Avec la livraison réussie du premier A350-900 à Qatar Airways et le carnet de commandes de l’A330neo qui ne cesse de se remplir, Airbus a refait son retard par rapport à Boeing sur le marché prometteur des gros biréacteurs long courriers. L’Européen était pourtant parti avec un sérieux handicap…
La grande actualité aéronautique donne fréquemment aux commentateurs et autres analystes l’occasion de dénoncer la manière brutale dont les financiers ont pris le pouvoir dans les plus grandes entreprises. Exemple subjectif choisi au hasard : Airbus. Encore que les retournements des événements conduisent à de sacrées surprises. De ce point de vue, la genèse de l’A350 XWB Xtra Wide Body est édifiante.
Quand Boeing a fait connaître son intention de lancer un long-courrier biréacteur de nouvelle génération, le 787, baptisé plus tard Dreamliner, les Européens ont rapidement compris qu’il leur faudrait lancer sans tarder une solide contre-attaque. Mais, pour faire simple, ils ont vu petit, sans aucun doute sous l’influence des financiers. Aussi se sont-ils contentés de proposer un A330 rénové (le vocable « neo » n’avait pas encore été inventé), une offre insuffisante par rapport au 787 techniquement très audacieux. Aussi l’optimisme a t-il envahi les équipes commerciales de Boeing. Mal leur en pris, d’ailleurs, dans la mesure où les conditions d’étude et de lancement du 787 furent entachées de nombreuses erreurs, la recherche de coûts de production toujours plus bas conduisant à une externalisation à outrance des fabrications et à un risque de perte de contrôle pur et simple du système. S’y ajoutèrent les manquements de grandes maisons, notamment Alenia Aermacchi en Italie.
C’est ainsi que le 787 commença à prendre beaucoup de retard, du pain bénit pour Airbus en train de revoir sa stratégie. Ainsi prit forme l’A350 revu et corrigé, alias XWB, ex-A330 amélioré, illustration parfaite d’une vraie nouvelle génération. On connaît la suite : au moment où le premier avion est livré à Qatar, le carnet de commandes porte sur 778 exemplaires. Un démarrage spectaculaire.
Toulouse revient de loin et affirme notamment que sur le plan de la consommation de carburant, son avion affiche un avantage de 6 % par rapport au 787. Et de 25 % par rapport au 777. Prudemment, on se contentera de retenir que les deux rivaux sont à nouveau à égalité.
Le programme A350 a été bien mené, la chaîne d’approvisionnement bien gérée, les délais ont été respectés : la main de fer dans un gant de velours de Didier Evrard, directeur du programme, un proche de Louis Gallois, a fait merveille. Il est d’autant moins étonnant qu’il vienne d’accéder à la responsabilité de l’ensemble des activités avions civils d’Airbus. Didier Evrard succède à Tom Williams, promu directeur général exécutif.
Ce serait déjà une belle histoire mais elle ne s’arrête pas là. En effet, Airbus a eu la brillante idée de ressortir de ses tiroirs l’A330 amélioré, vite oublié quand il était apparu qu’il serait bien incapable de contrer le Dreamliner.
Le terrain était préparé et a permis de proposer l’A330 neo, très compétitif dans la mesure où il impliquait des investissements limités. Après tout, toutes les compagnies du monde n’avaient pas besoin d’une distance franchissable leur permettant d’atteindre l’autre bout de la planète sans escale. D’où l’intérêt de ce neo, aussitôt commandé par de grands noms du secteur. Le dernier en date, qui a signé cette semaine le contrat d’achat de quinze A330 neo, le loueur irlandais Avolo.
Airbus va continuer de produire au rythme soutenu de neuf exemplaires par mois. L’A350, au terme d’une montée en puissance qui vient de commencer, atteindra la cadence dix. Soit un total imposant de dix-neuf avions par mois. Ainsi se termine en fanfare, en conte de Noël, l’année 2014 d’Airbus.
Pierre Sparaco
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Airbus boucle 2014 en beauté
Tous les journalistes comparent le 350 au 777 or c'est une grave erreur. Regardez les specs du 350-1000 (pas encore sorti) et celui du 777-300ER (sorti en 2006), il n'arrive pas même à ses chevilles.
Pour exemple le 77W peut emmener 450+ passagers en biclasse, et seulement 410+ sur l'a350-1000. Pareil avec les MTOW: 350t chez Boeing, 308 chez Airbus.
Boeing a deux longueurs d'avance avec le 777 (sorti il y a 20 ans et toujours pas de concurrent chez airbus), déjà un successeur au 777, le 777x attendu en 2020 et toujours rien chez airbus si ce n'est un petit coup de peinture sur son très vieux 330. je ne vois pas d'ambition chez airbus malheureusement, qui se lance distancer sans rien faire.
On promet des conso carburant moindres avec le 350, mais ça ce n'est pas grâce à airbus mais au motoriste, c'est lui qui permet ces économies. Plus le moteur est récent moins il consomme donc forcément le 350 consomme moins que les Boeing. et quand un prochain 777X sortira il consommera moins... ce n'est qu'une question d'obsolescence.
Donc M.Xing non on ne peut pas comparer le 350 au 777, 20 ans dans les pattes et toujours devant!
Airbus boucle 2014 en beauté
Il est vrai que le A350-1000 est un peu "léger" comparativement au B777-300ER, mais je maintiens mon point de vue qui est que le A350 est davantage comparable au B777 qu'au B787. Le B777 a un diamètre de fuselage légèrement plus grand que le A350, mais les deux appareils peuvent accommoder 9 sièges standards de front et 10 sièges en haute densité. Le B787 a un fuselage légèrement plus grand que le A330, mais les deux avions peuvent accommoder 8 sièges standards de front et 9 sièges de front en haute densité. En réalité, Airbus a probablement visé quelques choses entre le B777 et le B787 avec son XWB, mais avec l'annulation probable du A350-800, la comparaison avec le 787 n'a plus lieu d'être et Airbus se retrouve avec un -1000 qui "pâlit" un peu face au B777-300ER. À titre indicatif, je tiens à souligner que la version de base du A350 est le -900 et la version du base du 787 est le -8 et la version du base du 777 est le -200ER.
Quant au prochain B777X, il est clair que le A350-1000 n'est pas comparable au B777-9X et que Airbus n'a rien, pour l'instant, qui rivalise avec cette version. Une possibilité est un A350-1100 avec une nouvelle aile, mais le développement risque de nécessiter un investissement conséquent. De plus, cela risque de faire une concurrence interne avec le A380, trop sur certain marché.
Airbus boucle 2014 en beauté
Le A350XWB est souvent comparé au B787, mais je trouve que l'avion est davantage comparable au 777-200LR/300ER surtout avec l'annulation prochaine du -800 peu populaire, qui devait faire face au 787-9. Presque tous les lignes aériennes qui ont commandé le-800 ont soit annulé leur commande ou les ont converti en -900.
C'est probablement la faible popularité du -800 qui a conduit Airbus a lancé le A330neo pour rivaliser avec le 787-8. D'autre part, le A330-900neo risque de faire une concurrence interne avec le A350-900.
Airbus boucle 2014 en beauté
Seul bemol, la version 1000 qui devait concurrencer le 777 a pris du plomb dans l'aile avec le projet 777-X.