Après GE et Honeywell, c’est au tour de Boeing de rejoindre le programme d’avion d’affaires supersonique développé par Aerion. Le transport aérien n’a jamais été aussi proche de franchir à nouveau le mur du son.
L’année du cinquantenaire du premier vol de Concorde, Boeing démontre son intérêt pour les vols commerciaux supersoniques en investissant dans le programme AS2 d’Aerion. Alors que l’industrie aéronautique européenne s’apprête à célébrer Concorde avec une pointe de nostalgie, le constructeur américain annonce (6 février 2019) la formation d’un partenariat avec Aerion, présentée comme la « pionnière sur le marché des avions supersoniques de nouvelle génération ».
Effectivement, depuis sa création en 2003, Aerion mène des recherches dans le but de développer de nouvelles technologies aérodynamiques plus efficientes pour les avions supersoniques. En 2014, la start up implantée aujourd’hui à Reno (Nevada), a lancé son jet d’affaires AS2 à 12 passagers. En 2018, la société a dévoilé la conception du moteur GE Affinity de l’AS2, qui selon elle « répond aux normes actuelles en matière d’émissions et de bruit ».
Après GE qui prend en charge la problématique cruciale de la motorisation, Boeing a décidé d’investir « significativement » dans Aerion pour accélérer le développement technologique et la conception de l’avion, « ainsi que pour ouvrir le transport aérien supersonique à de nouveaux marchés. » Les conditions de l’accord n’ont pas été dévoilées.
Premier vol Boeing mettra des ressources technologiques, de fabrication et d’essais en vol, ainsi que ses atouts verticaux stratégiques, à la disposition d’Aerion afin d’accompagner le lancement de son avion d’affaires supersonique AS2. L’AS2 est conçu peut atteindre Mach 1,4, soit environ 1.700 km/heure. Capable de voler jusqu’à 70 % plus vite que les jets d’affaires actuellement en service, cet appareil permettra de gagner environ trois heures sur un vol transatlantique tout en atteignant, voire en dépassant, les objectifs de performances environnementales. Le premier vol de cet avion est prévu en 2023.
Depuis 2003, Aerion a suscité beaucoup de réserve, voire de sarcasme. Avec le soutien de partenaires tels que Boeing, mais aussi GE ou encore Honeywell, il ne fait plus de doute que le transport aérien est sur le point de franchir à nouveau le mur du son. Et cette perspective est d’autant plus crédible que les américains mettent les bouchées doubles au sein de l’OACI pour faire évoluer les normes dans le sens de leurs intérêts. Quand l’industrie américaine se mobilise sur un objectif partagé, elle peut s’avérer redoutable.
Gil Roy
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Ce projet montre bien que le leitmotiv conservateur: "American way of life is not negociable" (G-W. Bush, Rio 1992), inspiré par le lobby industriel US, continue de s'opposer à toute participation officielle des américains aux efforts planétaires pour le climat et plus général, à tout engagement significatif pour le développement durable. Car, c'est bien évident pour tout ingénieur, la vitesse a un coût énergétique important fort peu compatible avec l'efficacité en MJ/km/pax et la réduction de l'empreinte carbone.
Sur l'autel de l'écologie, les pays européens ont sacrifié la course technologique à la vitesse dans les transports, notamment toute avancée dans le domaine du vol supersonique. Le projet de recherche HISAC pour un supersonique respectueux de l'environnement (https://cordis.europa.eu/project/rcn/75786/brief/fr) , porté par Dassault et comparable au projet AS2 dans ses objectifs, s'est terminé en 2009 et n'a pas eu de suite, précisément pour cette raison.
Mais peu importe: si l'AS2 est développé, certifié et commercialisé, il se trouvera bien une poignée de milliardaires, y/c des européens, pour s'offrir un tel joujou pour satisfaire leur ego au mépris de l'intérêt général et de l'avenir de leur propre descendance... "Way of life" de qui, au fait?
Déjà deux dessins dans l'article, différents l'un de l'autre (M 1.4 ou M1.7, au fait ?)
Alors comme pour le Sonic Cruiser en 2000, on exprimera des doutes, l'ONERA et d'autres feront des calculs, diront que ce truc-là tel qu'il est présenté ne volera jamais en supersonique, les illettrés des cockpits anglo-saxons vous balanceront "if Boeing say they can do it, you can trust them, they will do it" et puis un jour ça partira sous le tapis….
"de nouvelles technologies aérodynamiques plus efficientes" - mais oui, mais oui …. sauf que les lois de l'aérodynamique, elles, ne changent pas trop.
Attendons et voyons.
Trop bruyant, trop polluant, interdiction de survol du territoire européen, on prépare déjà les banderoles pour aller manifester.
On rendra à L'Amérique la monnaie de sa pièce.
De toutes façons, placés face au mur de l'impossibilité technologique, les américains diront (comme en 2001) " ah oui mais ces dessins n'étaient qu'un vague projet" ….