L’hélicoptériste franco-allemand a soumissionné dans le cadre du projet FARA (Future Attack Reconnaissance Aircraft), qui vise à fournir à l’US Army une nouvelle génération d’hélicoptères de reconnaissance armés. Fort du succès du Lakota (plus de 400 exemplaires livrés aux forces américaines), Airbus Helicopters croit en ses chances de faire partie des six projets qui seront pré-sélectionnés.
Avec son programme FARA (Future Attack Reconnaissance Aircraft), l’US Army veut faire la révolution et introduire enfin une rupture technologique dans sa flotte d’hélicoptères. Les Américains sont longtemps restés englués dans des tentatives stériles et immensément coûteuses pour se doter d’un appareil armé léger, capable de compléter les hélicoptères de combat lourds AH-64 Apache.
Le RAH-66 Comanche, qui promettait une furtivité radar et acoustique exceptionnelle, a englouti plus de dix milliards de Dollars en recherche et développement avant l’annulation du programme en 2004. Vint ensuite le programme ARH-70 « Arapaho ». Après le Comanche, on changeait de tribu indienne et on visait plus de simplicité puisqu’il ne s’agissait après tout que d’un Bell 407 militarisé. Cela ne suffit pas à sauver le programme qui fut à son tour annulé en 2008. Troisième et dernier essai, l’Armed Aerial Scout fut annulé avant d’avoir produit quoi que ce soit…
Au bout du compte, les derniers OH-58D Kiowa Warrior furent retirés du service en 2017 sans avoir de remplaçant. Depuis, la mission de reconnaissance a été reprise bon gré mal gré par les AH-64, mais c’est une solution aussi justifiée que de livrer des pizzas à domicile avec un semi-remorque.
Avec le programme FARA, l’US Army veut faire table rase du passé en cherchant une rupture technologique. L’objectif capital est de disposer d’une vitesse de croisière autour de 180 kt. Un peu trop rapide pour un hélicoptère conventionnel, mais très largement à portée d’un appareil hybride sur lequel travaillent aujourd’hui tous les hélicoptéristes.
L’US Army souhaite également une empreinte au sol réduite, 40 ft (12m19) de diamètre au maximum, pour mieux cadrer avec les scénarios de combat urbain. Pas certain toutefois que cette contrainte soit respectée par les projets qui fleurissent actuellement… Un haut niveau d’automatisme est également attendu dans le pilotage pour décharger le pilote, avec à terme la possibilité d’un travail collaboratif avec les drones ou même d’en faire un appareil optionnellement piloté (OPV).
Airbus Helicopters vient de révéler avoir soumis une proposition à l’US Army en décembre 2018. Il s’agit bien évidemment d’une déclinaison du projet Racer, lui même adossé aux recherches consenties à l’occasion du programme X3. L’appareil hybride, doté de deux hélices pour le vol d’avancement, avait atteint 255 kt (472 km/h) au cours de ses essais, avant d’être retiré de vol en 2014. En août 2012, l’appareil s’était même offert le luxe de se poser dans les jardins du Pentagone au cours d’une tournée américaine d’anthologie…
Le Racer est aujourd’hui un projet purement civil qui s’appuie sur un programme de recherche de l’union européenne, mais il n’existe pas selon Airbus Helicopters de grande différence entre un usage militaire et civil pour un appareil de ce type. Quelles que soient les qualités du projet Racer et de son architecture innovante, Airbus Helicopters va faire face à deux poids lourds américains.
Sikorsky avance avec son S-97 Raider d’environ 5 tonnes. Deux rotors rigides et co-axiaux couplés à une puissante hélice propulsive : l’appareil tire son architecture des recherches entreprises depuis le début des années 2000 avec le X2. Bell reste en revanche attaché à la formule du convertible et met en avant son V-280 Valor qui a volé pour la première fois le 18 décembre 2017.
En l’état actuel des choses, le V280 peut sembler trop imposant pour répondre à la mission de reconnaissance armée. Mais comme pour le Raider, le Valor pourrait sans doute donner naissance à une famille d’appareils de différentes dimensions. Reste néanmoins le souci d’une compacité difficile à atteindre avec la formule des rotors basculants en extrémité de voilure.
L’US Army annonce vouloir sélectionner six projets innovants dès le milieu de cette année. Après 9 mois de travail et la présentation des différents projets, deux équipes seraient sélectionnées au deuxième trimestre 2020 pour entrer dans une phase de prototypage. Les premiers vols sont prévus en 2023, avec une compétition entre les deux finalistes qui se déroulerait au cours des mois suivants et se terminerait, fin 2023, par la sélection d’un vainqueur et la notification d’un contrat de développement. La production en série pourrait ensuite commencer dès 2024.
L’usage du conditionnel est bien entendu de rigueur, l’histoire récente ayant montré qu’en la matière il y avait loin de la coupe aux lèvres…
Frédéric Lert
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"Depuis, la mission de reconnaissance a été reprise bon gré mal gré par les AH-64, mais c’est une solution aussi justifiée que de livrer des pizzas à domicile avec un semi-remorque."
Haha j'adore votre ton moqueur à l'égard des américains ! La métaphore est assez bien imagée ;-)
Reste que nous devons nous débarrasser de nos bonnes vieilles Gazelle d'ici 10 à 15 ans, vu qu'ils ont déjà récupéré nos Mirage F1, why not...