H160, H175 et H225 : le haut de gamme d’Airbus Helicopters profite du rebond de l’industrie pétrolière. Mais de diverses manières et avec des ambitions nuancées. Le H175 taillé pour le marché Oil and Gas va-t-il enfin décoller ? Le H160 peut-il remplacer les Sikorsky S76 vieillissants ? Le H225 a-t-il regagné la confiance des opérateurs, en mer du Nord notamment ?
Les années difficiles ne sont pas oubliées, mais elles sont assurément dans le rétroviseur. Depuis un peu plus d’un an, en lien avec la hausse des prix du pétrole, on observe chez Airbus Helicopters un net rebond des heures de vol dans le domaine de l’exploration et de l’exploitation pétrolière. « Près de 1.400 hélicoptères sont actuellement utilisés par l’industrie pétrolière et le renouvellement de cette flotte était très limité ces dernières années, de l’ordre de dix à quinze appareils par an » souligne Régis Magnac, responsable des grands comptes au sein d’Airbus Helicopters. « C’était extrêmement lent mais les choses changent dans le bon sens depuis un peu plus d’un an »
Le premier appareil à en profiter est le H175 qui avait taillé sur mesure pour ce marché. Sa mise en service avait malheureusement coïncidé avec un effondrement des besoins. En dix ans de commercialisation, seulement 56 appareils ont été mis en service. Le supplice serait à présent terminé avec 14 appareils vendus en 2023, et bien plus encore en courte finale dans le carnet de commandes comme l’explique Jérôme Fagot, responsable du programme H175 à Marignane : « Des contrats cadres ont été signés pour plus d’une cinquantaine d’appareils, pour la plupart destinés au marché oil & gas, et ils sont faits pour donner de la flexibilité aux opérateurs ».
A la lumière de ces engagements et des études de marché qui indiquent une hausse des besoins, Airbus Helicopters a donc l’ambition de multiplier la production du H175 par quatre dans les années à venir. A condition toutefois que les fournisseurs puissent suivre. « 2024 et 2025 seront des années critiques pour la montée en cadence, après nous y verrons plus clair » résume Jérôme Fagot.
Pour se prémunir contre le caractère cyclique du marché Oil & Gas, Airbus Helicopters poursuit également ses efforts de diversification des équipements du H175, avec la volonté de mieux placer son l’hélicoptère sur les marchés du transport VIP, des services publics et du militaire. Le développement du système d’anti-givrage se poursuit par exemple avec des campagnes d’essais menées en Norvège et au Canada. Cette option sera dans un premier temps uniquement disponible sur les appareils neufs, à l’horizon 2026.
Le travail porte également sur une réduction des taches de maintenance préventives, jusqu’à présent jugées trop lourdes par les opérateurs, et par l’augmentation de la fiabilité de l’appareil « Nous réduisons le volume des interventions techniques et augmentons les potentiels » résume Jérôme Fagot. » Les efforts engagés depuis cinq ans sur la maturité de l’appareil portent leurs fruits, et les événements techniques entrainant une annulation de mission sont à présent à moins de un pour mille heures de vol. Nous réduisons également la charge de travail sur les révisions des 400 et 800 h (-25% et -50% respectivement) et notre objectif est de porter à 5000 heures de vol l’intervalle entre deux révisions générales de la BTP (Boite de Transmission Principale). C’est une valeur demandée par les exploitants ».
C’est dans ce contexte porteur que se poursuivent les travaux de certification de l’appareil auprès de la FAA américaine et de la TCCA canadienne « en tirant partie de l’expérience acquise avec le H160 » précise Jérôme Fagot. Ces deux certifications devraient être obtenues respectivement en 2025 et 2026.
Même si son empreinte est plus forte sur le marché du transport corporate et VIP, le H160 est également dans la course pour profiter du boum pétrolier. Quatre appareils sont actuellement engagés dans une campagne de « route proving » sous les couleurs de l’opérateur américain PHI, avec l’idée de tester les appareils de manière intensive dans des missions de liaison vers des plateformes pétrolières.
Vingt H160 sont sortis de chaine à Marignane en 2023 et l’objectif est de doubler le rythme de production d’ici 2026. L’hélicoptère de 6 tonnes est clairement en embuscade pour capturer le marché de remplacement du Sikorsky S76. « Pour l’instant, la vitesse d’augmentation de nos cadences est la seule limite à l’augmentation de notre part de marché» résume Gilles Armstrong, responsable du programme H160.
Plus complexe est le cas du H225, l’appareil le plus puissant de la gamme d’Airbus Helicopters. Après l’accident de 2016 ayant coûté la vie au 13 occupants d’un appareil en Norvège, l’appareil avait été blacklisté en Mer du Nord, connaissant alors un spectaculaire passage à vide commercial sur le marché pétrolier. Maigre consolation, cette mise à l’écart avait coïncidé avec un effondrement des besoins et donc des ventes du concurrent Sikorsky dans la gamme des hélicoptères lourds.
Depuis 2016, Airbus Helicopters a dépensé une énergie considérable pour fiabiliser l’appareil et le faire évoluer techniquement, ce qui lui a permis de poursuivre une carrière commerciale active sur d’autres marchés (militaire, travail aérien, services publics, etc). Fort de ce travail réalisé pour regagner la confiance des opérateurs Oil & Gas, et à la faveur du vieillissement et des problèmes techniques rencontrés cette fois par le Sikorsky S-92, Airbus Helicopters ne cache pas son ambition de reprendre pied sur le marché dans les années à venir.
« Même si le marché des hélicoptères lourds a été en grande partie phagocyté par les « Super Médium » de la catégorie du H175, il restera toujours à terme à un besoin pour des appareils lourds capables d’évoluer bien au-delà des 200 nautiques des côtes » explique-t-on à Marignane. Airbus Helicopters entend bien continuer à faire évoluer la famille H225 encore de nombreuses années pour être au rendez-vous de ce marché, que ce soit dans cinq ou dix ans !
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