à cela à des difficultés pour accéder à un poste dans une compagnie, y compris le coût de la formation. En Chine, comme dans d’autres régions, où la classe moyenne en plein essor est très demandeuse de voyages aériens, l’enjeu est d’accroître l’offre de manière rapide. »

Jusqu’en 2019, les compagnies aériennes ont recruté de manière importante, réactivant parfois les programmes de cadets, comme chez Air France, en finançant la formation. Or, la crise sanitaire a mis un frein brutal au recrutements tout en réduisant ou suspendant de manière indéfinie les programmes de cadets.

Les banques sont désormais plus frileuses pour octroyer des prêts pour une formation menant à une carrière qui semble désormais moins stable et lucrative qu’auparavant.

Cette nouvelle donne réduit drastiquement l’attractivité du métier de pilote auprès des jeunes, qui vont naturellement privilégier un emploi plus stable et moins sujet aux cycles.

L’étude relève que, après les crises qui ont suivi les attentats du 11 septembre 2001 puis la crise financière de 2008, le nombre des pilotes sortant de formations ont chuté de 30 à 40% pendant les cinq années suivant l’événement.

Reprenant ce pourcentage en l’appliquant à la crise sanitaire actuelle, l’étude estime une perte de 25.000 à 35.000 pilotes professionnels qui pourraient choisir une voie alternative au cours de la prochaine décennie.

Dès 2023, et peut-être même dès la fin 2021 en Asie, le secteur devrait déjà ressentir un manque de pilotes avec des disparités en fonctions des régions du globe. D’après l’étude, la reprise ne sera pas uniforme sur l’ensemble de la planète (la Chine a d’ores et déjà atteint une remise en service de sa flotte à près de 99% contre 76% pour la flotte mondiale). « L’Amérique du Nord (12.000 pilotes à recruter dès 2023) , l’Asie-Pacifique et le Moyen-Orient (23.000 pilotes à recruter d’ici 2029) sont susceptibles de voir les pénuries les plus importantes, tandis que l’Europe, l’Afrique et l’Amérique latine demeurent plus proches de l’équilibre. »

En Europe, en revanche, l’offre et la demande devaient être à l’équilibre, d’après l’étude d’Oliver Wyman, pour les trois à quatre prochaines années. Le cabinet estime que les pilotes formés en Europe pourraient faire office de vivier dans lequel l’Asie pourrait puiser pour ses besoins.

En conclusion de son étude, le cabinet Oliver Wyman préconise de repenser les équipages, et d’améliorer leur productivité, réduisant ainsi les coûts et le nombre de pilotes requis. Selon l’étude, il est nécessaire également d’investir dans la formation des pilotes et faciliter leur rétention au sein des compagnies.

Fabrice Morlon

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Fabrice Morlon

Pilote professionnel, Fabrice Morlon a rejoint la rédaction d’Aerobuzz, début 2013. Passionné d'aviation sous toutes ses formes, il a collaboré à plusieurs médias aéronautiques et publié une dizaine d'ouvrages, notamment sur l'aviation militaire.

View Comments

  • Et vous vous y croyez à la blague du réchauffement climatique (notez qu'on ne parle plus du trou d'ozone, et du réchauffement climatique anthropique…). Attendez quelques années…
    La nature et notre Soleil y sont bien pour quelque chose.
    Je concède qu'il faut réduire les pollutions plastiques et autres, à commencer dans nos villes et nos campagnes. Comment policer nos concitoyens?
    Comment faire comprendre des choses élémentaires quand les "gourous" de l'écologie roulent 4X4 et autres monstres, quand la sirène suédoise à fait déplacer des avions et des navires pour son voyage à l'ouest?
    Pour le reste et notre aviation, dans le déferlement de possibilités actuelles, je ne vois que l'hydrogène, à terme… Bref, mais je ne suis pas ingénieur.

  • *** Et cet article est sponsorisé par toutes les écoles de pilotage privées qui n'attendent que votre argent !!!!!

    • Perdu. Vous êtes tombé dans le piège la tête la première. J'attendais le premier qui nous retournerait l'argument de la presse vendue à la publicité. C'est vous ! Depuis 12 ans qu'existe Aerobuzz.fr, combien d'écoles ont-elles fait de la pub sur Aerobuzz.fr. J'aurais préféré vous répondre en direct, sans prendre les lecteurs à témoin, mais vous n'avez même pas accepté la règle qui est de donner votre adresse email. Vous cacher derrière un pseudo pour lancer des attaques gratuites ne vous suffit pas pour avoir le courage de vos idées apparemment !

  • On nous annonce le cockpit mono-pilote, et dans le même temps un chomage record des pilotes (covid), puis une pénurie de pilotes dans 2 ans...

    Ou alors ...l avenir n est plus en Europe, mais en Asie....

    Si les actifs partent en Asie, que les salaires des pilotes EU sont nivelé par le bas, qui va payer les retraites confortables de nos pilotes retraité...?

  • En voilà de la belle futurologie positive !
    Ce cabinet conseil, dont les clients sont probablement des écoles de pilote de ligne, conseille mais ne paiera pas les pots cassés des pilotes (les conseilleurs ne sont pas les payeurs)
    C'est certainement ce même cabinet conseil qui avait donné de précieux conseils aux pilotes, en prévision de la pandémie et des -70% du trafic aérien ...

