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Hélicoptère

La Pologne renonce à l’achat de 50 Caracal.

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Frédéric Lert

L’annulation de la vente de 50 hélicoptères H225M Caracal à la Pologne est un coup dur pour Airbus Helicopters. Mais peut-on véritablement être surpris ?

Le couperet est tombé : le gouvernement polonais a annoncé sa décision d’arrêter les négociations en cours avec Airbus Helicopters pour l’achat de 50 hélicoptères H225M. En cause officiellement, l’impossibilité de trouver un accord sur les compensations industrielles. Varsovie n’a pas obtenu satisfaction et a fini par mettre à exécution une menace qui planait depuis un an tout juste, depuis le changement de majorité politique à Varsovie.

Entré en service dans l’armée de l’Air en 2006, le Caracal a déjà fait ses preuves sur de nombreux théâtres d’opération (ici l’Afghanistan). C’est bien mais ce n’est pas suffisant pour les Polonais… © Frédéric Lert/Aerobuzz

En avril 2015, l’heure était aux célébrations à Marignane avec l’annonce de la victoire du Caracal. La compétition avait été âpre face à l’AW149 d’AgustaWestland (aujourd’hui Leonardo) et le S-70i de Sikorsky. Le Caracal l’avait emporté, fort de ses performances, de sa polyvalence qui répondait au cahier des charges, et de son bilan opérationnel plutôt flatteur après dix années d’opérations à travers le monde. Mais six mois plus tard, en octobre 2015, les élections générales en Pologne se traduisaient par un changement de majorité, les Libéraux cédant la place aux Conservateurs.

Le Caracal était opposé en Pologne à une version fabriquée localement du Blackhawk, ici présent au second plan. © Frédéric Lert/Aerobuzz

Avant même d’arriver au pouvoir, la nouvelle équipe dirigeante polonaise n’avait pas fait mystère de sa volonté de remettre en cause l’appel d’offre, selon elle peu favorable à l’industrie nationale. A la différence de ses concurrents, Airbus Helicopters ne possède pas d’usine en Pologne. Dans les propositions de compensations industrielles figurait bien, entre autres, la création d’activités d’assemblage. Mais cela n’aura pas pesé assez lourd face à l’implantation locale de Leonardo propriétaire de PZL Swidnik (producteur des hélicoptères Sokol) et de Sikorsky, propriétaire de PZL Mielec (où sont fabriqués les S-70i, version export du Blackhawk).

Parmi les exigences polonaises figurait la possibilité de disposer d’une version navale de l’appareil pour répondre aux besoins de la marine. Le Caracal a déjà à son actif plusieurs embarquements sur les navires de la marine nationale. © Marine Nationale

Si Airbus Helicopters promettait de créer 3.000 emplois dans le pays avec le contrat Caracal, ses concurrents avaient beau jeu de rappeler qu’ils auraient pu en faire autant dans des entreprises déjà existantes. Ajoutons à cela le volet politique de l’affaire, les usines de PZL Swidnik et PZL Mielec étant implantées dans des circonscriptions dirigées par la nouvelles majorité, et l’on comprendra qu’Airbus Helicopters était bel et bien tombé dans un panier de crabes dont il allait lui être très difficile de sortir intact.

Le gouvernement polonais remet en cause le choix Caracal au nom de la préservation de son industrie nationale. Une logique que Paris, qui n’achète jamais ses hélicoptères gouvernementaux à l’étranger, aurait du mal à reprocher à Varsovie… © Frédéric Lert/Aerobuzz

Après l’arrêt des vols de la famille Super Puma dans les activités pétrolières, après la crise du secteur pétrolier, grand pourvoyeur d’activités fortement rémunératrices en temps normal, c’est un nouveau coup dur pour Airbus Helicopters. Pas certain que l’achat par le Koweït de 30 Caracal signé le 8 août dernier suffise à remonter la pente. Pour toute entreprise normale, une forte baisse du carnet de commande se traduirait immanquablement par une baisse d’activité, une réduction de l’intérim et in fine des licenciements. Le spectre d’une réduction des effectifs plane aujourd’hui à Marignane et l’on devrait savoir bientôt si Airbus Helicopters est une société comme les autres…

Frédéric Lert

 

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une trentaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

View Comments

  • "Mais peut-on véritablement être surpris ?"
    Il est bien maigre cet article ... en fait ça n'en est pas un, juste une brève de l'AFP ... pourtant cet épisode ne pourrait être qu'un nouveau tome de l'affaire "EC225 Crash Bergen Norway", dossier sur lequel des journalistes d'investigation pourraient nous faire du bel ouvrage !
    Des questions, nous sommes nombreux à en avoir ! Pour autant les réponses factuelles et constructives sont bien lentes à faire officiellement surface !!!
    AH ayant fourni de nombreux justificatifs à l'EASA pour la reprise des vols "civils" de l'EC225, quel aura été l'effet de sa réponse tardive sur ce contrat ?
    D'autres contrats cet été n'ont-ils pas été concernés par les mêmes incertitudes ? Qu'est-il advenu du parcours de cette BTP en provenance du pays des kangourous ?
    De nombreuses zones sombres planent autour de cet accident dramatique de Norvège ... quel sera le niveau de transparence et d'objectivité sur cette enquête ?
    La concomitance de celui-ci avec le contexte de la crise pétrolière, ou, avec de tels marchés stratégiques en termes de commandes pour les industriels sera-t-il analysé ?
    AH va certainement devoir communiquer sur les restructurations subséquentes à cette perte de contrat, sans doute des milliers d'emplois concernés localement, triste ! Dramatique, ajouté aux 13 morts d'avril !! Mais jamais ne sont cités les chiffres sur les pertes d'emploi hors métropole ou offshore, combien de logisticiens, commerciaux, formateurs, mécaniciens et pilotes qualifiés sur la famille SuperPuma/EC225 ont été licenciés depuis cet accident, certainement encore plus affolant !?!
    Des réponses ? Une stratégie de communication ? Un calendrier technique ? De la visibilité ?

  • entièrement d'accord avec vous Thierry, comment peut on avoir confiance en un pays
    qui n'oeuvre qu'à travers les failles de la convention européenne(au niveau transport, construction, main d'oeuvre à bas coût .....etc...), ce qui arrange certaines de nos entreprises, notre gouvernement n'en ayant rien à "cirer".......

  • d'un autre coté la pologne est coutumière du fait, elle prend un max de subvention en europe et achète aux US, avec des amis comme ça on n'a pas besoin d'ennemis

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