L’Université du Transport Aérien s’ouvre à l’Europe

L’Ecole nationale d’aviation civile souhaite que la sixième promotion de l’Université du Transport Aérien (UTA), s’internationalise. Le recrutement en cours a pour objectif d’intégrer des stagiaires de différents pays européens. Francis Massé, directeur pédagogique de l’UTA à l’ENAC, qui a eu l’idée en 2017 de ce cycle de formation professionnelle supérieure, explique de choix stratégique. L’occasion aussi de faire un bilan des cinq premières promotions.

L’Université du Transport Aérien est un cycle de formation professionnelle inédite, une spécificité française, imaginée Francis Massé, et animée par cet ancien secrétaire de la DGAC depuis 2017. « C’est véritablement une formation/action qui s’adresse à tous les professionnels et hauts-potentiels de l’ensemble de l’écosystème du transport aérien : les avionneurs, les équipementiers, les ensembliers, les systémiers, les aéroports les compagnies aériennes, l’assistance en escale, les organismes de contrôle de la navigation aérienne (ANSP dans le langage européen, les régulateurs techniques (NSA dans le langage européen) et les régulateurs économiques et juridiques comme la  Direction du transport aérien (DTA) en France (DGAC).« , explique-t-il.

C’est un fait, ce qui interpelle au premier abord, c’est l’étonnante diversité des stagiaires. Ils appartiennent tous à l’aéronautique, mais viennent des horizons les plus diversifiés qui souvent n’ont pas de connexion. Ce n’est pas la seule spécificité qui fait d’UTA une formation professionnelle à part .

« UTA c’est d’abord 6 modules de trois à quatre jours de présence pour les auditeurs et les auditrices. C’est donc exigeant ! », souligne Francis Massé. « C’est véritablement une formation/action car le processus est très participatif et interactif ; c’est assez proche de l’apprentissage par l’action car les auditeurs et auditrices doivent rédiger une note prospective et stratégique dénommée Executive Summary. Enfin c’est pluridisciplinaire : nous faisons faire aux stagiaires un parcours à 360° de l’ensemble de l’écosystème. »

A noter aussi que les intervenants qui sont à 90 % des professionnels du secteur de l’aviation, échangent avec leurs pairs et les accompagnent à la demande tout au long de leur parcours de formation.

Au final, ce document qui n’engage que les rédacteurs est diffusé auprès de plus de 200 acteurs clés de l’écosystème du transport aérien. Préalablement il est présenté par l’ensemble de la promotion – en présence des promotions précédentes et de la promotion nouvelle – au ministre des transports, au DGAC et aux chefs d’entreprise lors d’une cérémonie de clôture du cycle.

La DGAC et le comité stratégique de l’université du transport aérien présidé par Damien Cazé, directeur général de l’aviation civile, et qui est composé de divers représentants de l’ENAC dont Olivier Chansou, son directeur, et d’entreprises privées de la filière du transport aérien de la construction aéronautique, ont décidé après cinq ans où la formation UTA a fait ses preuves, d’ouvrir le cycle à des candidatures européennes.  « En effet c’est notre défi pour 2022 !« , reconnaît le père d’UTA.

« Si on applique à cette formation la théorie économique du cycle du produit, UTA ayant fait ses preuves en France nous sommes en capacité de le proposer aux institutions et entreprises européennes du transport aérien.

« L’industrie est mondialisée certes, les enjeux et les intérêts économiques européens sont également bien là. Que ce soit en termes de connectivité de l’Europe, de Clean Sky, de Ciel unique européen, de recherche et d’innovation, de révolution numérique, d’emploi, de compétences et de développement, une formation spécifique comme UTA, à l’échelle de l’Europe, pour renforcer la cohésion des acteurs européens et de mutualiser une vision commune et partagée ne s’impose-t-elle pas ? »

Depuis 2017, les entreprises qui ont envoyé des stagiaires suivre le cursus de l’UTA sont représentatives de l’ensemble de l’écosystèmeActemium, Aérocampus, Aérogestion, Aéroport d’Auch, Aéroport de Brive, Aéroport de Pierrefonds, Aéroport de Toulouse, Aéroport de Paris (ADP), Air Austral, Air Caraïbes, Air France, Airbus, Armée de Terre, Dassault,  EDEIS, Eiffage, ENAC, Gendarmerie du Transport aérien (GTA), HOP, Latécoère, Latelec, Liebherr-Aérospace, LOGYx, Sabena-Technics, Safran, Thales, Transavia. On retrouve parmi elles des donneurs d’ordres et des PME et ETI de la supply-chain, des compagnies aériennes et des aéroports. Les différentes directions de la DGAC (SG,DTA,DSNA ou DSAC) envoient également chaque année des représentants.

« Notre objectif est toujours que chaque promotion puisse bénéficier d’une présentation équilibrée de toutes les parties prenantes de l’écosystème du transport aérien. »

« A ce jour on compte plus 130 alumni UTA qui forment un réseau qui permet de décloisonner l’écosystème et de créer des synergies entre tous les professionnels du transport aérien.« , affirme Francis Massé, avec une satisfaction assumée.

Quant aux intervenants, ils sont « issus du sérail« . « Qui peut mieux que des pairs entraîner des professionnels ouverts au-delà des frontières de leurs métiers ? Dès lors qu’ils auront eux-mêmes exploré les limites ou été convaincus pour y contribuer. Car seuls ces collègues souvent plus anciens et expérimentés peuvent par leur légitimité faire admettre la seule question qui vaille : doit-on poursuivre sur le même chemin, oui ou non ?   Ici qu’importe la réponse : elle dépend de l’intervenant, du sujet ou du contexte ; le seul point qui vaille c’est l’interrogation. »

Pour Francis Massé, il est essentiel de faire appel à d’autres conférenciers ou animateurs provenant d’autres univers. Des universitaires, des chercheurs, des historiens, des sociologues, des prospectivistes, des géographes, des clients, des praticiens d’autres secteurs apportent, selon les thèmes, d’autres regards et d’autres expériences. Puis il y a des acteurs clés qui ont toute leur place : des représentants des Médias, des ONG, des organisations syndicales, des lobbyistes, des grands témoins. « L’objectif est de consolider voire de sécuriser chez l’auditoire le sentiment d’appartenance à la filière et à sa vocation. »

« Par ailleurs tout l’art est de choisir des intervenants parmi les meilleurs de leur discipline. Pour contribuer à faire évoluer un écosystème non pas en appliquant en fonction d’une doctrine préétablie ou vers une direction précise – ce n’est pas le rôle du formateur – mais en ouvrant le jeu à différentes analyses ou visions y compris à des réflexions originales. »

Gil Roy

Informations pratiques

Pour plus d’information sur l’UTA mais aussi pour s’inscrire, iIl suffit d’écrire uta@enac.fr. A noter que l’ENAC ne prend aucun candidat sans que cela passe par son entreprise ou son administration d’appartenance. Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 20 février 2022. Après quoi un jury de l’ENAC procédera à l’examen des candidatures. Le module 1 commence le 14 mars 2022 !