Les pilotes du SAMU 59 adoptent l’hélicoptère H145 5 pales d’Airbus Helicopters

Il aura fallu moins d’un mois, aux pilotes du SAMU 59 pour être conquis par les performances et les qualités de vol du nouveau H145 (version D3) équipé de cinq pales. Frédérique Cailleau, cheffe pilote du SAMU 59 (groupe SAF), s’est confiée à Aerobuzz.fr.

« La 5^ème pale ? C’est magique, c’est un gain de confort et de puissance, une révolution ! » s’exclame un pilote instructeur du SAF (Secours Aérien Français). Le H145-D3, nouvelle génération du best seller H145 de Airbus Helicopters est opéré par le Groupe SAF (qui en a commandé 6 exemplaires pour équiper les SAMU de France et  belges), est arrivé à Lille le 1^er octobre 2021.

« Passer sur le H145-D3, c’est le grâle ! J’ai à peine 15 sorties sur cette machine et je suis déjà conquise ! »

Frédérique Cailleau est la Cheffe pilote du Samu 59. Avant de venir à Lille, elle était basée à Besançon au SAMU 25 et volait sur H135-T3 et parfois sur T2 ou P2 lors de remplacements. Cette machine très reconnue pour ses performances dans le monde sanitaire est équipée de la même suite avionique Helionix ou du nouveau pilote automatique 4 axe que le H145, mais il est moins puissant (les variantes équipées des moteurs Arrius 2B2 fournissent une puissance de 633 shp au décollage et de 580 shp en régime de croisière) et surtout plus léger…

 

« Avant de passer sur H145-D3, j’avais des appréhensions sur sa masse, pensant que le H135, plus léger, était mieux adapté pour certaines missions délicates d’évacuations sanitaires… Mais j’ai de suite été bluffée par son rapport poids-puissance. Cette nouvelle machine, c’est un mini Super Puma ! » ( Réserviste à l’Armée de l’Air, Frédérique Cailleau vole aussi sur Super Puma)

La masse maximale au décollage du H145-D3 est de 3.800 kg sur la nouvelle version 5 pâles de Airbus Helicopters. C’est donc 820 kg de plus qu’un H135-T3 déployé sur le même type d’opérations. En revanche l’appareil est motorisé par deux Safran Arriel 2E qui fournissent chacun une puissance au décollage de de 894 shp (données constructeur), et d’une cinquième pale !

« Il a de grandes réserves de puissance, même en étant chargé au maximum… La 5ème pale est un atout incontestable. Cela rend le H145-D3 très accessible pour la gestion du vol. Je décolle sereine avec le plein de carburant et mes trois passagers (médecin, interne et infirmier) «

Les ingénieurs allemands de Donauworth ont réussi la prouesse de simplifier et d’alléger le rotor, pour un tout nouveau rotor 5 pales complètement redessiné (abandon des « boules » de l’EC145 en provenance des BO105 et BK115 allemands),donc  sans charnière et sans roulement, avec en autres de nouveaux systèmes d’accroches des pâles, et tout cela en augmentant la charge utile de 150 Kg.

« Ce nouveau rotor a quasiment gommé les vibrations des anciennes versions » nous explique le pilote instructeur du SAF. « Par conséquent, cette machine est très confortable à piloter et même en cabine pour les passagers. »

Lors des missions primaires, à savoir les interventions où il faut se poser au plus proche du lieu d’une évacuation, le H145-D3 se révèle.  » C’est le plus gros challenge pour un pilote SAMU. Au début j’y suis vraiment allée sur la pointe des pieds… » raconte Frédérique Cailleau à Aerobuzz.fr. Les atterrissages peuvent en effet être délicats, notamment par les obstacles (poteaux électriques, arbres…) et autres devers proche d’une route par exemple.

« On est seuls aux commandes, mais avec sa large cabine et ses pâles plus courtes, la visibilité est meilleure, je me sens plus proche des pâles et j’arrive plus facilement à identifier mes zones de posés, même étroites, mais toujours dans les 25 mètres règlementaires. »

En outre, pour ces pilotes conquis, les pales plus courtes de 20 cm que le H145 à 4 pales (10,8 contre 11 mètres d’envergure) permettent de générer moins de souffle et donc moins d’effet de sol. Le H145 offre plus de stabilité et de possibilités par vents forts

« Sur le 145-D3, même par vents forts et rafales de 35kt, ça peut passer ! Je peux partir en masse maximale dans ces conditions. » s’extase Frédérique Cailleau.

A cela s’ajoute le pilote automatique à quatre axes dual-duplex le plus avancé selon Airbus Helicopters. Il offre une stabilité et une précision de vol élevées, une enveloppe de vol unique et une protection contre les dépassements de limites, un décollage automatique et des approches entièrement couplées pour le vol stationnaire.

 » Il fait mieux que moi ! Je le surveille seulement par instinct » précise la Cheffe Pilote,  » Le mode « recovery » est incroyablement fiable, très utile en cas de désorientation spatiale ou de panne moteur, où il va chercher les paramètres demandés… Quand je pars en mission, j’enregistre les varios, vitesses max et charges max… Il fait tout bien ! « 

Ces nouveaux H145 D3 se distinguent des EC 145 par la présence d’un fenestron et de leur rotor à 5 pales. Un atout pour certains posés notamment avec des dévers. « Grâce à son nouveau rotor de queue, l’effet girouette est naturellement contrôlé, je le laisse faire, je ne lutte pas, il se comporte très bien et il n’y a aucune restitution en cabine.. »

Que ce soit au décollage, atterrissage ou en vol stationnaire, la tâche est allégée, le pilote peut mieux se consacrer aux tâches de surveillance.  » On peut dire que c’est une version très aboutie pour le SAMU avec beaucoup de potentiel pour évoluer notamment pour les missions en vols IFR. Il est en résumé suffisamment petit pour aller au plus proche des interventions mais largement puissant pour faire face aux situations… » termine Frédérique Cailleau.

Jérôme Bonnard