La commande de 12 EC725 passée par la Malaisie à Eurocopter, en 2010, est la suite logique de la politique de partenariat mise en place par le constructeur européen dès 2004. Elle a également permis à Eurocopter de détrôner Sikorsky et de capter aujourd’hui plus de la moitié du marché de l’hélicoptère civil.
Avant la fin de l’été 2012, Eurocopter Malaisie aura emménagé dans ses nouvelles installations, sur l’aéroport de Subang, à 25 km à l’ouest de Kuala Lumpur. Plus qu’un déménagement de quelques centaines de mètres, il s’agit du regroupement en un seul lieu de toutes les activités tournant autour de la livraison, de l’exploitation et de la maintenance des hélicoptères. Cette réorganisation est pilotée par le constructeur et financée par le gestionnaire de l’aéroport. L’accord entre les deux parties a été officialisé au salon du Bourget 2011 où Eurocopter a signé un nouveau bail de 30 ans.
Eurocopter est évidemment très présent à Singapour, la plaque tournante de l’aéronautique en Asie du sud-est, depuis longtemps (1977). Il y a récemment (2009) ouvert un centre de formation de pilotes (Eurocopter Training Services Asia). Il y est également impliqué dans des programmes de formation de recherche. Toutefois, malgré la proximité géographique du marché porteur que représente la ville-état, le constructeur européen a décidé, en 2002, qu’il devait aussi être présent en Malaise. L’implantation à Subang est effective depuis 2004. Eurocopter a estimé que dès lors que le pays représentait un potentiel de développement conséquent pour lui, il fallait y implanter localement un suivi des livraisons et un support client de proximité. A l’époque, Eurocopter vendait deux à trois hélicoptères par an en Malaisie, désormais il tourne à une dizaine par an, uniquement sur le marché civil. Il y a tout juste un an, en février 2011, il a livré le premier EC225 civil à un opérateur local de l’offshore (MHS Aviation). D’ici deux mois, il lui en livrera un deuxième. « Nous avons grignoté des parts de marché progressivement pour atteindre 52 %, avec un chiffre d’affaires annuel qui a dépassé 100 millions d’euros, en 2011 », précise Pierre Nardelli, PDG d’Eurocopter Malaisie qui affirme que « c’est la compétence de la main d’œuvre locale qui a permis un tel développement ».
Outre la vente de machines et le suivi des livraisons, Eurocopter Malaisie a pour vocation d’assurer la maintenance des hélicoptères de la marque. La coentreprise (joint venture) dont le capital se répartit entre Eurocopter et l’Etat Malaisien emploie 120 salariés, à 90% malaisiens. Ce sont pour l’essentiel des techniciens dont les salaires débutent à 500 et peuvent atteindre 2.000 euros par mois, selon le directeur de la filiale. Ces professionnels sont formés en interne. « Depuis la création de la société en 2004, nous avons formé, à Subang, une centaine de techniciens, au niveau CAP, sur des stages de six mois. C’est pour nous, un moyen de recrutement. Nous envoyons également nos mécaniciens à Marignane, afin qu’ils acquièrent des qualifications de type. Il est indispensable de développer une compétence locale pour une meilleure utilisation du produit », explique le directeur de la société. Pour Bruno Navet, le directeur d’EADS pour la Malaisie, « le but de la création d’Eurocopter Malaisie est un levier pour démontrer que nous sommes prêts à investir dans le pays. L’objectif final est de décrocher des contrats militaires ». Visiblement le constructeur a su convaincre le gouvernement qui lui a finalement passé commande de 12 EC725 en 2010 pour remplacer ses Sikorsky à bout de potentiel. EADS estime qu’il y a encore la place pour une quarantaine d’EC725 supplémentaires, uniquement pour la Malaisie.
Evidemment, pour signer ce type de contrat militaire, la Malaisie ne s’est pas contentée de la présence physique d’Eurocopter sur place qui est certes un atout, mais qui n’est pas suffisante, lorsqu’il s’agit de négocier des contrats de plusieurs centaines de millions d’euros. Elle a exigé des contreparties (offsets), comme cela se pratique systématiquement, ici et ailleurs avec les pays dits émergeants. « Nous avons mis en place treize projets dont quatre importants ». C’est ainsi qu’Eurocopter a, par exemple, confié la production du fenestron de l’EC130 à la société CTRM, spécialiste malaisien du composite, déjà présente sur tous les programmes d’Airbus, y compris l’A400M (CTRM est également sous-traitant de Boeing). Bruno Navet relativise les contreparties en faisant remarquer qu’en ce qui concerne le marché des fenestrons, il s’agit seulement de 40 pièces par an ; le sous-traitant français auquel a été retiré ce contrat se console avec la montée en cadence des programmes Eurocopter. Le sujet demeure néanmoins sensible et il est manié avec précaution. « Quand Eurocopter Malaisie fait 100 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, 80 millions d’euros viennent de France », souligne Pierre Nardelli.
Bruno Navet insiste également sur le fait que CTRM qui a été créé de toutes pièces par le gouvernement malaisien en 1990 dans le but de devenir un acteur de premier plan du marché mondial du composite, n’a pas vocation à concurrencer à terme Eurocopter. « La Malaisie n’a pas la volonté de construire un hélicoptère contrairement à la Chine ou à la Corée. La Malaisie veut être intégrée à la supply chain, être considérée comme un sous-traitant de premier plan de l’industrie aéronautique à l’échelle mondiale ». Quelles que soient les ambitions de CTRM, le risque de favoriser l’émergence d’un concurrent est également limité, le ticket pour entrer sur le marché mondial de l’hélicoptère étant devenu trop cher. La Malaisie est bien placée pour le mesurer : il lui suffit de regarder comment Sikorsky s’est fait éjecter par Eurocopter du pays, et de voir aujourd’hui les efforts considérables que fait Agusta pour essayer de recoller à Eurocopter. La politique de partenariat au long cours menée par le constructeur français, et au-delà par EADS, sa maison-mère, lui confère une avance substantielle.
L’ambition nationale de la Malaisie de développer une économie à valeur ajoutée, Eurocopter l’a intégrée dans sa propre stratégie dès le début de son aventure malaisienne et c’est en partie pour cela qu’il est aujourd’hui le numéro un sur le marché des hélicoptères civils et qu’il pense être armé lorsque la Malaisie décidera de remplacer ses hélicoptères de combat. Après l’EC725, Eurocopter compte bien jouer la carte du Tigre.
Gil Roy
Subang (Malaisie)
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Comment Eurocopter a réussi à vendre des EC725 à la Malaisie
bonjour a tous
je suis un jeune pilote d'helicoptere algeriens qui réve de travailler en malaisie
je sais pas par ou commencer mes recherches
merciiiii de m'orienter