La forte concurrence sur le marché spatial et la mévente de l’A400M débouchent sur un plan de restructuration de la branche Spatiale et Défense du groupe Airbus. 404 suppressions d’emploi sont annoncées en France.
Airbus Defence and Space est le boulet qui entrave Airbus depuis des années. Cette situation a été vécue comme une fatalité jusqu’à ce Tom Enders, le précédent PDG du groupe aérospatial européen, décide au milieu des années 2010 de reprendre en main cette division et essaie de la faire marcher au même pas que le reste du groupe. Les changements successifs de dirigeants n’ont pas suffi.
La défense et l’espace continuent de plomber les comptes. Pour le seul programme A400M, après avoir réévalué ses prévisions d’exportation, Airbus a enregistré une charge de 1,2 milliard d’euros au quatrième trimestre 2019.En 2018, sur le programme A400M, la charge supplémentaire nette était de -436 millions d’euros.Autant de moins dans le bénéfice final… Le corolaire à cette charge exceptionnelle est l’annonce de suppressions d’emplois d’ici à 2021.
Le projet présenté le 19 février 2020 aux représentants du personnel prévoit une suppression de 2.362 postes d’ici à 2021, dont 829 en Allemagne, 357 au Royaume-Uni, 630 en Espagne, 404 en France et 142 dans les autres pays. « Ces mesures seront soutenues par un programme de rentabilité renforcé ainsi que par des mesures visant à augmenter la compétitivité à long terme de la division et à assurer son avenir. », précise Airbus.
Avant de quitter ses fonctions à la tête du groupe, Tom Enders a mis à plat les contrats qui lient Airbus aux états du programme A400M. Le bras de fer a été rude, mais le PDG n’a pas failli. Il se disait prêt à arrêter la production du quadrimoteur européen. Mais l’A400M n’est pas l’A380. Et finalement un accord a été trouvé, un nouveau calendrier a été établi et l’exportation est devenue une priorité.
Après avoir livré 19 avions en 2017, puis 17 en 2018, Airbus n’a livré que 14 A400M en 2019. L’avionneur s’est concentré sur la recherche de la pleine capacité opérationnelle de l’avion. Plusieurs étapes ont ainsi été franchies, dont le largage simultané de parachutistes et des contacts secs de ravitaillement en vol d’hélicoptères. « En 2020, les activités de développement se poursuivront pour mener à bien la feuille de route capacitaire révisée. Les activités de rétrofit progressent selon le calendrier agréé avec les clients. Alors que le programme A400M a été remis à plat et que le développement des capacités techniques progresse à bon rythme, les ambitions d’exportation s’avèrent de plus en plus difficiles à atteindre pour la phase contractuelle initiale, et ce, d’autant plus en raison de la prolongation répétée de l’interdiction d’exportation de l’Allemagne vers l’Arabie saoudite. »
C’est aussi l’Allemagne qui est la plus touchée par l’annonce de suppression d’emplois. Toutefois, dans la répartition des spécialités, l’Allemagne, c’est plus le spatial, l’A400M étant assemblé en Espagne.
Gil Roy
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