L’issue du contrat de 3 milliards d’euros ne semblait pas faire de doute. Airbus Helicopters avait réussi à passer devant AgustaWestland et Sikorsky. Mais les enjeux politico-économiques ont pris le pas sur les seules considérations opérationnelles. Classique…
Le 21 avril dernier, Airbus Helicopters a été officiellement sélectionné par la Pologne pour la fourniture de 50 hélicoptères Caracal à ses forces armées. Le biturbine de 11 tonnes était opposé à l’AW149PL d’AgustaWestland et au Blackhawk de Sikorsky. En janvier 2015, Aerobuzz détaillait les enjeux de la compétition et les propositions de chacun. Avec cet achat majeur, la Pologne cherche à remplacer une grande partie des hélicoptères hérités du Pacte de Varsovie et encore en service dans ses forces.
Cette victoire est un joli coup pour Airbus Helicopters qui a mis en avant les atouts de son Caracal : puissance, sophistication de son avionique et de son pilote automatique, expérience opérationnelle avec dix années ininterrompues d’engagement au combat et surtout polyvalence de l’appareil permettant de répondre à l’ensemble des besoins listés par le cahier des charges. Les Polonais souhaitaient en effet un seul et unique appareil pour répondre aux besoins de l’armée de Terre (transport tactique), de l’armée de l’Air (sauvetage au combat) et de la Marine (combat et sauvetage en mer). Autant de missions déjà remplies par la famille H225 en France et à travers le monde.
Il se trouve toutefois, et ce n’est pas une surprise, que l’annonce du résultat n’a pas fait que des heureux. Très rapidement, AgustaWestland et Sikorsky, ainsi que leurs partenaires locaux, respectivement PZL Swidnik et PZL Mielec, ont dénoncé le choix des autorités et engagés un bras de fer.
Après quelques déclarations incendiaires dans les médias polonais, PZL Swidnik a entamé une procédure légale contestant l’attribution du contrat à Airbus Helicopters. Le partenaire d’AgustaWestland annonçait en outre que la perte de ce contrat menaçait 800 de ses emplois. Même son de cloche avec Sikorsky qui agite le spectre du licenciement de 800 personnes chez PZL Mielec.
Ces annonces ont été faites sur fond d’élection générale au cours de laquelle le choix de l’hélicoptériste est devenu un enjeu politique. L’opposition du moment s’est saisie de ce sujet pour mettre en difficulté le gouvernement sortant, annonçant en parallèle que si elle arrivait au pouvoir, la compétition serait relancée. Un autre contrat, portant cette fois sur la fourniture d’un système de défense aérienne pour lequel le Patriot de Raytheon avait été sélectionné, était également remis en question. Les élections ont eu lieu en octobre et se sont traduites par la victoire de cette opposition, maintenant aux affaires.
Airbus Helicopters se trouve pris aujourd’hui dans un bras de fer qui va bien au-delà de la seule fourniture de 50 voilures tournantes. Plus que des abaques de performances, c’est à présent le jeu de politique intérieure qui donne le LA, avec en toile de fond la place de la Pologne dans l’Union Européenne et dans l’Otan.
Du côté d’Airbus Helicopters, on affiche une sérénité de bon aloi. Le Caracal n’a-t-il pas été sélectionné après une solide évaluation technique et l’offre technique et financière n’a-t-elle pas été passée à la loupe par la DGA locale ? Depuis le 30 septembre dernier, l’hélicoptériste a entamé les négociations sur les compensations industrielles avec le ministère polonais de l’économie. C’est la dernière étape, et sans doute la plus importante, avant la signature du contrat.
Il s’agit de définir précisément la nature et le volume de travail qui seront fournis à l’industrie polonaise. Dans l’état actuel des choses, Airbus Helicopters prévoit l’installation d’une ligne d’assemblage de Caracal à Lodz, en partenariat avec la société WZL-1, jusqu’à présent spécialisée dans la maintenance aéronautique. Cette ligne produira 70 appareils, soit 50 pour la Pologne et 20 pour l’exportation. Turbomeca installera également dans le pays une usine d’assemblage de turbines Makila 21A.
