Maintenant que l’administration Obama a autorisé Boeing à vendre ses avions en Iran, le constructeur américain va tenter de refaire son retard sur Airbus. Le gouvernement iranien avait évidemment prévu ce cas de figure.
Dès le lendemain de la levée de l’embargo sur l’Iran, au mois de janvier dernier, Airbus s’empressait d’annoncer la signature d’un contrat pour la fourniture de plus de 120 appareils, panachant mono-couloirs (A320) et longs courriers. ATR lui emboitait immédiatement le pas avec 50 turbopropulseurs. Depuis cette date, Boeing brillait par son absence du marché iranien, dont le ministre des transports évalue le potentiel à plus de 400 avions sur les dix prochaines années.
Le gouvernement américain vient d’autoriser Boeing à ouvrir officiellement des négociations avec les compagnies aériennes iraniennes, chaque future vente faisant l’objet d’un accord ad-hoc. Alors que les fournisseurs européens bénéficiaient jusqu’à présent de plus de souplesse dans l’application de l’embargo, ces derniers commençaient à prendre une sérieuse avance sur leurs homologues américains qui en étaient réduit à ne pouvoir vendre que de la documentation aéronautique (principalement des manuels et des cartes de navigation).
Le 24 janvier dernier, une réunion de haut niveau réunissait à Téhéran toutes les compagnies aériennes iraniennes pour exposer leurs besoins et leurs plans de développement. Au dernier moment, des problèmes de visa avaient contraint Boeing à laisser vide la chaise qu’elle devait occuper lors de cette importante rencontre.
Pour Boeing, une fenêtre s’ouvre enfin sur l’Iran, à défaut de la grande porte qu’Airbus a franchi allègrement, et avec moins d’état d’âmes. Cependant, rien n’est perdu car la reconstitution des capacités de l’aéronautique civile en Iran prendra du temps et les plats repasseront certainement pour Boeing.
L’Iran ambitionne de retrouver son statut d’avant la révolution de 1979, avec une flotte d’avions long-courriers desservant tous les continents. Au-delà de la nostalgie, cette stratégie repose sur deux piliers solides: d’abord capter le trafic de la diaspora (qui a toujours maintenu des liens avec son pays natal), ensuite attirer les touristes sur son territoire, riche d’un patrimoine architectural et historique indéniable.
Pour Iran Air et ses consœurs, le choix du long courrier c’est aussi éviter le rôle régional de feeder, alimentant les hubs des trois grandes compagnies du Golfe persique voire celui de Turkish Airlines. A cela, s’ajoute le calendrier de livraison des appareils commandés à Airbus qui, faute de slot de productions disponibles avant plusieurs années, pourraient permettre à Boeing de placer quelques B737, B777 neufs et sous un délai relativement court.
Olivier J.
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