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Industrie

Airbus se lance dans le moteur à hydrogène

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Gil Roy

Airbus a révélé qu’il planchait sur son propre moteur à pile à combustible alimenté à l’hydrogène. Avec en ligne de mire ses avions à émissions zéro qui entreront en service d’ici 2035… Dans un premier temps, il s’agit d’évaluer la viabilité de la technologie.

Cette annonce d’Airbus fait suite à la déclaration récente d’Olivier Andries, le PDG de Safran, qui se dit convaincu que l’hydrogène n’est pas une solution pour décarboner l’aviation. « On peut rêver de l’hydrogène, et c’est sans doute une solution intéressante à long terme, mais si on veut atteindre l’objectif de la neutralité carbone en 2050, il faut s’y mettre dès maintenant », a-t-il affirmé à l’occasion des Assises de l’Industrie organisées par L’Usine Nouvelle (8 novembre 2022). Olivier Andries commentait alors la stratégie d’Airbus.

Si Safran n’est pas prêt à le suivre, Airbus ira seul. C’est le message que semble vouloir adresser l’avionneur européen à l’un de ses principaux partenaires. Autrement dit, Airbus est prêt à endosser le rôle du motoriste dans son programme d’avion à hydrogène.

Il vient de présenter une maquette et d’annoncer qu’il commencera les essais au sol et en vol de cette architecture de moteur à pile à combustible à bord de son avion démonstrateur ZEROe vers le milieu de la décennie. L’avion d’essai en vol A380 MSN1 pour les nouvelles technologies de l’hydrogène est actuellement en cours de modification pour pouvoir transporter des réservoirs d’hydrogène liquide et leurs systèmes de distribution associés.

Les essais en vol du moteur à pile à combustible seront réalisés à l’aide du démonstrateur ZEROe d’Airbus à partir de 2025. © Airbus

Airbus et ArianeGroup (Airbus et Safran) vont travailler ensemble pour construire la première station de ravitaillement en hydrogène liquide pour les avions ZEROe à l’aéroport de Toulouse, Blagnac. Cette station sera opérationnelle en 2025. ArianeGroup concevra, produira et soutiendra l’exploitation du système de ravitaillement en hydrogène liquide nécessaire au démonstrateur ZEROe d’Airbus lors de sa campagne d’essais au sol et en vol – qui doit débuter vers 2025.

La première station de ravitaillement en hydrogène liquide pour les avions ZEROe à l’aéroport de Toulouse-Blagnac doit être opérationnelle en 2025. © Airbus

« Les piles à combustible sont une solution potentielle pour nous aider à réaliser notre ambition zéro émission et nous nous concentrons sur le développement et les tests de cette technologie pour comprendre si elle est réalisable et viable pour une mise en service en 2035 d’un avion zéro émission« , a déclaré Glenn Llewellyn, directeur Zero-Emission Aircraft, Airbus. « À l’échelle, et si les objectifs technologiques étaient atteints, les moteurs à pile à combustible pourraient être en mesure d’alimenter un avion de cent passagers avec une autonomie d’environ 1.000 miles nautiques. En continuant à investir dans cette technologie, nous nous donnons des options supplémentaires qui éclaireront nos décisions sur l’architecture de notre futur avion ZEROe, dont nous comptons lancer le développement à l’horizon 2027-2028.« 

« Préparer l’entrée en service d’un avion à zéro émission en 2035 signifie que nous devons faire mûrir toutes les technologies requises en parallèle. »

Sabine Klauke, Chief Technical Officer, Airbus.

On notera au passage la prudence du patron du programme Zero-Emission Aircraft d’Airbus. Il ne parle pas de produire un moteur, mais d’évaluer la viabilité d’une technologie. Il emploie avec prudence le conditionnel.

Le moteur à pile à combustible alimenté à l’hydrogène d’Airbus. © Airbus
Airbus se projette en motoriste. © Airbus

Pour Airbus, l’hydrogène est « l’une des alternatives les plus prometteuses pour alimenter un avion à émission zéro ». Le constructeur souligne qu’il n’émet aucun dioxyde de carbone lorsqu’il est généré à partir d’une énergie renouvelable, l’eau étant son sous-produit le plus important.

L’hydrogène peut être utilisé comme source d’énergie pour la propulsion des avions de deux façons. D’abord par la combustion de l’hydrogène dans une turbine à gaz, ensuite en utilisant des piles à combustible pour convertir l’hydrogène en électricité afin d’alimenter un moteur à hélice. Une turbine à hydrogène peut également être couplée à des piles à combustible au lieu de batteries dans une architecture hybride-électrique.

Airbus estime que les moteurs à pile à combustible pourraient être en mesure d’alimenter un avion de 100 passagers avec une autonomie d’environ 1.000 miles nautiques. © Airbus

« Les piles à combustible à hydrogène, en particulier lorsqu’elles sont montées en série, augmentent leur puissance de sortie, ce qui permet de les faire évoluer. En outre, un moteur alimenté par des piles à combustible à l’hydrogène ne produit aucune émission de NOx ni de traînée de condensation, ce qui offre des avantages supplémentaires en matière de décarbonisation. » souligne Airbus qui explore depuis un certain temps les possibilités des systèmes de propulsion à pile à combustible pour l’aviation. En octobre 2020, Airbus a créé Aerostack, une coentreprise avec ElringKlinger, une entreprise ayant plus de 20 ans d’expérience en tant que fournisseur de systèmes et de composants de piles à combustible. En décembre 2020, Airbus a présenté son concept de pod qui comprend six systèmes de propulsion à hélice à pile à combustible amovibles.

Reste plus qu’à souhaiter que l’avionneur européen réussisse dans cette voie pour faire mentir Jean-Marc Jancovici, président du Shift Project, qui sur France Inter, le 24 novembre 2022, a déclaré de manière péremptoire, que « l’avion est né avec le pétrole et mourra avec le pétrole ».

Gil Roy

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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  • "l’avion est né avec le pétrole et mourra avec le pétrole" J'aime bien Jancovici et suis souvent d'accord avec lui, mais j'ai bien remarqué que le polytechnicien a souvent des positions quasi religieuses et doute du 'progrès'. Il est par exemple pour l'énergie nucléaire (OK, car on a pas le choix), mais seulement la fission, car si la fusion arrivait un jour, ce serait la porte ouverte à la gabegi universelle: position religieuse et quasi vexatoire, tu n'es que poussière et doit vivre comme tel. Mais la position fundamentalement anti progrès c'est sa quasi haine de l'aérien qu'il taxe de tous les maux, Il ne prend jamais l'avion, sauf 'le couteau sous la gorge' et çà çà dit quelque chose. Bien que politechnicien, je me demande ce qu'il sait de la signification du mot 'finesse', dans le sens littéraire de subtilité bien sur mais aussi comme une finesse de 20, 30 .. ou 50 pour un planeur de compétition.

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