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Industrie

Airbus A320, une histoire de famille

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Frédéric Marsaly

Il est à lui seul une success story au sein d’un groupe aéronautique qui est une réussite exemplaire. La force de l’A320 est sa capacité à se sentir à l’aise (traduire « rentable ») sur toutes les routes, du domestique au transatlantique. Et pourtant, le monocouloir d’Airbus a connu une jeunesse compliquée.

Ha qu’il est loin le temps où il était l’avion de la polémique ! Celui dont personne ne voulait parce qu’on le pilotait à deux et non plus à trois, celui que ses constructeurs présentaient comme pilotable même par un chauffeur de taxi, celui qui, aussi, s’est vautré dans les branches près de l’aérodrome de Mulhouse ou dans les montagnes au sud de Strasbourg ! Qu’il est loin aussi le temps où les premiers A320 étaient surnommés « Rantanplan » par leurs équipages pour leur propension à les surprendre bêtement.

C’était il y a 35 ans. À l’échelle de l’aéronautique moderne, c’est une éternité. Mais l’A320 continue son bonhomme de chemin. Le monocouloir de Toulouse n’en finit pas d’attendre d’être démodé, parce que les ingénieurs n’ont jamais cessé de l’améliorer, de l’optimiser et de se soumettre ainsi au contentement des comptables des compagnies aériennes. Il se succède à lui même juste en évoluant.

D’ailleurs, on parle de famille A320. Un peu comme les cousins Dalton, on en trouve à toutes les tailles. On l’a un peu raccourci et ça a bien marché avec l’A319, on l’a raccourci plus généreusement avec l’A318 mais là, on avait peut-être poussé le bouchon un peu loin et ça n’a pas pris. On l’a allongé aussi, et alors que dans la BD, le plus longiligne est loin d’être le premier de la classe, dans la famille, l’A321 est progressivement devenu une autre success-story à lui tout seul.

On s’étonnera presque de ne pas avoir vu débarquer un A322 tant la recette semblait simple : allonger l’avion pour augmenter son nombre de passagers, donc sa rentabilité. Les ventes ont suivi mais c’est la transition vers le Neo qui a révolutionné l’histoire.

On n’a pas seulement augmenté sa capacité d’emport, on lui a offert plus d’allonge, de distance franchissable. Le court-moyen-courrier s’est mué progressivement en long courrier jusqu’à la version XLR. Comment un avion né pour limer du Paris-Nice a pu évoluer pour se retrouver taillé pour relier Bordeaux à Boston ou Saint-Nazaire à San-Antonio ? Les performances du XLR se passent de commentaires : 4.700 nautiques pour 180 à 220 pax, Airbus vient de réinventer le 707-300… avec deux réacteurs en moins !

Se pose alors un problème majeur pour l’industriel. 4.085 Airbus A321 de toutes versions sont à livrer désormais, en plus des près de 3.000 petits frères. Et la liste a une propension à s’allonger semaine après semaine, compagnie après compagnie. C’est simple, Airbus vend deux A321 pour un A320neo ! Et cet élan n’est pas seulement le fruit de jeunes compagnies avides de se développer vite mais aussi de compagnies majeures telles que Qantas, American Airlines ou United, excusez du peu !

Pas le choix, il faut s’adapter à la demande, multiplier les chaînes de production et transformer la nurserie à A380 en incubateur à monocouloirs. Les familles nombreuses, c’est surtout un défi logistique !

L’A320 était révolutionnaire et continue sa propre success-story. Son rejeton, l’A321 aurait même des velléités d’émancipation. Tuer le père, dit-on ? Sans doute pas. Il lui est interdit de renier sa filiation. Il n’est que la version longue. Certes, il continue à tout chambouler, mais son triomphe incroyable ne repose que sur les valeurs technologiques familiales initiées lors de la naissance du patriarche, le socle de communauté si séduisant pour les opérateurs : mêmes pilotes, même maintenance mais une infinité de missions et de destinations !

Avec une machine taillée pour tout faire, du cabotage aux liaisons intercontinentales, Airbus a inventé le « couteau suisse aérien ». Corollaire, il se trouve face au défi de répondre à temps à la demande. La success-story, comme toute histoire familiale, n’est donc pas un long fleuve tranquille, ne l’a-t-elle jamais été, d’ailleurs ?

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Frédéric Marsaly

Frédéric Marsaly, passionné par l'aviation et son histoire, a collaboré à de nombreux média, presse écrite, en ligne et même télévision. Il a également publié une douzaine d'ouvrages portant autant sur l'aviation militaire que civile. Frédéric Marsaly est aussi le cofondateur et le rédacteur en chef-adjoint du site L'Aérobibliothèque.

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  • Je trouve extrêmement dommage de déterrer les inepties de quelque pilotes grincheux et passéistes d’Air France ou Air Inter furieux de voir le dernier constructeur de la planète passer lui aussi pour tous au pilotage à deux. Après avoir conçu des avions pilotes à trois exclusivement pour des équipages français. Les rares accidents déplorables n’ont été imputés à ce nouvel avion novateur que par des Français. Le marché mondial par ses achats massifs ayant démontré qu’il n’adhérait absolument pas aux invectives mesquines et déplacées comme le surnom confidentiel de Rantanplan. Quelques dizaines de médiocres venimeux ne sont pas parvenus à tuer ce merveilleux appareil. Ils n’ont bien sûr pas réservé le même sort au Boeing B737 qui dans ses dernières déclinaisons est aujourd’hui une machine hyper bricolée et bien moins agréable pour ses jeunes équipages.
    Au passage la disparition du A319 au profit du Canadien CSerie devenu A220 est une externalisation assez honteuse de la part d’entreprise Européenne tant soutenue par les contribuables. Cet avion est beaucoup moins évolué et 100% non européen. Merci pour nos emplois !

  • La famille A32X a encore de beaux jours devant elle. En effet, quoi que l'on puisse en dire, l'A220 n'est pas mature, pour ne pas dire raté.

    Oui, les pilotes en sont contents, à l'instar du pilote du dimanche qui vient de recevoir sa dernière BMW 4 cylindres équipée d'un glass-cockpit kikoolol et d'un liseré lumineux qui change de couleurs... alors que les passagers seront moins impressionnés par le confort insuffisant, eu égard au gabarit du véhicule.

    En fin de compte, qui se soucie du confort du passager (à part les compagnies asiatiques et moyen-orientales ?)

    J'ai déjà volé plusieurs fois (petite dizaine) à bord de l'A220 Air France, la plupart du temps à l'arrière.

    L'appareil est bruyant, peu confortable (sièges rachetés à la RATP ?). Les annonces n'arrivent pas jusqu'aux derniers rangs, ce qui pour moi pose un problème de sécurité (on n'entend pas les annonces des PNC, du tout — le problème est connu, mais toujours pas corrigé).

    Reste la dinette pour enfants dans lesquelles les Pauvres PNC doivent préparer les collations. L'oscar de la bêtise va aux toilettes, toujours à l'arrière, incompatibles avec des passagers taillant plus d'1,40 m.

    Pour ma part, tant que ces défauts de jeunesse ne seront pas corrigés, je continuerai à faire Paris-Helsinki à bord des A321 de Finnair, plus confortables, et moins chers, bien que je sois membre Air-France KLM.

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