Faisant jouer la menace d’une annulation du contrat, la Pologne entend presser le citron au maximum. On est tenté de dire que c’est de bonne guerre… Mais la crise est elle plus profonde et le gouvernement polonais a-t-il réellement le désir de casser la négociation en cours pour donner le contrat à l’américain Sikorsky ? Bien malin qui peut l’affirmer. Toujours est-il qu’Airbus Helicopters n’est pas sans moyens de pression, grâce notamment à la force de frappe industrielle d’Airbus Group. L’avionneur dispose déjà d’un bureau d’études en Pologne, il y fait travailler des fournisseurs et il pourrait décider d’élargir l’empreinte de la Pologne dans son schéma industriel. Ce sera donc du donnant donnant…
Frédéric Lert
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Airbus Helicopters réussira-t-il à vendre ses 50 H225 à la Pologne ?
@Koszjak
Tout ce que vous dites sur la deuxième guerre mondiale est exact. Sur le F16 aussi. Mais pour les deux c'est de l'histoire ancienne.
En revanche vous oubliez que l'an dernier le gouvernement polonais a fait une pression forte pour que la France annule le contrat des Mistral russes, pour compenser il devait y avoir des achats de matériel français. La France a fait sa part du deal, le gouvernement PO s’apprêtait a faire la sienne mais le PiS annule tout. On a le droit d'assimiler cela a une trahison.
You compare it with 1939 ? You are young or stupid.
Airbus Helicopters réussira-t-il à vendre ses 50 H225 à la Pologne ?
@Koszjak
EADS possède 77% d'EADS PZL (830 personnes)...
Airbus Helicopters réussira-t-il à vendre ses 50 H225 à la Pologne ?
je crains beaucoup les réactions des Polonais; quelques jours après leur entrée dans l'Union européenne (qu'ils désiraient beaucoup...) ils ont acheté des F16 américains ...d' où grosse engueulade de Chirac à l'époque ... ils n'ont pas de figures ! donc méfiance
Airbus Helicopters réussira-t-il à vendre ses 50 H225 à la Pologne ?
Comme d'habitude, les polonais qui ont été gavés et se gavent toujours des subsides de l'Europe vont acheter US.
Sur qu'on n'ira plus mourir pour Dantzig
Airbus Helicopters réussira-t-il à vendre ses 50 H225 à la Pologne ?
Il me semble que la France et l'Angleterre ont déclaré la guerre au 3eme Reich quand celui-ci a envahi la Pologne.Donc beaucoup de Français et d'Anglais sont morts directement pour la Pologne
Airbus Helicopters réussira-t-il à vendre ses 50 H225 à la Pologne ?
Vous n’êtes pas mort pour Dantzig ...
Les polonais, eux, sont mort pour l'Angleterre (Bataille d’Angleterre - Division 303), pour la France (Bataille de France jusqu'à la signature de L'ARMISTICE FRANCO-ALLEMANDE) et pour l'Italie (Bataille du Monte Cassino) en plus de pour leur propre pays ... seul !
Et au final ils ont était trahit et abandonné aux soviétique.
Concernant la fameuse histoire du F16 c'est du pur racisme anti-polonais car la Pologne est très loin d'être la seul d'acheter US. Mais bizarrement la seul médiatisé. De plus le contrat sur les missiles US - Patriot est lui aussi remis en causse et il ne reste plus que le français MBDA/Thales.
Enfin concernant le contrat d’hélicoptère, Airbus est le seul des trois prétendants à ne pas posséder d'usine en Pologne, embauchant des polonais. C'est du devoir du gouvernement de choisir ce qu'il existe de mieux pour son peuple.