Si les certifications américaines du H145 à cinq pales et surtout du très prometteur H160 ont pris du retard à cause de la pandémie, Airbus Helicopters prévoit un chiffre d’affaires stable en 2020.
Le marché des hélicoptères était déjà sur une pente décroissante depuis le mitan des années 2010 et la Covid-19 n’a fait qu’accentuer la tendance. Selon Bruno Even, directeur général (dg) d’Airbus Helicopters, la demande mondiale est en baisse de 40 à 50 % depuis le début de l’année 2020, comparée à 2019 ; ce qui s’explique par un report des décisions d’achats. Il s’attend à ce que son entreprise voie les prises de commande chuter de seulement 25-30 % (en nombre d’appareils vendus) à la fin de l’année.
Ce serait faire mieux que la tendance globale. Une telle diminution marquerait toutefois une aggravation, puisque les commandes n’étaient en baisse que de 17 % sur les neuf premiers mois de l’année, selon les derniers résultats trimestriels publiés par Airbus. Au 30 septembre 2020, Airbus Helicopters avait enregistrés 143 commandes.
D’autres chiffres semblent plus favorables. L’exploitation des hélicoptères mesurée en heures de vol dans le monde n’a diminué que de 15 %, selon Bruno Even. Autrement dit, pendant que les avions sont parqués, les voilures tournantes continuent à voler. Les secteurs sont inégalement touchés : les opérateurs de vols touristiques souffrent tandis que l’activité Samu ne faiblit pas.
En outre, le service après-vente, qui représente près de la moitié du chiffre d’affaires chez le constructeur de Marignane, reste très demandé. Son amélioration compense la chute des livraisons. Celles-ci ont atteint 169 appareils en trois trimestres cette année, contre 209 sur la même période de 2019.
Dans les ventes, certains modèles souffrent plus que d’autres. Ainsi, le volume des commandes pour le H125 Ecureuil se contracte. En revanche, la version à performance améliorée du H125 pour un emport augmenté de 140 kg devrait être certifiée d’ici à la fin de 2020.
Le H145 (dans la catégorie moyenne inférieure) est cité comme bénéficiant d’une bonne dynamique de vente. Sa version à cinq pales pour une charge offerte accrue a été certifiée en Europe par l’AESA en juin. La première livraison a eu lieu au troisième trimestre. La prochaine étape, la validation américaine FAA du tampon de l’AESA, est espérée dans les prochaines semaines.
C’est le même sésame qu’Airbus Helicopters attend pour le biturbine intermédiaire H160, le remplaçant du Dauphin. Le programme aura pris son temps. Le premier vol a eu lieu en juin 2015 et la certification européenne cinq ans plus tard. Mais, pour livrer le client de lancement, américain, il faut la validation FAA. La procédure a été retardée par les restrictions de voyage liée à la pandémie et est maintenant attendue pour début 2021.
Les ventes du H160 semblent décoller. « Nous attendons 15-20 commandes en tout cette année, soit autant qu’en 2019 », avance Bruno Even. Le carnet des réservations atteindrait donc « 40 à 50 commandes » à la fin de 2020.
Le programme d’hélicoptère d’attaque Tigre devrait connaître un nouveau développement avec un modèle « Mark 3 ». La France et l’Allemagne convergent en ce moment sur la définition de leurs besoins, assure Bruno Even, en vue d’un lancement d’ici à la fin de l’année. Il s’agit de lui donner davantage de capacités et de le garder en service au-delà de 2040.
Le programme de multirotor électrique CityAirbus se poursuit avec des vols de démonstration technologique. Le dg se montre prudent quant à son avenir : « Je ne voudrais pas sembler avoir un avis définitif sur la configuration finale. Et, avant de voir un produit sur le marché, de nombreuses conditions doivent être remplies en matière de technologie, de sécurité, de certification, de contrôle aérien et d’acceptation par la société. Pour parler de manière réaliste, nous devrons attendre la fin de la décennie qui vient pour avoir davantage qu’un démonstrateur. »
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