Airbus envisage une version NEO de l’A380 pour relancer les ventes

Airbus pourrait annoncer prochainement une remotorisation de l’A380 et dans la foulée de l’A330. Le constructeur européen répondrait ainsi à une demande de ses clients et en particulier d’Emirates. Reste que le marché du super jumbo jet demeure étroit d’autant que deux motorisations sont proposées pour l’actuel A380.

Dans les prochains mois, Airbus pourrait annoncer une version « rajeunie » de l’A380, une initiative susceptible de relancer les ventes du très gros porteur, actuellement très en deçà des prévisions initiales. Parallèlement, il est plus que jamais question d’une opération similaire au profit de l’A330, également envisagée dans la plus grande discrétion.

Dans un cas comme dans l’autre, on devrait assister à l’apparition d’une version NEO, New Engine Option, ou New Engine Offer, l’essentiel de l’amélioration envisagée venant de la propulsion. Ainsi, on comprend que Rolls-Royce serait en mesure de proposer une nouvelle variante du Trent, adaptée à l’A380, qui afficherait une consommation spécifique diminuée de 9 %. Ce serait, bien entendu, une avancée significative qui intéresserait d’ores et déjà Emirates. Laquelle serait prête à passer commande d’une nouvelle tranche d’avions, au-delà des 140 exemplaires qu’elle a déjà achetés, dont 47 sont en service.

C’est une situation inédite. Dans le passé, en effet, les avionneurs imaginaient constamment des versions améliorées de leurs appareils pour tenter d’arracher de nouveaux contrats à leurs clients. Depuis peu, on constate une inversion des rôles, les compagnies s’adressant aux constructeurs pour leur soumettre de nouvelles demandes. Ainsi, dans l’hypothèse où un A380 NEO enrichirait le catalogue d’Airbus, ce serait avant tout le résultat d’une demande venue de Dubaï, beaucoup plus qu’une idée ayant germé à Toulouse.

Cet échange de revues revêt un intérêt particulier dans la mesure où Emirates, à elle seule, pèse plus lourd sur l’avenir de l’A380 que tous les autres acheteurs réunis. Plus de treize ans après le lancement du programme, Airbus n’a vendu que 324 exemplaires du très gros porteur et ne peut plus envisager d’en porter la cadence de production à 50 exemplaires par an.

Compagnie atypique à tous points de vues, construite sur l’usage de la « 6e liberté », n’exploitant que des lignes longues, en passe de devenir le numéro 1 mondial du transport aérien international, Emirates construit sa fulgurante ascension sur deux types d’avions étroitement complémentaires, le Boeing 777 et l’A380. Mais dans l’hypothèse où le premier cité ferait de nouveaux progrès en termes de coûts directs d’exploitation, le second perdrait l’essentiel de ses attraits. D’où le danger concurrentiel que constitue l’apparition, à terme, du 777-9X à 400 places.

Reste le fait qu’Emirates apprécie l’A380, souhaite sans aucun doute répartir ses commandes entre deux concurrents pour maintenir une saine émulation entre les deux rivaux et bénéficie très logiquement de l’attention soutenue des dirigeants d’Airbus. De plus, la compagnie émiratie est très importante pour Rolls-Royce.

Face à cette hypothèse de travail du NEO, General Electric laisse poindre une certaine perplexité, s’interrogeant sur les dimensions du marché potentiel. GE et Pratt & Whitney produise ensemble le GP 7200, concurrent du Trent anglais et n’envisagent pas, que l’on sache, de reprendre leur liberté.

L’A380 NEO, au sujet duquel Airbus ne s’exprime pas, outre des moteurs améliorés, pourrait bénéficier d’un certain nombre de modifications supplémentaires visant notamment à réduire la masse de la cellule. C’est-à-dire éliminer une « surcharge pondérale » jamais chiffrée publiquement, dont il avait été beaucoup question à l’époque des essais en vol de l’avion.

Pierre Sparaco