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Hélicoptère

Airbus Helicopters tient bon

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Frédéric Lert

Au terme d’une année 2023 solide, l’hélicoptériste franco-allemand Airbus Helicopters confirme sa place de leader monidal sur le marché des hélicoptères civils. La famille H145 tient la corde, contrairement aux monomoteurs H125 et H130. C’est plus dur aussi pour le NH90 et la famille Super Puma. Quant au H160, il poursuit son décollage commercial.

Airbus Helicopters a livré 346 hélicoptères et enregistré 393 commandes en 2023 (équitablement réparties entre civil et militaire) en provenance de 179 clients dans 47 pays. C’est une hausse de 10% par rapport à l’année précédente et donc un résultat très satisfaisant pour l’industriel qui revendique aujourd’hui 48% des commandes et 54% des livraisons sur le marché monidal civil et parapublic (hélicoptères à turbine de 5 places ou plus). De quoi conserver sa couronne de leader dans un marché qualifié de solide mais toujours en phase de remontée vers les niveaux d’activité pré-Covid.

Les bimoteurs légers militarisés prennent du galon ! Mais les évolutions du Tigre sont dans la balance et aucun successeur n’est en vue. © Airbus Helicopters

La palme des ventes revient à la famille H145 avec 186 appareils placés en 2023. Paradoxalement, c’est plus que les monomoteurs H125 et H130 (respectivement 108 et 39 appareils, contre un total de 216 en 2022) qui caracolent habituellement en tête des ventes. Les hélicoptères légers se sont révélés l’an dernier particulièrement sensibles à la hausse des taux d’intérêt qui a compliqué leur financement.

Le résultat exceptionnel enregistré par le H145 doit aussi beaucoup aux deux contrats essentiels signés dans les dernières heures de 2023 : 62  appareils pour les forces armées allemandes et 42  autres pour le ministère de l’Intérieur français, regroupant les besoins de la Sécurité civile et de la Gendarmerie (respectivement 36 et 6 appareils). Une fois n’est pas coutume, le H135 fait pâle figure à côté de ce résultat avec seulement 29 ventes l’an dernier.

Petit passage à vide pour le H125 mais l’appareil continue son évolution, 50 ans après son premier vol. La certification IFR du monomoteur devrait être acquise en 2024. © Airbus Helicopters

Le bilan est également moins flatteur pour les appareils lourds, NH90 et famille Super Puma. Le premier, qui a pâti l’an dernier des coups de sang de l’Australie et de la Norvège, a été vendu à seulement 8 exemplaires à l’armée de Terre française. Pour le second, c’est un zéro pointé avec une absence totale de vente.

Bruno Even, PDG d’Airbus Helicopters, qui répondait aux questions des médias au cours d’une conférence téléphonique, se veut pourtant très optimiste sur le potentiel commercial de l’appareil. Celui-ci pourrait en effet se retrouver sans concurrent direct avec la fin de la fabrication du Sikorky S92 : « le H225 a de l’avenir comme seul hélicoptère lourd certifié disponible sur le marché civil. Les besoins existent tant sur le marché civil que militaire et le H225 est par exemple de plus en plus répandu en région Asie Pacifique ». Airbus Helicopters espère pour 2024 la vente de plusieurs appareils à la BundesPolizei allemande ainsi qu’aux forces armées hollandaises.

L’hélicoptériste propose en outre sur l’hélicoptère de 11 tonnes une nouvelle boite de transmission principale, certifiée en 2023. Cette BTP équipera désormais tous les appareils sortant de chaine et sera proposée en rétrofit sur les flottes en service.

Le H175M joue une partie de son avenir dans le cadre de la compétition New Medium Helicopter britannique. Mais quoi qu’il arrive, Airbus Helicopters est déterminé à ajouter la version militaire de l’appareil à son portfolio. © Airbus Helicopters

Malgré un rebond du marché “oil & gas », les hélicoptères lourds souffrent toujours sur ce marché de la concurrence des appareils de la catégorie « super medium » qui offrent des performances suffisantes dans la plupart des scénarios, avec des coûts d’exploitation très inférieurs. C’est un jeu de vases communicants qui se joue chez Airbus Helicopters et quand le H225 pleure, c’est le H175 qui rit.

L’hélicoptère H175 fabriqué en coopération avec la Chine a connu jusqu’à présent un carrière commerciale laborieuse et la vente de 14 exemplaires l’an dernier est vue comme un bon résultat à Marignane. « Nous sommes bien positionnés sur le marché avec cet hélicoptère qui offre une bonne alternative au S92 et qui vient d’obtenir sa certification chinoise souligne Bruno Even. Nous continuons à investir sur son équipement, avec le développement du dégivrage pour les appareils commerciaux et les essais « hot & high » (altitude et temps chaud) qui se font en Arabie Saoudite pour la version militaire H175M ».

Bien mais peut mieux faire : les ventes du H160 continuent de progresser, mais il reste encore du chemin à faire pour arriver au niveau de vente et de production attendu par Airbus Helicopters. © Frédéric Lert / Aerobuzz.fr

Autre appareil portant les espoirs d’Airbus Helicopters, le H160 s’est vendu à 26 exemplaires en 2023, année de l’obtention de sa certification américaine et canadienne. C’est un sujet de satisfaction pour Bruno Even qui se félicite également d’une répartition équilibrée des ventes dans tous les secteurs d’activité : transport VIP, corporate, secours, forces de police etc.

Pour l’année à venir, Bruno Even attend une poursuite de la consolidation du marché. Il espère bien maintenir le leadership d’Airbus Helicopters avec comme rendez vous très attendu le premier vol du Racer et du City Airbus Next Gen, l’un et l’autre offrant deux conceptions diamétralement opposées du vol vertical !

Egalement au menu de la filiale d’Airbus, le développement des services qui restent une source de revenu essentielle en même temps qu’en élément clef de la relation de confiance avec les exploitants : 2.760 hélicoptères sont aujourd’hui couverts par des contrats « by the hour » (à l’heure de vol), soit 140 de plus qu’en 2022. Bruno Even a également évoqué l’avenir du Tigre et de sa modernisation à travers un standard Mk2+, avec des discussions en cours avec les gouvernements français et espagnol pour  « pour optimiser le programme d’un point de vue technique et financier ».

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une trentaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

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