Les abeilles sauvées par l’Ecureuil

Le 4 octobre 2024, 7 rotations réalisées par la voie des airs ont permis le sauvetage de 50 ruches en périls sur le plateau de Layers, dans le Pyrénées. Les inondations avaient rendu inaccessible la zone, suite à la crue brutale du gave d’Aspe dans les (Pyrénées-Atlantiques). Retour sur une mission de travail aérien atypique, où un H125 Ecureuil a sauvé des abeilles.

C’était « l’opération de la dernière chance » résume Johan Jimenez, l’organisateur de la manœuvre en qualité de chef de secteur d’Aspe au Parc national des Pyrénées. Depuis le 7 septembre 2024, suite à d’importantes intempéries, toutes les voies d’accès terrestres de cette vallée sont inaccessibles.

Afin de ne pas mettre en péril les récoltes de miel 2025 et toute une économie locale, l’idée naquit de rapatrier les ruches dans le fond de la vallée, 300 m plus bas, dans la commune de Borce avant l’arrivée des premières neiges. Pour l’occasion, un fonds d’urgence de 5.000 euros est débloqué afin de financer l’opération avec l’aide de la région Nouvelle-Aquitaine.

La mission est confiée à la société SAF Aerogroup, spécialisée dans l’héliportage. Un équipage de 3 personnes composé d’un pilote et de deux assistants de vols met le cap, aux commandes d’un H-125 Ecureuil, pour aller secourir la cinquantaine de ruches de 3 apiculteurs de la zone. Autrement dit, sauver tout un écosystème d’activité…

La mission commence la veille de l’évacuation, après un report météo de deux jours, par la préparation de l’hélitreuillage réalisée par les apiculteurs du Rucher d’Aïtani, Lamazou et Jacques Cazauran. A la tombée de la nuit, les ruches ont été fermées afin d’emprisonner les abeilles à l’intérieur. Pas question, en effet, de les faire voyager de jour.

Il fallait attendre que toutes soient rentrées avant de fermer les ruches. Il a fallu également les alléger des 15 Kg de miel présents à l’intérieur puis les positionner sur des palettes aéronautiques avant de les endormir, sachant que chaque palette peut emporter 12 ruches. « Ces moments de préparation resteront gravés dans nos mémoires. Le souvenir d’instants très stressants pour nous et de total inconnu » témoignent Sylvie et Alexis Biscay, apiculteurs au Rucher d’Aïtani à Barcus, ayant profité de ce sauvetage par hélicoptère.

Une seule question restait sans réponse du côté de la profession dans le calcul des risques associés à l’opération : Comment les abeilles vont-elles se comporter durant les 4 minutes de vol qui les séparent de leur nouvel habitat ?

Du côté de l’équipage, et du pilote de l’Ecureuil Jérôme Delhome, l’inquiétude portait aussi sur le comportement des abeilles. « Finalement, les abeilles sont restées très calmes durant tout le vol. Un peu comme si elles avaient à l’esprit que nous étions leurs sauveurs ! » témoigne le pilote. Les apiculteurs ont confié à la rédaction d’Aérobuzz qu’elles n’ont pas été perturbé par le baptême de l’air et poursuivent paisiblement leur existence, à l’heure où nous écrivons ces lignes.

A l’occasion d’autres vols, réalisés par SAF et des hélicoptères militaires, ce sont des bovins et des chevaux qui ont également été évacués par la voie des airs suite aux inondations. L’hélicoptère sauve des vies, pas seulement humaines. « Ce choix d’utiliser l’hélicoptère, c’était pas du tout un problème d’enfant gâté ! C‘est vraiment qu’on n’avait pas le choix » rappelle Johan Gimenez.