    • Cette étude, relayée par aérobuzz (merci !) que j ai pu lire en dans sa version originale n a rien d une publicité pour les écoles.
      Ces dernières sont largement autonome sur ce point !
      Mais réfléchissez 5 min.... c est juste du bon sens....
      Toutes les compagnies ont mis en retraite anticipée tous les pilotes éligibles et ils ne pourront pas revenir ( trop vieux, visite médicale, re qualif, etc). Il faudra donc embauché des pilotes plus jeunes. Certes, nombreux sont au chômage mais cela ne suffira pas répondre à toute la demande....
      N ayez pas une vision franco française , en Inde, les avions sont complets et ca repart aux US....
      Bref, cette étude n'a rien d illusoire.

      • Il y a beaucoup de pilotes Américains aux USA et beaucoup de pilotes Indiens en Inde qui attendent une place dans un cockpit.
        Les USA, l'Inde et le reste du monde ne donnent pas la priorité aux pilotes Français qui sortent des écoles.
        On attends avec impatience les conseils de ce cabinet pour les restrictions écologiques, les cockpits mono-pilote, ainsi que pour les futures pandémies ....

  • L aéronautique a toujours fonctionné en zig zag. Le tout c'est d être dans le zig quand C est zig et d être dans le zag quand c'est zag.
    Le problème est de savoir quand on passe ou passera du zig vers le zag et inversement.

  • De visu depuis les paquerettes, si j'en juge pour ce qui est des approches de LFLL depuis un an, je crois d'abord qu'il manque des avions en l'air ! Premier corollaire : il y a sûrement des pilotes qui ont du se reconvertir en livreurs de pizzas chez Delivero....Second corollaire : quand on aura 1 avion et ses 2 pilotes il sera encore temps de trouver les passagers qui vont avec...et là, on prendra conscience qu'il faut régler la dette et diverses autres factures !
    J'aime ce zèle à prévoir l'avenir avec la fonction exponnentielle...pour le moment cette fonction est vérifiée pour la Covid...m'enfin rien n'empêche de s'essayer à décrypter le marc de café...et l'espoir fait vivre !

  • Ils le disent et vous les contredisez systématiquement ces économistes, gouvernants et autres pouvoirs sur l'aérien, moi je dis attendons et nous verrons.
    Il y a cinq à six ans, il y avait trop de pilotes six mois plus tard cela recrutait à tout vas surtout en Asie ou même le petit Viêtnam engageait des pilotes américains par manque de commandant de bord buriné au soleil des cockpits.

  • Et paf ! moi je trouve que ça fait du bien de lire ça. Il nous faut avoir de l'espoir pour nos jeunes. Le métier de pilote de ligne est un si beau métier.

  • J'hallucine toujours devant l'aveuglement des économistes non scientifiques, et l'ahurissante schizophrénie qui nous dévore....
    Je rappelle juste : Grégoire Carpentier de Supaéro Décarbo qui disait récemment, en accord avec le Shift Project :
    « Les innovations n’empêcheront pas la nécessité de modérer le trafic aérien pour rester sous la barre des +2°C ».
    60000 pilotes en 2029... vous y croyez, vous ? (enfin, ceux qui ont compris qu'il fallait réduire nos émissions i-m-m-é-d-i-a-t-e-m-e-n-t).
    Même la Chine, qui a annoncé officiellement la neutralité en 2060 (et quand ils disent quelque chose, ils le font, même à coups de trique), ne pourra faire autrement que réduire la voilure.
    Si on ne le fait pas volontairement, c'est la récession qui le fera. Il vaut mieux restructurer aujourd'hui le secteur plutôt que se plaindre d'ici quelques années devant les milliers de pilotes qu'il faudra de nouveau rendre à la rue.

    • "la Chine, qui a annoncé officiellement la neutralité en 2060":les paroles de César n'engagent que ceux qui y croient.

    • ça a un coté amusant ces gens de sup aéro qui disent qu'il faut faire voler moins d'avions, un peu comme si le charcutier du coin tentait de convaincre ses clients de devenir végan ou végétarien :-)

      • Erratum : "grassement" et non "grâcement", juste pour éviter à ceux qui sont d'un avis différent de sauter "bassement" sur l'occasion en guise d'argument contradictoire...😆

      • Supaerodecarbo : je pense au contraire que ceux qui se réclament de cette mouvance sont les parfaits exemples d'opportunistes qui ont bien compris que, justement parce que tout ce qui est vert a la cote aujourd'hui, ils ont plus de chance de se placer dans une start'up subventionnée que ceux qui vont devoir ramer à trouver un job dans l'industrie aéronautique traditionnelle (celle qui fonctionne pour l'instant )salement malmenée aujourd'hui.
        Un peu comme tous les profs post-soixante huitards qui ont aujourd'hui des places en faculté grâcement payées par nos impôts parce qu'ils ont sû imposer leurs nouvelles méthodes éducatives (écriture phonétique, remplacement des dissertations personnelles par des débats collectifs, recherche systėmatique de pseudo excuses psychologiques pour expliquer les échecs simplement dus au manque de travail, etc. (Aujourd'hui suppression des chiffres romains...)).
        On voit le rėsultat pour ce qui est du niveau d'ėducation des jeunes Français en comparaison de la même génération....partout ailleurs dans le monde !
        L'industrie aéronautique de l'avenir va être Chinoise....et il n'est d'ailleurs pas dit que les Chinois ne nous mettent pas également la pillule dans les innovations décarbonnėes, juste parce qu'ils ne mettront pas, comme nous, démagogiquement, la charrue avant les boeufs !
        Ils vont d'abord profiter du suicide de nos industries classiques pour en devenir les maitres au niveau mondial.
        Ensuite ils profiteront de cet avantage pour nous imposer, le moment venu, leurs avions électriques ou gazogènes ou hydrogènes ou autres, il n'y aura plus qu'à les leur acheter... ou plutôt à leur acheter des billets de transport sur leurs compagnies....

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