Thierry Couderc, délégué général de l’Union Française de l’Hélicoptère et vice-président de l’European Helicopter Association (EHA) estime, qu’il vaut mieux miser sur les carburants d’aviation durables (SAF) pour décarboner l’hélicoptère plutôt que les eVTOL. Il revient sur les grands rassemblements 2022, l’avenir du Robinson Helicopters et rend hommage à l’Alouette III.
En mars 2022, les expérimentations d’un premier eVTOL (aéronef électrique à décollage et atterrissage vertical) à Pontoise ont fait les gros titres des journaux. Pour Thierry Couderc « les eVTOL, ne sont pas encore prêts. » Pourtant, on leur promet de pouvoir succéder aux hélicoptères : « j’y vois une confrontation avec la vision fantasmée des politiciens sur la capacité que les eVTOL à remplacer les hélicoptères classiques sur l’ensemble de leurs missions. » Il y a encore beaucoup à faire : « les eVTOL semblent idéaux pour supprimer les nuisances liées, par exemple, à la formation des pilotes. Mais on en est encore loin ! » Pour réduire les émissions des hélicoptères, en particulier celles de CO2, il existe néanmoins d’autres pistes ; « Or, à court terme, l’aviation classique pourrait neutraliser ses émissions carbone grâce au SAF. »
De nombreuses expérimentations ont déjà été menées avec du carburant d’aviation durable (SAF), y compris en France, comme en juin 2022 avec le vol 100% SAF d’un Super Puma, organisé par Airbus Helicopters. « C’est un défi politique et pas seulement utopique, surtout si une vraie stratégie de mise en place du SAF était prônée. Mais l’hélicoptère est un domaine mineur de l’aéronautique et là aussi, sur le SAF, la concurrence avec l’aviation de ligne fait que cette branche est un peu oubliée. Or ces expériences ont été très concluantes !
Deux évènements majeurs ont marqué l’année de l’hélicoptère. Ce fut, en mai 2022, le rassemblement « l’Hélico 2022 » de Cholet, puis, à l’automne, le salon plus professionnel et technique European Rotors. « Cholet, à l’origine, c’est un rassemblement de pilotes privés, d’amis, mais l’évènement est devenu un point de rencontre convivial, d’une communauté disparate et généralement éparpillée qui a trouvé là un endroit pour discuter de façon informelle des sujets jusqu’au plus difficiles, et qui se double aussi d’un contact avec le public. C’est devenu, peut-être, le plus gros évènement hélicoptère du monde ». Las, ce genre d’évènement se trouve aujourd’hui menacé. Le prochain rassemblement de Cholet pourrait ne se tenir qu’en 2025 en raison des J.O. de 2024. Le prochain salon European Rotor aura lieu en 2023 à Madrid. Rien n’est donc simple si ce n’est que : « Ces deux évènements sont devenus indispensables à l’ensemble de la communauté des voilures tournantes. »
« Le décès de Robinson survient au moment où se pose la question si acquérir The Robinson Helicopter Company est une opération rentable. Frank Robinson est quelqu’un qui a créé un objet polémique en raison de nombreux accidents au début de l’exploitation des R22 mais qui, finalement, a triomphé. On peut faire le parallèle avec l’A320, c’était un concept qui a marché. Mais les successeurs de Robinson sauront-ils faire évoluer la production pour se conformer aux demandes actuelles et futures ? Frank Robinson n’était pas un homme d’affaires à l’américaine. Pour l’avoir croisé une fois, c’était devenu un vieil homme qui restait curieux des solutions technologiques que trouvaient ses concurrents aux problèmes que lui, n’avait plus à traiter. De toute évidence, le succès ne lui était pas monté à la tête !
Un évènement, toutefois, touche l’ensemble de la communauté des voilures tournantes en cette fin d’année 2022 : c’est le retrait de service de l’Alouette III au sein des unités de l’Aéronautique Navale française. Comme tient à le rappeler Thierry Couderc, « j’ai été navigant dans la Marine, dans l’aéronavale. Si j’ai surtout volé sur Lynx, mon premier treuillage, en 1982, c’était avec une Alouette III. » Quelle trace laisse cet appareil dans la mémoire du pilote ? « C’était une « deudeuche » volante, pas super performantes, y compris au niveau de sa consommation de carburant, mais elle était bien plus simple que le Lynx, par exemple, elle était toujours là ! On pouvait toujours compter dessus ». Aujourd’hui, plus aucune Alouette III n’est en exploitation opérationnelle ou commerciale dans notre pays, 63 ans après le premier vol ! « Une histoire qu’il sera difficile d’égaler avec les eVTOL sans doute ! »
Propos recueillis par Frédéric Marsaly
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