Airbus et Boeing vendent actuellement deux à trois fois plus de « monocouloirs » A320 et 737 qu’ils n’en produisent, au point de conduire au débordement de leurs carnets de commandes. Une situation qui risque de devenir absurde si les cadences de production ne sont pas augmentées dans des proportions importantes, désormais un sujet de préoccupation bien réel.
C’est finalement Boeing qui, le premier, a décidé de passer aux actes : l’avionneur de Seattle se prépare en effet à porter la cadence de production du 737 à 52 exemplaires par mois. La chaîne des fournisseurs vient d’en être informée, même si la décision doit encore être confirmée et formalisée. Pour l’instant, il s’agit tout au plus d’une décision de principe, annoncée par le responsable de la « supply chain » 737, Kent Fisher, et qui a pris la forme d’une « protection rate » comme le précise l’analyste Scott Leeham. Dans le jargon industriel, cette étape correspond en quelque sorte à une mesure conservatoire.
Fin octobre, le directeur du programme, Beverly Wyse, avait annoncé la décision de Boeing d’accroître la cadence de production du 737 Classic, pour passer de 38 à 42 appareils par mois. C’est une nouvelle étape qui est franchie, sans même attendre que le modèle actuel ne cède complètement la place au MAX remotorisé, transition prévue à partir du troisième trimestre de 2017.
Toutes autres considérations mises à part, le succès historique du 737 est ainsi confirmé de manière éclatante, plus de 11.000 commandes, toutes versions confondues, 266 clients, plus de 3.500 exemplaires en commande. Ce sont là des records absolus en même temps que l’illustration de la longévité exceptionnelle du biréacteur court/moyen-courrier américain.
Profondément remanié depuis l’époque du tout premier 737-100, très inspiré à l’époque (en 1967) par les exigences techniques de Lufthansa, rapidement réaménagé (737-200) pour s’éloigner des demandes spécifiquement allemandes jugées contraignantes, il connut un nouveau départ quand ses Pratt & Whitney JT8D furent remplacés par des CFM56. Un choix qui permit le vrai départ de la coopération Snecma/General Electric et qui aurait sans doute débouché sur un véritable monopole de fait si l’Airbus A320 n’était pas entré en scène. Tout porte à croire que la carrière du 737 couvrira au minimum trois quarts de siècle.
La décision de Boeing de pousser les feux est-elle susceptible d’inciter Airbus à en faire autant ? C’est plausible, pour assurer des délais de livraison raisonnables dans un contexte de haute conjoncture qui devrait logiquement se prolonger. A Toulouse, cette semaine, on reconnaît au mieux « réfléchir » mais on entend dire qu’une décision pourrait être prise dès le mois prochain, c’est-à-dire beaucoup plus tôt qu’initialement prévu.
Il y a quelques mois, Fabrice Brégier, président exécutif d’Airbus, avait fait allusion à une augmentation de la cadence de production de la gamme A320 dès que serait terminée la transition industrielle vers le NEO. Puis John Leahy, directeur commercial, peu après, avait laissé percer son impatience, allant jusqu’à déclarer qu’il serait largement justifié de porter la production à 50 exemplaires par mois, contre bientôt 42 et davantage dans les années suivantes.
Dès l’année prochaine, en effet, la nouvelle usine Airbus construite à Mobile, dans l’Alabama, livrera deux A320 par mois à des acheteurs américains. Puis passera au rythme de croisière de quatre avions par mois l’année suivante, avant qu’apparaisse la botte secrète d’Airbus, à savoir la possibilité de porter à 8 avions/mois la capacité de Mobile. L’usine chinoise de Tianjin pourrait d’ailleurs en faire autant (son doublement a été prévu d’entrée) et ce sont alors 54 A320 qui pourraient être livrés chaque mois.
Cet emballement n’en est pas un mais correspond tout simplement à la croissance régulière du transport aérien. Aussi serait-il malvenu de brandir le spectre d’une « bulle » qui risquerait de conduire tôt ou tard à d’amères désillusions. Ce n’est heureusement pas le sujet du jour.
Pierre Sparaco
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Boeing se prépare à produire 52 737 par mois
C'est bien la première fois que je ne lis pas un commentaire négatif sur l'usine chinoise d'Airbus. Enfin!
Boeing se prépare à produire 52 737 par mois
Mais, s'il y a la démande pourquoi chomer?
En tous cas bombardier doit se mordre les doigts de n'avoir pas déjà certifier son cseries, c'est sûr que les compagnies aériennes impatientes aurait déja passer commandes pour son cseries.